P.G. Shox
ZAPHROSTINE
Les longs couloirs du château pourraient facilement égarer un novice, mais pas moi. Je pourrais les parcourir les yeux fermés.
Enfant, je me perdais souvent, mais c'est de l'histoire ancienne. Aujourd'hui, mes journées sont remplies de tâches royales qui m'occupent pleinement.
La plupart des gens s'imaginent que la vie de roi n'est que luxe et loisirs, mais seul celui qui porte la couronne connaît le poids des responsabilités.
Parfois, je rêvais d'échanger ma place avec l'un de mes sujets : travailler dur toute la journée, puis rentrer auprès d'une famille aimante.
Mais je savais que c'était impossible. J'étais né et élevé pour être le véritable roi de l'empire des loups-garous, et je ne fuirais jamais mes devoirs.
Je me rendis à mon bureau au rez-de-chaussée, où mon bêta m'attendait, prêt à m'informer des nouveaux problèmes comme chaque matin.
Mon bêta était agaçant, mais malgré ses défauts, je ne m'en débarrasserais pas. Il excellait dans son travail et faisait partie des rares personnes en qui j'avais confiance.
J'entrai dans mon bureau pour trouver Elijah affalé sur une chaise, les pieds sur mon bureau et les mains derrière la tête. Comme je l'ai dit, il est agaçant.
« Combien de fois t'ai-je dit de ne pas mettre tes sales pieds sur mon bureau ? » lui lançai-je en fronçant les sourcils.
« Voilà mon grand-père préféré ! » s'exclama-t-il avec un grand sourire, son fort accent anglais résonnant comme le mien. Il bondit et m'étreignit fermement. « Oh, comme tu m'as manqué ! »
Je le repoussai dès qu'il m'eut enlacé.
« Tu m'as vu il y a huit heures », dis-je d'une voix plate. Il en faisait toujours des tonnes.
Je m'assis de l'autre côté du bureau.
« C'est long. Bien sûr, tu ne peux pas comprendre. Je suis le seul à faire des efforts dans cette amitié...
— Un mot de plus et je te coupe la langue.
— Méchant », fit-il une moue triste, les lèvres en avant.
« Mettons-nous au travail. »
Il s'assit rapidement et, d'une voix sérieuse, se mit à me faire part des dernières attaques de rebelles, des conflits et des accords.
À la fin de notre entretien, j'étais debout en train de chercher des dossiers quand Elijah reprit la parole.
« Ros ? » Sa voix semblait pleine d'espoir, ce que j'essayai d'ignorer.
« Oui, Elijah », répondis-je sans lever les yeux du dossier que je tenais.
« Un Alpha d'une meute nord-américaine a appelé hier. Il t'invite au mariage de sa sœur.
— Et j'imagine que tu lui as déjà dit que je ne viendrai pas.
— Non, je ne l'ai pas fait. Je voulais d'abord en discuter avec toi.
— Tu sais que je n'ai pas le temps. De plus, tu devrais savoir que je ne vais pas aux mariages. Je suis sûr que l'Alpha ne s'en formalisera pas.
— Il y aura des Alphas du monde entier. Des Alphas, leurs bêtas, leurs sœurs, leurs filles, et bien d'autres femmes.
— Où veux-tu en venir, Elijah ? » Je me tournai pour le regarder dans les yeux.
« Je pense qu'on sait tous les deux ce que je veux dire, Ros. Ne fais pas semblant de ne pas te sentir vide à l'intérieur. Je vois le désir dans tes yeux quand tu regardes Charlotte et moi.
« Je sais ce que tu ressens parce que j'ai ressenti la même chose avant de trouver Charlotte. Tu pourrais rencontrer ton compagnon à ce mariage.
— Je n'ai pas de compagnon.
— Ce n'est pas vrai ! Tu n'as jamais essayé. Depuis que tu es devenu roi, tu t'es enterré dans le travail, occupé par tous tes devoirs.
— Je suis le roi, Elijah. Les gens cherchent toujours à me nuire ou à nuire à ceux que j'aime pour obtenir le trône. Ce ne serait pas juste pour la fille qui me serait destinée.
— Alors protège-la, espèce d'idiot ! Tu te souviens quand j'avais peur d'être avec Charlotte ? Tu m'as promis que tu ne laisserais personne lui faire du mal. Je te promets de faire la même chose pour toi.
« Si ça ne suffit pas, tu as toute une meute prête à mourir pour toi. Écoute, mon vieux, je veux juste te voir heureux pour une fois. »
Pour la première fois, je me sentis plein d'espoir. Peut-être que j'avais vraiment une chance.
« Appelle l'Alpha. Dis-lui que j'accepte son invitation. »
Je vis son large sourire alors que je quittais le bureau.
***
Le vendredi arriva rapidement, et j'étais excité et plein d'espoir. L'idée de trouver mon compagnon était très enthousiasmante.
Le mariage était le lendemain, alors je partis ce soir-là, car il faut dix-huit heures pour aller de Karasjok au Dakota. Je laissai Elijah aux commandes, car j'avais besoin de quelqu'un pour surveiller les choses pendant mon absence.
Je demandai à Marvin, mon valet, de dire au pilote de préparer l'avion privé. Il parut surpris, ce qui était compréhensible, car je quittais rarement la meute, surtout pas pour aller à un mariage.
***
Le vol fut ennuyeux, entre appels importants et sommeil. Je me redressai quand le pilote annonça que nous atterririons dans quinze minutes.
J'allai dans la salle de bain pour enfiler mon costume et me rafraîchir. Je mis un costume noir et retournai à mon siège alors que l'avion commençait sa descente.
Je sentis mon loup s'agiter au fond de mon esprit tandis que je descendais de l'avion.
Je vis deux hommes s'approcher, mais ce qui était étrange, c'est qu'à mesure qu'ils avançaient, une délicieuse odeur de baies emplit mes narines, devenant plus forte à chaque pas.
Deux sentiments envahirent mon esprit : le bonheur et la colère.
Je connaissais bien les compagnons, et je n'avais pas besoin qu'on me dise que cette odeur appartenait à la mienne.
Les deux hommes se tenaient bientôt tout près. Je pouvais vraiment sentir l'odeur de mon compagnon sur celui aux cheveux bruns.
Une colère intense monta en moi, et je tremblais, les poings serrés.
L'homme aux cheveux bruns dégageait une aura d'Alpha puissant. Ils s'inclinèrent tous deux en signe de respect.
« Bienvenue à...
— Pourquoi sentez-vous comme mon compagnon ?! » criai-je, un grondement sourd montant de ma poitrine.
Leurs visages affichèrent la confusion, ce qui ne fit qu'attiser ma colère. Comment osaient-ils me cacher ma bien-aimée !
« Excusez-moi, Votre Majesté ? » demanda l'Alpha.
« Vous sentez comme mon compagnon. Avez-vous été en contact avec une femme ce soir ? » parvins-je à articuler.
« Pas du tout... Oh, attendez... vous voulez dire Scarlet ! »
Rien que d'entendre son nom me fit frissonner de plaisir. « Scarlet »... un si joli prénom.
« Quel est votre lien avec elle, jeune homme ? » demandai-je d'une voix basse et menaçante.
Il parut agacé quand je l'appelai jeune homme, mais il répondit quand même.
« C'est ma sœur, Alpha. »
Je laissai échapper un soupir que je ne savais pas avoir retenu, et je me sentis soulagé.
« Conduisez-moi à elle », ordonnai-je d'une voix qui résonna dans la pièce.