L'Avocat - Couverture du livre

L'Avocat

Lacey Martez Byrd

Envie de tout

ADA

J'ouvris mes messages vocaux et cliquai sur le dernier de Trey. Je le laissai jouer en fond, car cette forme de torture était la seule chose qui me donnait l’impression de ressentir encore quelque chose.

« Ada... je t'en supplie. S’il te plaît. Ne va pas à ce rendez-vous. Je sais que j’ai déjà fait la demande, mais c'était une erreur. »

« Tout ça n'est qu'une énorme erreur. Je suis vraiment désolé, bébé. S'il te plaît, rentre à la maison. Je ferai tout ce qu’il faut pour me faire pardonner, je te jure... »

La voix de Trey se tut et je laissai la colère reprendre le dessus. Je savais que ce n'était pas sain, ni même intelligent. Mais quelque chose dans le fait d'entendre à quel point il était désespéré me faisait du bien, d’une manière assez tordue.

Peut-être parce que ça voulait dire qu'il souffrait aussi, et que d'une certaine façon, je n'étais pas seule. Même si je l'étais quand même. J'étais vraiment seule.

Et je comptais le rester.

J'avais donné dix ans de ma vie à un homme, et pour quoi ?

Rien.

Il avait été capable de gâcher dix ans de mariage en quelques minutes. Je ne laisserai plus jamais un homme avoir autant de pouvoir sur moi.

À partir de maintenant, je ne veux que du sexe sans sentiment et des amourettes de passage.

Si seulement.

Si seulement j'étais ce genre de fille.

Assise dans ma voiture, je finissais mon donut tandis que je coupais court au message vocal, avant de supprimer tous mes réseaux sociaux.

La sale gueule de Trey - ce n'était pas vrai, Trey était beau à mourir – s’affichait sur tous mes réseaux, et c'était plus facile d'effacer tous les souvenirs d'un coup.

Et au pire, je n'aurais qu'à créer de nouveaux comptes. Après tout, il me faut bien un compte Instagram pour suivre Ryan Reynolds et Blake Lively, non ?

Mon téléphone se mit à sonner alors que je le tenais dans ma main. C'était ma meilleure amie, et nouvelle colocataire, depuis que mon monde s’était effondré.

« Salut, Jess », répondis-je, en essayant de garder une voix neutre.

« Salut, ma chérie. Comment ça s'est passé ? » Jess était comme superwoman. J’ai toujours admiré sa détermination et sa force de caractère… et son goût pour les chaussures aussi. Cette fille adorait les chaussures.

« Bien, je suppose. Nous avons parlé de tout, il doit me rappeler pour me donner la date du jugement. »

« Super. Je suis tellement contente que Brady ait pu t’avoir un rendez-vous chez lui, il est censé être le meilleur d'Atlanta. »

C'était vrai - j'étais également reconnaissante envers mon patron, qui était devenu un ami proche.

À la seconde où je l’avais appelé en pleurant comme une idiote, Brady avait sauté dans sa voiture et avait fait tout le chemin de son appartement en ville jusqu’à la maison que Trey et moi partagions en banlieue.

Il m'avait prise dans ses bras et m'avait laissée pleurer sans dire un mot jusqu'à ce que je me calme. Quand il avait enfin parlé, il m'avait demandé si je voulais le numéro d'un bon avocat qu'il avait rencontré grâce à des amis communs.

Je lui avais immédiatement répondu non, mais après que Trey a rempli les papiers, je n'avais plus d'autre choix. Brady s'était empressé d'appeler et de prendre rendez-vous pour moi. Tout ce que j'avais à faire, c’était me présenter au rendez-vous.

« Ada... Tu es là ? » Demanda Jess, après mon silence.

« Oui, désolée. Je devrais appeler Brady et lui raconter comment ça s’est passé. »

« Ok, à plus tard. N'oublie pas que nous sortons ce soir. Sydney nous rejoindra. »

J’ai accepté, en bonne amie, mais en réalité, je redoutais ce moment.

Brady a répondu à la deuxième sonnerie.

« Bonjour, ma belle. » Sa voix était forte et assurée, comme s'il disait ces mots un million de fois par jour.

« Salut. Je voulais juste te remercier encore une fois d'avoir pris rendez-vous pour moi. Je viens de finir, je vais rentrer chez Jess, maintenant. »

« Je te demanderais bien comment ça s'est passé, mais j’ai ma petite idée. Et je sais que tu préfères éviter le sujet. »

Il avait raison, je ne voulais pas en parler. Alors je n'ai rien dit.

« Hé... Retrouve-moi pour le déjeuner. Où tu veux. » Il essayait de me remonter le moral, mais je n'étais même pas sûre que ce soit possible.

« N'importe où ? » demandai-je ?

« Ouaip. »

« Disneyland ? », je plaisantais.

« C'est là que tu veux aller, Ada ? »

Il était tout à fait sérieux, et je savais qu'il était capable de réaliser mon souhait saugrenu.

« Nan, j'essayais seulement de détendre l'atmosphère », avouai-je.

« Je m'en doutais. Et si tu venais chez moi ? On pourrait commander à emporter. Tu pourras me forcer à regarder n’importe quel film cucul de ton choix. »

Je l’entendais bouger des choses sur son bureau, essayant probablement de terminer la mise en page sur laquelle il travaillait.

« Carrément, avec plaisir », répondis-je dans un soupir.

« Ok, on se retrouve là-bas dans une heure ? »

« À toute », dis-je avant de raccrocher.

