L'Avocat - Couverture du livre

L'Avocat

Lacey Martez Byrd

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Chapter
15
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18+

Summary

Sebastian Scott est un puissant avocat spécialisé dans les divorces qui a l'habitude d'obtenir tout ce qu'il veut - dans la salle d'audience et dans la chambre à coucher. Mais lorsqu'une Ada Miller au coeur brisé entre dans son bureau et ne veut rien de l'accord de divorce, il se sent interpellé. Alors qu'ils se rapprochent, Sebastian comprend qu'il est le seul à pouvoir réparer son cœur brisé... mais est-elle prête à le laisser faire ?

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47 Chapters

Besoin de rien

ADA

« Un jour, quelqu'un que j'aimais m'a donné une boîte de ténèbres. Il m'a fallu des années pour comprendre que cela aussi était un cadeau. » -Mary Oliver

Quand j'étais petite, je m'asseyais dans mon jardin et j'enlevais les pétales des marguerites un par un.

Il m'aime.

Pas du tout.

Même enfant, je savais à quel point c'était stupide. L'amour ne se passe pas comme ça. L’amour ce n’est pas aussi simple.

En tout cas, pas pour moi.

Mais ça pourrait... Ça pourrait vraiment se passer comme ça. Ça pourrait très bien être aussi spontané et stupide.

Vous pouvez aimer quelqu'un un jour et réellement croire que cette personne vous aime avec la même sincérité.

Mais le lendemain, vous découvrez que ce n'est pas toujours comme ça que ça marche.

Il m'aimait.

Jusqu'à ce qu'il ne m’aime plus.

C'était aussi simple que ça. Et pourtant, d'une certaine manière, si incroyablement compliqué.

Alors que mon monde s'écroulait autour de moi et que j'étais en chute libre vers Dieu sait quoi, quelqu'un m'a tendu la main et m'a rattrapée.

Et à tort ou à raison, je me suis accrochée à lui.

SEBASTIAN

« Qu’il aille au diable, sa pension alimentaire ne suffit pas. »

« Qu'elle aille se faire voir. Elle dit juste ça parce qu'elle veut me prendre mes enfants. »

J'avais à peu près tout entendu dans mon petit bout d'immeuble d'Atlanta transformé en cabinet d'avocats.

Et honnêtement, ce n’était pas les pires.

Parfois, c’était carrément déprimant d’être avocat spécialisé dans les divorces, et d'autres fois, ça me rappelait simplement pourquoi je ne voulais jamais me marier.

À 8 h 50 précises, j’entendis la voix de Macy à travers mon interphone.

« M. Scott, votre cliente est arrivée. Je la fais entrer ? » demanda-t-elle.

« Oui, allez-y », répondis-je en relâchant le bouton.

Ma porte s'est ouverte en grinçant, me rappelant au passage qu’il était temps de graisser les charnières.

Ce bâtiment avait déjà plus de cent ans lorsque je l'ai acheté. Je n'ai pas pu résister à son charme lorsque je cherchais un endroit où installer mon cabinet.

J'ai levé les yeux pour rencontrer une paire d'yeux bleus bouffis et tout rouges. L'émotion n'était pas rare dans mon bureau. De nombreuses personnes s'asseyaient sur le siège en face du mien et s’y abandonnaient complètement ou s’empêchaient de ressentir quoi que ce soit.

Que ce soit de la colère ou de la tristesse, l’émotion était toujours présente.

Mais je n'étais pas préparé à ce que j'ai vu en elle. Cette femme avait l'air complètement brisée. Elle était magnifique à regarder, mais brisée tout de même.

Elle portait une robe jaune qui lui arrivait juste au-dessus des genoux. Je me suis demandé si elle avait choisi cette couleur pour que les gens pensent qu'elle était heureuse, alors qu'à l'intérieur elle était clairement tout sauf heureuse.

« M. Scott ? » Elle pencha la tête, se demandant probablement pourquoi je me tenais là.

Avec à peine deux heures de sommeil par nuit, je me demandais parfois comment je faisais pour tenir.

Je m’éclaircis la gorge. « Oui. Et je suppose que vous êtes Mme Miller ? »

Elle baissa les yeux et je compris immédiatement que c’était à cause du nom. Le nom de son futur ex-mari la mettait mal à l'aise.

