Je tire lentement le bord du rideau de la fenêtre et je jette un œil à la rue.
Il commence à faire nuit, la lune éclaire le trottoir désert.
Pour n’importe qui d’autre, la scène pourrait sembler anodine, voire paisible. Toutes les portes sont fermées, les rideaux tirés. Les portails sont verrouillés et les enfants sont en sécurité à l’intérieur.
Mais tout le monde est en alerte, comme chaque nuit…
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1
Je tire lentement le bord du rideau de la fenêtre et je jette un œil à la rue.
Il commence à faire nuit, la lune éclaire le trottoir désert.
Pour n’importe qui d’autre, la scène pourrait sembler anodine, voire paisible. Toutes les portes sont fermées, les rideaux tirés. Les portails sont verrouillés et les enfants sont en sécurité à l’intérieur.
Mais tout le monde est en alerte, comme chaque nuit.
Je pousse un profond soupir, mon souffle embue la vitre devant moi.
Je l’essuie avec ma manche pour pouvoir voir à nouveau à travers. Sauf qu’il n’y a rien à voir.
Il n’y a jamais rien à voir, car contrairement à d’autres meutes, toute vie dans les rues s’arrête la nuit ici.
Pourquoi ? Parce que ma meute de loups-garous, la meute de la Pureté, a peur de la meute de la Vengeance.
Peut-être pas précisément de la meute de la Vengeance, mais de leur chef, Alpha Kaden.
Depuis vingt ans, il détruit l’équilibre entre égalité et émeute au sein de notre meute.
Il a tout volé. Surtout notre liberté.
Notre meute n’est pas aimée par les autres loups.
Elle se trouve au centre du quartier de la Meute, du côté le plus frais de l’équateur.
Entourés d’un mur épais destiné à nous protéger, nous sommes en sécurité dans notre petit monde de religion et de paix.
Kaden perturbe notre monde quand il envahit notre territoire.
Il a kidnappé de nombreuses filles innocentes de notre meute.
Personne ne sait ce qu’il leur est arrivé, mais beaucoup pensent qu’il les tue ou les vend aux membres de sa meute qui ont gagné la même déchéance aux yeux de la meute de la Pureté.
Peut-être qu’il en fait un business. On n’en est pas sûrs. Il tue aussi nos criminels.
Celui qui enfreint la loi relève de la meute de la Discipline.
Mais celui qui tue relève d’Alpha Kaden. Il a bien été très clair là-dessus..
« Mara, sors de là ! »
Ma mère me tire par l’épaule pour m’éloigner de la fenêtre.
Je trébuche en arrière alors que ma mère, en colère, referme le rideau.
Elle se tourne vers moi, les mains sur les hanches.
J’aime ma mère, mais elle est parfois un peu trop protectrice.
Elle a toujours vécu en ne croyant qu’en une seule chose : la Lune est notre sauveur, et elle le sera toujours.
Elle croit que la Déesse contrôle tout ce que nous faisons et décide de notre avenir grâce à une sorte de pouvoir magique inconnu.
Même si j’ai grandi dans cette meute, je n’y crois pas. Mais je le respecte.
À l’école, ils nous ont appris une petite chanson pour maintenir en nous la peur d’Alpha Kaden :
« Verrouille les portes, à double tour.
Tire les rideaux, tous les soirs.
Ne regarde pas dehors, il pourrait bien être là.
Vis toujours dans la peur absolue.
Même si tu dois sacrifier ton compagnon,
Ne laisse pas Alpha Kaden sceller ton destin ».
Même ma mère l’approuve.
« Maman, tout va bien », je la rassure. « Personne ne m’a vue. »
Elle soupire et se passe la main sur le visage. Le stress se lit dans ses traits vieillissants.
Parfois, elle ne sait pas comment faire avec moi, surtout quand je décide d’aller contre ses règles strictes.
Je ne fais pas exprès, mais ma curiosité permanente est piquée sans arrêt.