C’est vrai que ça me disait bien… me pelotonner sur le canapé de Brady en me gavant de plats à emporter en regardant un film.

Mais j'avais cette appréhension au fond de moi. Je me demandais ce qu’il faudrait faire pour la faire disparaître.

***

Après un après-midi à manger mon poids en nourriture chinoise dans l'appartement de Brady, la dernière chose que j’avais envie de faire, c’était de me préparer pour sortir.

« Ada, amène tes jolies fesses dans cette salle de bain, tout de suite ! » cria Jess de l’autre bout du couloir.

J’appréhendais toujours autant. J’avais peur.

« Je suis vraiment obligée ? »

« OUI ! »

Je me suis tirée hors du lit incroyablement confortable de la chambre d’amis de Jess et j'ai enfilé ma robe de chambre avant de traverser le couloir jusqu'à la salle de bain en tapant des pieds comme une enfant de trois ans.

« Assieds-toi », m’ordonna Jess.

J’obéis et la regardai sortir mon maquillage de l'armoire sous le lavabo.

Trente minutes plus tard, j'avais l'air presque normale. Sauf pour mes yeux. Quelque chose avait disparu. Quelque chose manquait, et je détestais les regarder maintenant.

Jess sortit de la salle de bain et revint avec une robe rouge particulièrement courte dans les mains.

« Non, non, non », répétai-je.

« Oh que si, madame. Je ne te permettrai pas de te laisser aller à cause d'un pauvre type. »

Je secouai la tête. « Ce n'est pas qu’un pauvre type, Jess, et tu le sais. »

« Oh non, je ne sais rien du tout. Peut-être qu’il était plus à un moment, mais après ce qu'il t’a fait, ce n'est plus qu'un pauvre type. »

Je ne pus m’empêcher de sourire. Elle a toujours eu le don de rendre drôles les choses qui ne sont pas censées l’être.

Elle me tendit la robe. Je retirai ma robe de chambre et mon t-shirt trop grand avant de passer la robe par la tête en faisant attention à ne pas abîmer mon maquillage.

Elle me regarda en secouant la tête. « Putain, ouais. C’est sûr maintenant, c’est vraiment un pauvre type. Tu t’es regardée ces derniers temps, Ada ? »

Je me retournai pour me regarder dans le miroir. J’étais pas mal, je crois. En tout cas, mieux que ces dernières semaines, ça c'est sûr.

« Merci, Jess. »

Elle me sourit en tapant ses hanches contre les miennes.

« Je me change et on y va. »

Quarante-cinq minutes plus tard, nous étions assises à une table haute dans un bar de la ville, à attendre Sydney.

Je sentis ses bras maigres s'enrouler autour de ma taille au moment où la serveuse posa trois martinis sur la table.

« T’es trop belle, ma chérie. » Elle me serra dans ses bras et je me retournai pour lui faire un câlin digne de ce nom.

« Coucou ma fofolle. » Je souris, enfouie dans ses cheveux bouclés. Elle était de loin mon amie la plus délurée et je ne voudrais que ça change pour rien au monde.

« Alors, comment s’est passé ton rendez-vous ? C’est sûrement un peu con comme question, hein ? » continua-t-elle en fronçant le nez.

« Ça a été. Comme on pouvait s’y attendre… », lui répondis-je.

« Il était comment ? J’ai entendu dire qu’il était super beau », reprit-elle, en s'éventant de façon dramatique.

Elle n'avait pas tort. C’est vrai que je le trouvais canon, mais je ne sais pas pourquoi, je me sentais mal de le dire.... Sydney sortit son téléphone sans attendre ma réponse.

« C'est quoi son nom déjà ? Scott quelque chose ? » demanda-t-elle, les pouces prêts à taper.

« Sebastian Scott », dis-je avant de prendre une longue gorgée de mon verre.

« Oh là là… même son nom est sexy », commenta Sydney en faisant rire Jess.

« Ohmondieu. » s’exclama Sydney en rapprochant son téléphone de son visage.

« Quoi ? » demanda Jess.

« Tiens, prends ça », dit Syd en tendant son martini à Jess.

« Pourquoi ? C’est pas bon ? » Jess fronça les sourcils.

« Je ne devrais pas boire. Je crois que je viens de tomber enceinte. » Elle lâcha ces mots avec un visage impassible.

Un petit rire m’échappa.

« Oh là là, fais-moi voir... t’exagères tellement. » Jess prit le portable des mains de Sydney et écarquilla les yeux.

« Tiens, passe mon verre à Ada. »

Elle me tendit son verre en frottant son ventre tout plat et je ne pus retenir mon rire plus longtemps.

« Ada Spencer, vous voulez dire que vous avez passé un moment en tête à tête avec cet homme ? »

Sydney avait toujours utilisé mon nom de jeune fille. Elle n'avait jamais trop aimé Trey.

« En effet. Mais honnêtement, je l’ai à peine regardé. »

Ce n'était pas une décision consciente, c’est juste que ce n’est pas arrivé. J’ai bien vu qu'il était séduisant, mais c’est comme si je ne l’avais pas réalisé à cet instant.

« Eh ben tiens, regarde bien. » Elle me tendit son téléphone.

Est-ce qu'il ressemblait vraiment à ça ? Je n'arrivais pas à m'en souvenir.

J’haussais les épaules et elles me regardèrent comme si j'étais folle.

Je ne pouvais pas laisser mon cerveau aller sur ce terrain-là.

Est-ce qu’il était sexy ?

Oui, sans aucun doute.

Est-ce que ça changeait quelque chose ?

Absolument pas.

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