« Oui, mais je vous en prie, appelez-moi Ada. »

« D’accord. Asseyez-vous, Ada. » lui dis-je en montrant la chaise devant mon bureau d’un signe de la main.

« De toute évidence, si vous êtes ici c’est que vous envisagez de divorcer. Mais qu'est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ? »

J'ai posé cette question tellement de fois que je devrais me la faire tatouer sur le front.

Ada prit une profonde inspiration.

« Il ne veut plus être avec moi », dit-elle, la voix tremblante.

« Vous savez pourquoi ? »

« Il euh... Il veut être avec quelqu'un d'autre, je crois. » Elle se mordait la lèvre inférieure en tripotant ses ongles. Elle ne parvenait pas à calmer ses nerfs.

Mais j’avais compris où elle voulait en venir.

« Et vous avez des preuves de ça ? »

Je savais déjà qu’elle en avait. Elle avait le visage d'une femme qui avait vu la trahison de ses propres yeux.

Elle hocha la tête. « Des photos. Et des messages. »

« Ok. »

J'ai noté les informations.

« Vous avez des questions avant que nous allions plus loin ? »

« Non, vous avez été vivement recommandé. Honnêtement je veux juste en finir avec tout ça. »

« Très bien. Vous avez des enfants ensemble ? »

Je vis son menton trembler. Elle baissa la tête pour que je ne voie rien, mais c'était trop tard.

Elle secoua la tête. « Non. Pas de bébés. »

« Je sais que c'est difficile pour le moment, mais ça rend tout le processus beaucoup plus simple et rapide. Maintenant, il y a la division des biens. »

« Je ne veux rien. » Sa voix était soudainement assurée, presque forte.

« Vous avez droit à votre part… » commençais-je mais elle me coupa.

« Écoutez, c’est très bien comme ça. J’ai bien compris l’aspect légal de la chose. Mais je n’ai pas envie de me battre contre lui. Je vais prendre le strict minimum, et ça ira très bien comme ça.

« Sa famille est riche, et je sais qu'il a peur que j'essaie de tout lui prendre. Mais franchement, à quoi ça me servirait ? Je sais très bien que ça ne me rendra pas heureuse.

« Ça devrait probablement me rendre heureuse, mais je sais que ça ne sera pas le cas. Pas de pension alimentaire, non plus... Alors faites juste le minimum, mais rien de plus. »

Je ne sais pas comment, mais elle réussit à finir sa tirade en retenant ses larmes. Mais à peine avait-t-elle fini que deux larmes coulèrent sur sa joue. Elle s’essuya le visage avec colère.

Elle était pleine de rage - j'ai aimé observer le fil de ses pensées.

Elle était blessée, probablement plus que je ne pouvais l'imaginer, mais malgré tout, elle ne cherchait pas à se venger ou à rendre sa vie aussi misérable que la sienne en ce moment. Et cela en disait long.

« Très bien. Je vais lancer les démarches. Je vous informerai quand je connaîtrai la date du jugement. » Je me levai et fis le tour de mon bureau.

« Merci. C’est vraiment gentil. » acquiesça-t-elle en se levant avant de se diriger vers la porte.

D’habitude, je n’accompagne pas les clients plus loin que la porte de mon bureau, mais j'étais obligé de la raccompagner jusqu'au hall. Nous avons marché ensemble jusqu'à nous retrouver en face des ascenseurs.

« J'ai été ravi de vous rencontrer, Ada, je vous tiens au courant », lui ai-je dit en lui tendant la main.

Elle a glissé sa petite main dans la mienne et a soupiré.

« Ravie de vous avoir rencontré également, M. Scott. »

« Je vous en prie, appelez-moi Sebastian. »

« Merci encore, Sebastian. » Elle essaya de sourire, mais sans grande conviction.

Après un dernier signe de tête, je suis retourné à mon bureau. Je n'ai pas manqué le sourcil haussé et le léger sourire en coin de Macy. Elle est curieuse, elle, rien ne lui échappe. Mais j'ai choisi d'ignorer ses sous-entendus.

« Ça vous dirait un café ? » demandai-je en passant devant son bureau.

« Bien sûr » Elle s'est levée de sa chaise et s'est dirigée vers la porte d'entrée pour aller au café en bas de la rue.