« Nos voisins t’ont peut-être vue », persiste-t-elle. « Tu sais ce qu’ils disent de toi à l’église, Mara. Ils me regardent comme si j’étais une très mauvaise mère. »
Je lève les yeux au ciel.
« Et si Kaden te voyait ? » demande-t-elle sévèrement.
« Eh bien, je ne pourrais pas savoir si Kaden m’a vue puisque je ne sais pas à quoi il ressemble », rétorqué-je, en haussant le ton.
Ma mère plisse des yeux.
Elle déteste l’idée que je sache quoi que ce soit sur Kaden.
Son apparence m’est toujours inconnue. Je pourrais le croiser dans la rue que je ne m’en rendrais pas compte.
Ma mère ne me dit rien, mais je recueille des fragments d’information auprès des autres filles à l’école.
Un beau jour, je pourrais bien découvrir s’il a tué.
Parfois, quand seuls Père et Mère sont réveillés, je me faufile pour écouter leurs conversations. C’est ainsi que j’ai découvert les disparitions des filles dans la ville.
« Mara, s’il te plaît. Ne complique pas les choses », supplie Mère, exaspérée.
Je croise mes bras.
Dire que j’en ai marre d’être enfermée tous les soirs est un euphémisme.
J’ai renoncé à voir mes amis le vendredi soir.
Je suis à deux doigts d’obtenir mon diplôme, mais ça ne veut pas dire que les règles de ma mère vont s’assouplir.
Elle va probablement redoubler d’efforts pour me trouver un compagnon.
Trouver son compagnon quand on est jeune est essentiel dans notre culture.
Le nombre de jeunes mâles que j’ai salués le mois dernier est ridicule.
« Tout va bien ici ? » Je me retourne en entendant mon père ouvrir la porte d’entrée.
Il pleut dehors, mais je ne me souviens pas l’avoir remarqué en regardant par la fenêtre.
Il enlève son manteau trempé et le pose sur la table de la cuisine.
Notre maison n’est pas très grande, y passer la plupart de mon temps est encore moins supportable.
Mes parents ont une vie simple comme le veut la Déesse de la Lune.
Je ne suis pas une adepte du luxe matériel, mais il m’arrive de me sentir un peu démunie.
« Rien… »
« J’ai encore surpris notre fille en train de regarder par la fenêtre », lui dit ma mère en me coupant la parole.
Je la fixe. J’ai toujours l’impression qu’elle m’attire des ennuis avec Père.
Mon père me regarde en fronçant les sourcils.
« Kaden ne sera pas dehors », je proteste. « Tu exagères quand tu dis qu’il pourrait être là. »
Je vois les yeux de mon père se tourner vers ma mère.
De la tête, il lui fait signe de partir, il sait qu’on se dispute facilement toutes les deux.
Quand elle est partie, il m’amène m’asseoir sur le canapé.
« Tu connais la fille du voisin ? Mandy, c’est bien ça ? »
« Milly », je corrige.
Père hoche la tête. « Kaden l’a enlevée la semaine dernière. Il l’a volée directement dans son lit, et on ne l’a plus revue. »
Je sens mes yeux s’écarquiller.
Milly ? Elle a un an de plus que moi, elle est bien plus attirante.
Je ne suis pas du tout surprise qu’elle ait été choisie pour faire partie de je ne sais quel business de Kaden.
« Pourquoi tu me dis ça ? », je lui demande.
J’aime bien être dans la confidence, mais je ne m’attendais pas à ce que mon père le veuille aussi.
« J’ai peur qu’il t’enlève. Tous les matins, j’ai peur d’entrer dans ta chambre et découvrir qu’il t’a volée dans la nuit. »
Je lui fais non de la tête. C’est peu probable que je sois enlevée.
S’il a pris une autre fille de mon quartier, il ne devrait pas revenir ici pour en prendre une autre avant au moins un mois.
C’est le genre de jeu auquel il aime jouer avec les gens.
Il nous calme avec un faux sentiment de sécurité, puis il change sa façon de faire et nous plonge dans le chaos.
Père prend ma main et me regarde dans les yeux.
