Saint-Rock High Livre 4 : Ce qui a tout changé

Livre 4 : Ce qui a tout changé

VIOLA

Maman et moi venons d'emménager dans notre nouvelle maison. Une fois les déménageurs partis, Maman a eu l'idée de m'emmener au parc du quartier. Me voilà donc dans un grand bac à sable, entourée d'enfants de mon âge.

J'essaie de construire un château de sable, mais ce n'est pas évident. Le sable ici n'est pas comme celui de la plage que je connais.

Soudain, une ombre me recouvre. Je lève les yeux et aperçois un garçon devant moi. Je lui adresse un sourire amical.

« Tu veux m'aider ? » je demande en me levant, tentant de surmonter ma timidité.

Il s'approche sans un mot. Je reste là, curieuse de voir ce qu'il va faire.

Et puis, brusquement, il me pousse. Je tombe en arrière sur les fesses.

Non mais vraiment ?

J'ai envie de pleurer, mais je me retiens. Je le regarde, le nez froncé.

« Pourquoi t'as fait ça ? »

J'ai essayé d'être gentille, et lui, il me bouscule comme ça. Les garçons peuvent être tellement bêtes parfois.

Il me pointe du doigt. « Parce que t'es bizarre ! »

Il ne me connaît même pas. Comment peut-il dire que je suis bizarre ? J'aimerais que Maman soit là.

Avant que je ne puisse me relever, un autre garçon arrive. Il se place entre moi et le garçon méchant, comme pour me protéger.

« T'aimes pousser les gens ? On va voir si t'aimes ça. » Et hop, il pousse le garçon méchant par terre, encore plus fort que moi.

« Si tu la touches encore, tu auras affaire à moi », le prévient-il.

Le garçon méchant acquiesce et s'enfuit à toutes jambes. Le garçon qui m'a aidée se tourne vers moi et me tend la main pour m'aider à me relever.

Il est vraiment mignon.

Je n'ai jamais vu un garçon aussi beau. Est-ce que je peux le garder ?

Il m'aide à me relever, puis lâche ma main pour enlever le sable de mon dos. Je sens mes joues s'empourprer.

« Je m'appelle Ian », dit-il.

« Viola », je réponds en souriant.

Ian hoche la tête. « S'il t'embête encore, tu me le dis. D'accord ? »

Je ne sais pas pourquoi, mais je prends sa main. Ian regarde nos mains, mais il ne la lâche pas.

Je m'éclaircis la gorge, un peu nerveuse. « Tu veux m'aider à faire mon château de sable ? »

Et s'il refuse ?

Il me fait un grand sourire. « Je suis désolé, mais ma mère m'appelle. Je dois y aller. Une autre fois peut-être. »

Je ne sais pas pourquoi, mais après son départ, construire mon château de sable n'a plus l'air aussi amusant.

Je cours vers ma mère. « Maman, on peut rentrer maintenant ? »

Elle me pince les joues, ce que je déteste. « Si tu veux partir, d'accord. »

Mon père est parti quand ma mère était enceinte de moi. Je ne l'ai jamais connu. On a déménagé ici parce que ma mère a trouvé un meilleur travail.

Je ne dis rien. Je hoche simplement la tête. Maman prend ma main et m'emmène à la voiture. Je scrute les alentours, espérant revoir Ian, mais je ne l'aperçois pas.

« Regarde, ma puce, le fils des nouveaux voisins joue dehors. Tu veux aller lui dire bonjour ? » demande Maman quand on arrive dans notre allée.

Je soupire. J'ai envie de jouer avec Ian, je pense.

Je suis Maman hors de la voiture.

« Bonjour, je m'appelle Sandra Lennox, et voici ma fille, Viola. Est-ce que ma fille peut jouer avec votre fils ? » demande-t-elle à la dame devant nous.

La dame serre la main de Maman. « Vous devez être les nouveaux voisins. Bienvenue dans le quartier. » Elle me regarde, puis se tourne vers Maman. « Ian ! » appelle-t-elle.

Attends, elle a dit Ian ? Comme mon gentil Ian ?

Ça pourrait être mon nouveau voisin Ian ?

Je suis aux anges quand je vois Ian courir vers sa mère. Elle se penche pour lui parler.

« Ian, ce sont nos nouveaux voisins. Tu veux jouer un peu avec Viola ? »

Ian me regarde et soupire. « D'accord. »

Maman rentre dans la maison, me laissant seule avec Ian. Je suis trop contente d'avoir plus de temps avec mon gentil Ian.

Il prend ma main, et mon cœur s'emballe.

« Alors, qu'est-ce que tu veux faire ? »

« Hé, j'ai vu qu'il y a une cabane dans les arbres dans mon jardin. Tu veux la voir ? » J'essaie d'avoir l'air décontractée.

Le temps passe vite, et Ian et moi devenons inséparables. C'est mon meilleur ami. Mais j'éprouve des sentiments pour lui. Des sentiments forts et profonds. Je suis amoureuse de lui.

Je ne suis pas sûre qu'il ressente la même chose. J'ai peur de lui avouer mes sentiments car je pourrais le perdre. S'il s'en va, je ne sais pas ce que je deviendrai.

Je décide d'aller dans notre cabane, là où notre amitié est née. En grimpant à l'arbre, j'entends des bruits qui proviennent de l'intérieur. Ian est déjà là ?

J'ouvre la porte, et mon cœur se brise.

« Viola ? » Ian a l'air surpris. « Tu es en avance. »

Je reste sans voix. Je descends de l'arbre précipitamment, me dirigeant vers ma maison. Comment a-t-il pu faire ça ?

Avant que je ne puisse m'éloigner, Ian attrape mon bras, m'arrêtant net.

Je me retourne, le repoussant. « Comment as-tu pu, Ian ? » je crie. « C'est notre endroit, notre secret. Et tu amènes une fille ici pour l'embrasser ? Comment as-tu pu ? »

Il soupire. « Pourquoi es-tu si fâchée ? On est juste amis. »

Ses mots me blessent. « Je le sais. » J'essaie d'avoir l'air forte, mais je suis dévastée intérieurement. « Je le sais, mais c'est quand même ma cabane. Trouve un autre endroit pour embrasser. Et trouve une nouvelle amie. Parce qu'on n'est plus amis », je lance avec colère.

« Très bien ! » répond-il.

C'est tout. Il ne va pas essayer de sauver notre amitié. Je compte si peu pour lui. Je pensais que notre amitié était plus solide.

Tout change après ce jour-là. Il me manque chaque jour. Je l'aime toujours. Je le vois avec ses amis. On évolue dans des cercles différents maintenant. Il est très populaire, et moi je passe inaperçue.

Il ignore ce que je ressens, et il ne le saura jamais.

« Le Principal Rheims va vous recevoir maintenant. » Mademoiselle Lily Salazar me ramène à la réalité.

Je me lève de mon siège et me dirige vers son bureau. Aujourd'hui, je dois faire visiter l'école à une nouvelle élève, Hanna Parker. J'espère qu'elle n'est pas comme les autres qui se croient supérieures à tout le monde.

Je prends une profonde inspiration en ouvrant la porte.