J'ai jeté un coup d'œil par la fenêtre de mon bureau, regardant Ada marcher sur le trottoir avant d’entrer dans une boulangerie. Je me suis surpris à me demander ce qu'elle allait commander. Est-ce qu’elle prendrait un bagel ? Ou quelque chose de plus original ?

Je suis resté debout, fasciné, à imaginer ce qu’elle pourrait bien acheter.

Je n’ai même pas eu le temps de réaliser ce que je faisais, qu’elle était déjà de retour sur le trottoir, un café glacé dans une main et un donut au chocolat avec des vermicelles dans l'autre.

« Bash ! » Je fus sorti de ma transe par une voix stridente qui venait du seuil de ma porte.

Génial.

Eliza et moi étions sortis ensemble il y a quelques mois, et comme par hasard, elle travaillait dans la même rue, alors elle aimait bien passer me voir au bureau de temps en temps.

« Salut, Eliza. » Je réussis à forcer un sourire.

« Dînons dehors ce soir. Et puis après… tu pourrais dormir chez moi. » Elle fit courir son doigt fin le long de mon avant-bras.

Son offre était vraiment tentante. Elle était adorable, mais j'avais l'impression qu'elle en attendait plus. Et c’était quelque chose que je ne pouvais pas me résoudre à faire.

Et puis, le travail passait toujours en premier.

« J'adorerais. Mais j'ai une tonne de travail ce week-end. »

« Tu travailles trop », gémit-elle, et je hochai la tête.

Ma vie tournait autour de mon travail.

« Oh, je sais ! Et si on prenait des vacances ?! Tu es déjà allé à Sainte-Lucie ? J'ai entendu dire que c'était magnifique », poursuivit-elle.

Aller ailleurs qu'au restaurant avec Eliza était une mauvaise idée. Il avait fallu du temps pour la convaincre que nous devions arrêter de nous voir. Et chaque fois que je lui donnais la main, elle essayait de me prendre le bras.

« Ce n'est pas une bonne idée. Je t’appelle la semaine prochaine, d’accord ? », proposai-je.

Elle soupira mais finit par accepter. Elle sortit de mon bureau, croisant Macy au passage. Celle-ci leva les yeux au ciel, s’assurant que je la voyais faire.

« Je sais, je sais », dis-je, les mains en l'air.

« Vous êtes sûr ? » demanda-t-elle en posant mon café sur mon bureau. Je ris.

« Mme Miller est vraiment jolie, vous ne trouvez pas ? »

C’était le retour de Macy l’entremetteuse. Elle avait la mauvaise habitude d'essayer de me caser. Mais jamais avec des clientes, c’était nouveau ça.

« Oui. Elle est très jolie. » Ce n'était pas difficile d'être d'accord avec cette affirmation. Ada était magnifique, même avec des yeux gonflés et un sourire triste.

« Que voulez-vous pour le déjeuner ? » demanda Macy.

« Et si on terminait quand j’aurai fini toute cette paperasse ? On pourrait finir tôt, c'est vendredi, après tout », suggérai-je.

Les yeux de Macy s’illuminèrent. À vingt-trois ans, elle était encore assez jeune pour sortir le vendredi soir. Moi, en tant que trentenaire coincé, tout ce que je voulais faire ce soir, c'était m'installer sur ma terrasse et siroter mon whisky en lisant les dossiers de la semaine prochaine.

« Vous devriez vraiment sortir de temps en temps, Sebastian », dit-elle. Elle n'utilisait mon prénom que lorsqu'elle était sérieuse.

« Mais je sors. »

Je mentais et nous le savions tous les deux.

Elle se contenta de rire en quittant la pièce alors que je baissais les yeux sur les documents d'Ada posés sur mon bureau.

Photos et messages.

Je me demandais ce que montraient les photos et ce que disaient les messages. Je devrais lui demander la prochaine fois que je la verrai, et rien que cette idée me mettait mal à l'aise.

Pas parce que c'était quelque chose que je n'avais pas déjà vu ou entendu des milliers de fois auparavant. Mais parce que je ne voulais pas la forcer à revivre ça.

Je ne voulais pas voir la lueur triste dans son regard, que cela provoquerait indubitablement.

Je me demandais comment je pourrais la faire rire, pour que ce doux son résonne dans mon bureau.

Et cette pensée était suffisante pour m'effrayer au plus haut point.

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