Il va me faire prier ? « On se demande tous pourquoi il fait ça, Mara. Je te promets qu’on va trouver un moyen pour l’arrêter le plus vite possible. »
Il serre doucement ma main.
Père dirige notre église locale, ce qui me fait penser qu’il n’est pas capable d’arrêter Kaden aussi facilement.
L’homme dont nous avons si peur est l’alpha d’une meute connue pour son manque de pitié.
Après la Grande Guerre, les meutes ont été dispersées sur tout le territoire, de nouvelles formes de société et de nouveaux codes moraux ont été adoptés.
Chaque meute a pris le nom d’une de nos croyances capitales, elle était censée maintenir la paix avec ses voisins, et cette organisation a été efficace pendant des siècles.
Mais comme toutes les meutes étaient fondées sur la justice et l’égalité, il a suffi qu’une seule s’en détourne pour anéantir la tranquillité générale.
C’était la meute de la Vengeance.
« Tout se passera bien », je le rassure. « Alpha Rylan finira par tout arranger. »
Cela fait sourire mon père. Rylan est notre seul espoir de mettre fin à toute cette souffrance. Si lui n’y arrive pas, nous n’avons aucune chance.
Je sors de la pièce et décide d’aller directement au lit.
Quand j’entre dans ma chambre, je suis saisie par la fraîcheur. Il ne fait pas si froid normalement.
J’allume ma lampe et cherche d’où vient ce froid.
La pièce est petite, avec juste un placard, un bureau et un lit. Rien de trop flashy ou extravagant.
L’explication de ce froid est assez évidente : ma fenêtre est grand ouverte. Elle n’est jamais ouverte comme ça. Jamais.
Ma mère me tuerait si elle voyait que mon rideau était levé la nuit.
Je serais sûrement punie si elle le découvrait.
Quand j’étais petite, une fois j’étais restée jouer dehors avec mes amis jusqu’au coucher du soleil. Elle a donc commencé à me ramener de l’école..
Je vais à la fenêtre, prudemment.
Je peux entendre le bruit de la forte pluie sur la route.
Un orage se prépare avec le grondement lointain du tonnerre. Plus vite je referme la fenêtre, mieux ce sera.
Ce que je fais rapidement puis retourne dans ma chambre.
Soudain, la pluie gicle sur la vitre, me faisant sursauter. J’ai toujours détesté le tonnerre et les éclairs…
Il faut juste que je me calme et que je m’endorme, me dis-je en tirant les rideaux. Cette histoire avec Milly est en train de m’atteindre.
Je détache mes cheveux et entre dans la salle de bain. Peut-être qu’en prenant une douche, je pourrai me débarrasser de toute cette angoisse.
Je règle l’eau très chaude et j’enlève tous mes vêtements.
Dès que j’entre dans la douche, je suis transportée dans un autre monde, un monde où je n’ai pas à écouter tout le temps les règles des autres.
Où mes parents ne me dictent pas toutes les décisions que je dois prendre.
Je pose ma tête contre le carrelage.
« Je suis peut-être destinée à la meute de la Liberté », je me murmure à moi-même. « Une meute où je peux faire ce que je veux. »
Je me dis que j’ai vraiment l’air bête quand une ombre croise mon champ de vision.
Je lève la tête, surprise. Je sors de la douche et regarde avec attention autour de moi.
Rien.
Maintenant, je me sens encore plus ridicule.
Je sors de la douche, en fermant le robinet derrière moi.
En m’enroulant dans ma serviette, j’essaie de repousser toutes mes pensées paranoïaques.
L’ombre n’était probablement que le fruit de mon imagination. Je suis connue pour en avoir une fertile.
D’habitude, Kaden n’est pas vraiment celui qui influence mon imagination.
J’ai pleinement conscience de la menace qu’il représente pour ma famille et moi, mais je n’arrive pas à le craindre dans des conditions normales.
Pourtant, ce soir, pour je ne sais quelle raison, le frisson qui parcourt ma colonne bouleverse mes théories.
Juste revêtue de ma serviette, je me tiens devant le miroir et m’inspecte.
Je ressemble à peu près à tous les autres membres de la meute de la Pureté.
Mes cheveux sont bruns lorsqu’ils sont mouillés, mais ils sont en fait d’un blond fade.
Mes yeux bleus sont peut-être plus ternes que ceux de la plupart des gens.
Ma peau est plus pâle et mes joues sont presque sans couleur.
Ce doit être pour ça qu’aucun garçon ne veut sortir avec moi. Il y a toujours de meilleures alternatives.
Mais je m’aime quand même. Je n’ai pas le choix.
Un gros coup de tonnerre à l’extérieur me fait hurler de peur.
Je remercie la Déesse de la Lune que les rideaux bloquent la lumière des éclairs.
Je me sèche et retourne dans ma chambre où je me change rapidement pour mettre ma tenue de nuit.
Puis j’éteins les lumières et saute directement dans mon lit, la couverture jusqu’au menton.
Je veux juste dormir, m’éloigner de cette tempête et continuer demain sans Kaden pour polluer mes pensées.
Mais plus j’essaie de trouver une bonne position dans mon lit, moins j’arrive à le chasser de mon esprit.
Ma vision intérieure est troublée par d’étranges ombres.
Je suis sur le point de m’assoupir avec le son de la pluie sur ma fenêtre quand je sens une main se poser sur ma bouche.
On ne m’a jamais appris l’autodéfense, et toute idée de ce qu’il faut faire m’abandonne.
Je jette mes bras sauvagement, mais un inconnu me saisit fermement.
Je me débats aussi fort que possible et je crie dans sa main, même si le son est étouffé.
Je donne un coup de pied au moment où on me tire du lit. Je sens que quelqu’un écrase mon cou, et pendant un instant, je pense que je vais mourir étranglée.
Eh bien, je ne partirai pas sans me battre !
Mes jambes sont les seules armes dont je dispose.
Je m’élance, visant les chevilles de mon ravisseur. Mais à chaque fois, je les rate et mes pieds nus tapent dans le vide.
« Calme-toi. Tout sera bientôt fini. »
Cette douce voix masculine est la dernière chose que j’entends avant de perdre complètement connaissance.
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2
Je me sens revenir à moi, et mes yeux s’ouvrent.
Mais je suis plongée dans l’obscurité, ce qui me fait perdre l’équilibre pendant un moment.
Une douleur traverse l’arrière de ma tête, découpant ma vision dans une gamme de couleurs vives.
Où suis-je ?
Je pense être attachée à quelque chose, et mes liens s’enfoncent dans mes poignets. Je prends une profonde inspiration, essayant de rassembler mes esprits.
La douleur est énorme, mais ça ne sert à rien de s’y attarder.
J’ai été kidnappée. Ça je l’ai compris.
Par qui, et pourquoi, je ne le saisis pas encore complètement.
J’ai une idée de qui a fait ça, mais je ne veux pas y penser.
Si j’ai été capturée par… lui… c’est trop horrible de l’envisager.
Toutes mes plus grandes craintes sont en train de se réaliser, et apparemment je ne peux rien y faire.
Malgré l’obscurité, je sais que je suis assise sur une chaise dans une pièce froide.
J’essaie de me concentrer sur ce qui m’entoure, mais mon loup intérieur est agité.
Je sens que quelqu’un me regarde.
Je tire un peu plus fort sur mes liens, mais c’est sans espoir.
Je suis vite coincée, mes pieds sont même attachés aux pieds de la chaise. Il n’y a pas moyen de me libérer, alors je dois attendre.
Peut-être que si je reste calme, je trouverai un moyen de sortir d’ici.
Puis je reconnais des bruits de pas. Je m’immobilise, tremblante. Il y a quelqu’un dans cette pièce avec moi. À cet instant même. Les bruits de pas le confirment.
Je ne lutte pas, je ne bouge pas.
J’écoute attentivement les bruits de pas, essayant de deviner d’où vient ce son et où se trouve cette personne dans la pièce.
Qui que ce soit, il est proche de moi. Je peux le sentir et l’entendre.
Je respire profondément et je ferme les yeux.
Je me dis qu’il faudrait dire quelque chose mais parler ne suffira pas à me faire sortir d’ici.
Celui qui m’a kidnappée a une bonne raison… Il me faut juste découvrir quelle est cette raison.
Je sais que je suis assez intelligente. Dans la meute, j’ai toujours été celle qui réfléchit avant d’agir.
Mais pour l’instant, tout ce que je peux faire, c’est me préoccuper activement de ce qui me libèrera des griffes de mon kidnappeur.
Un silence épais remplit la pièce.
Les bruits de pas ont cessé, et je sens que les battements de mon cœur commencent à s’affoler.
Qu’on joue comme ça avec mes sens me rend malade.
Être kidnappée dans mon lit était terrifiant, mais savoir que quelqu’un est là, qu’il me regarde et que je ne peux pas le voir… j’ai envie de vomir.
Je me sens terriblement isolée, ce calme insupportable pèse sur mes épaules.
« Verrouille les portes », murmure une voix douce dans mon oreille gauche.
Je sursaute, tourne la tête pour voir qui est derrière moi, mais je ne vois que le vide noir.
La voix ne m’est pas familière, étonnamment.
« À double tour murmure encore la voix, cette fois dans mon oreille droite.
La voix appartient à un homme. Elle est douce et rauque, je n’ai jamais rien entendu de tel.
Qui que soit ce kidnappeur, je ne le connais pas. Du moins, pas personnellement.
« Tire les rideaux », reprend la voix, cette fois devant moi. « Tous les soirs. »
Je me débats avec mes liens, je ferme fort les yeux.
La peur a explosé et a consumé tout mon corps, chassant toute raison, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que le désir de m’échapper.
Un doigt caresse ma joue.
C’est une sensation douce, mais il y a une sorte de pression derrière. Comme le toucher d’un gant de cuir lisse.
« Ne regarde pas dehors, il pourrait bien être là », continue la voix, qui semble s’éloigner maintenant.
Je veux hurler de terreur. Je veux déchaîner ma violence. Je veux courir.
Mais je suis pétrifiée. Je ne peux pas bouger. Je ne pourrais pas bouger même si j’étais debout et sans entrave.
Les pas se rapprochent pour s’arrêter juste en face de moi.
J’ai la peur au ventre.
Cet homme, quel qu’il soit, pourrait me tuer en un clin d’œil. Il pourrait me tuer et je ne pourrais rien faire pour l’arrêter.
« Vis toujours dans la peur absolue. »
J’halète et je sens son souffle chaud sur mon visage. Il est indiscutablement tout près de moi.
Soudain, malgré ma peur, je finis par réaliser ce qu’il chantait.
Cette voix douce, terrifiante et mélodieuse récite justement ce poème qui m’a été inculqué par mes parents et mes professeurs pendant des années.
« Même si tu dois sacrifier ton compagnon », dit la voix venant maintenant de derrière moi.
Je peux sentir son souffle sur mon cou, courant sur ma peau frissonnante.
Puis je me rends compte que les liens de mes bras sont en train de se défaire.
Je suis sidérée, je ne sais pas comment réagir.
« Ne laisse pas Alpha Kaden sceller ton destin… »
Je me penche, mes doigts moites luttant pour défaire les nœuds épais autour de mes chevilles.
Tout ce que je veux, c’est sortir d’ici le plus vite possible, fuir celui qui se trouve dans cette pièce et joue avec moi.
Ça l’amuse sûrement de me voir lutter pour ma survie, mais je ne veux pas lui donner plus de satisfaction.
Les deux nœuds défaits, je bondis et j’essaie de m’enfuir les mains devant au cas où je heurterais un mur.
Je ne vois toujours rien, mais je crains de connaître un destin funeste si je ne me dépêche pas.
Je tombe sur un mur bien assez tôt.
Le papier peint semble velouté sous mes doigts comparé au béton froid et dur sous mes pieds.
J’y pose mon front, en essayant de retrouver mes repères.
« Tu ne peux échapper à ce que tu ne peux voir », dit la voix de l’homme juste derrière moi.
Cette fois, je crie. Un cri fort et strident au moment où je libère mes mains. Mais il n’y a rien ici.
Est-ce que je deviens folle ?
Je titube vers la droite en gardant une main sur le mur.
Il faut que je trouve un moyen de sortir d’ici. Les rires à l’autre bout de la pièce me donnent mal à la tête.
« C’est un jeu ? » je crie.
Je ne suis pas sûre que mon kidnappeur puisse même me voir.
Il doit pouvoir, je pense, s’il sait où je suis tout le temps.
Bien sûr, c’est un jeu, un jeu malsain et tordu mené par un homme tout aussi malsain et tordu.
Je continue jusqu’à ce que je sente la surface lisse d’une vitre sous ma main.
Je suis envahie par un élan d’espoir, mais je dois réfléchir.
Mon kidnappeur ne me laisserait jamais partir aussi facilement. C’est sûrement un piège.
Mais c’est un risque que je dois prendre. Je n’ai pas le choix.
Je tape mes mains sur le verre, mais il ne casse pas. Il se plie et se tord sous mes coups répétés.
Je tombe à genoux. « Pourquoi suis-je ici ? » je demande dans le vide.
Au moment où je prononce ces mots, une lumière s’allume, m’aveuglant.
Je me couvre les yeux pour qu’ils puissent s’y habituer. J’ai été si longtemps dans le noir.
Après avoir cligné des yeux plusieurs fois, je commence à voir ce qui m’entoure.
La pièce dans laquelle je me trouve est plus grande que je ne pensais. La chaise dont je viens de m’échapper est en plein milieu.
Et sur cette chaise est assis un homme.
Je ne peux pas voir grand-chose de lui. Il porte une sorte de capuche qui masque son visage.
Le reste de ses vêtements est en cuir noir, mais je peux tout de même voir que c’est un homme grand, à la carrure puissante.
Voir mon kidnappeur pour la première fois devant moi comme ça me déstabilise. J’ai horriblement peur, mais j’ai aussi envie de me ruer sur lui pour l’attaquer.
Il est là, tranquille, assis confortablement, faisant tourner un morceau de corde dans ses mains gantées.
La même corde, je suppose, qui a été utilisée pour m’attacher à la chaise.
« Tu veux savoir pourquoi je n’enlève que des filles de la meute de la Pureté ? » demande-t-il.
Il parle tout bas de sa voix douce, pourtant j’entends chaque mot. J’ignore sa question et je pose la mienne.
« Êtes-vous Alpha Kaden ? »
« Ma réputation me précède », ricane-t-il. « Mais tu es une fille intelligente. Réponds à ma question. Pourquoi est-ce que je cible les filles de la meute de la Pureté ? »
Je n’ai pas le temps de réfléchir à une réponse intelligente, alors je sors la première chose qui me vient à l’esprit.
« Parce que vous êtes un lâche. »
Il ricane, amusé, puis jette la corde par-dessus son épaule et se lève.
Nerveusement, je le regarde s’approcher, il a presque l’air de flotter au-dessus du sol, ses pas sont si légers. Je me recule aussi loin que possible contre le mur.
« Cela n’a rien à voir avec la lâcheté. Et avant que tu ne le demandes, ce n’est pas une vendetta contre ton alpha. C’est un homme plutôt sympathique, » me dit-il.
Il se tient au-dessus de moi maintenant, la tête penchée vers moi. Mais je ne peux toujours pas voir son visage dans l’ombre.
Il croise ses mains devant lui.
« Je hais les sympathiques. » Il s’agenouille devant moi, pour se mettre au même niveau, et je m’arrête de respirer.
Je déteste qu’il soit près de moi.
Et je déteste de ne pas avoir le courage de me jeter sur lui et de le blesser.
« Je kidnappe les filles de la meute de la Pureté parce qu’elles sont faibles, pathétiques et qu’elles croient en une connerie d’être qui vit dans le ciel », me dit-il.
On y est. D’une certaine façon, je n’en attendais pas moins de lui. Je lui lance mon regard le plus dur, malgré ma peur.
« Eh bien, je trouve ça amusant », répond-il en riant.
J’aimerais le gifler pour avoir dit des choses pareilles, mais je ne suis même pas sûre qu’il ait un visage. Et c’est ce qui me fait le plus peur.
« Alors, quoi… Je suis ton petit chien maintenant ? Ou tu vas me vendre à l’un des membres désespérés de ta meute ? » je demande, en colère.
Jamais je n’ai voulu faire aussi mal à quelqu’un qu’à cet homme.
Comment a-t-il pu me faire ça ? Ou à n’importe qui d’autre, d’ailleurs ?
Il a volé ma vie avant même que j’aie eu la chance de la vivre.
« Tu n’auras pas le même sort que ces autres filles. Rassure-toi, tu ne verras même pas ma meute, comme elles. Non, j’ai une proposition différente à te faire. »
Il le dit lentement, comme si j’avais le choix en l’occurrence.
« Je t’observe depuis un certain temps maintenant », dit-il. « Je sais que tu n’as pas peur de moi normalement. » Il approche ses mains. « Mais tu as peut-être peur en ce moment… »
Je décide de la tenter. Je me jette sur lui, essayant de le blesser comme je peux.
Mais il m’attrape avant que je ne puisse faire quoi que ce soit.
Ma peau entre en contact avec le cuir de ses gants pendant quelques secondes alors qu’il me tient par les poignets, puis il me jette sans effort comme si j’étais un déchet.
Je tombe violemment au sol et me recroqueville de douleur.
« Tu es une fougueuse », remarque-t-il sèchement. « Tu es sûre que tu es de la meute de la Pureté ? »
Je reste couchée au sol, soignant mes blessures.
« Ce que tu dois comprendre », me dit-il patiemment, « c’est que je suis un alpha, et que tu es mon gibier. Pas le contraire. »
Est-ce qu’il pose les règles ? Me prévient-il de ne plus jamais essayer ça ?
Si je n’étais pas à sa merci, je tenterais tout de suite une nouvelle attaque sur lui pour lui montrer ce que j’en pense.
Mais j’ai toujours ma voix.
« Je ne serai pas ton esclave », je grogne.
Il rit.
Kaden rit… Je suis en présence de l’alpha le plus dangereux au monde.
Il n’a montré aucune pitié envers personne, alors pourquoi envers moi ?
« Ton destin sera un peu plus intéressant que celui d’une esclave », murmure-t-il.
Il revient vers moi et me tend la main.
Je ne veux pas la prendre, mais je sais que si je ne le fais pas, il pourrait me faire du mal.
Je l’ai laissé me tirer pour me relever.
Il fait plus d’une tête de plus que moi, mais je ne peux toujours pas le voir sous sa capuche.
Je ne vois qu’une ombre, une obscurité que j’aimerais éclairer d’une flamme.
« Je voudrais que tu rencontres quelqu’un de très particulier », dit-il.
Il tape dans ses mains, et je recule alors qu’une série de portes s’ouvre de l’autre côté de la pièce.
Si j’étais partie de l’autre côté dans le noir, j’aurais pu les trouver et m’échapper. Quoi qu’il y ait là-bas, ça ne peut être pas être pire que ça.
Un homme à l’allure plus jeune entre dans la salle avec une certaine assurance.
Il a des dizaines de cicatrices et d’égratignures sur ses bras nus, et quelques-unes sur son visage.
Les nombreux coups de griffes ne pouvaient venir que d’un autre loup, leur forme ne laissait aucun doute.
Tout en lui indique clairement qu’il est un autre membre de la meute de la Vengeance.
Le regard mauvais de ses yeux sombres me fait comprendre que je n’obtiendrai ni aide ni sympathie de sa part.
On dirait qu’il a été battu ou qu’il est tombé de très haut. Il boitille même un peu.
« Mara, je voudrais que tu rencontres mon frère. Kace. »
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