My Girl (français) - Couverture du livre

My Girl (français)

Evelyn Miller

Chapitre sept

Savannah

« OK, Savannah, tu vas gérer. Tu es une putain de femme de tête, et tout va bien se passer », me dis-je en me regardant dans le miroir.

« Tu dois être nerveuse », dit Erin derrière moi, ce qui me fait sursauter.

« Effectivement. » Je le lui confirme et essaie de me recoiffer correctement.

« Tu ne dis jamais de gros mots », fait-elle remarquer en prenant en charge ma coiffure.

« Il n'est jamais trop tard pour commencer, non ? » marmonné-je.

« Tu as parlé à Pete ? » demande-t-elle en ignorant mon murmure.

« J'ai essayé de l'appeler hier soir, mais il n'a pas décroché. » Je fronce les sourcils. D'habitude s'il ne répond pas, il me rappelle ou au moins, il m'envoie un texto. Mais tout ce que j'ai eu, c'est un silence radio.

« Qu'est-ce que tu lui trouves ? Je comprends ce que tu voyais chez Tanner. C'était le bad boy, le bagarreur, le dragueur. Le beau mec. Pete n'est rien de tout ça. Il est sans intérêt », râle-t-elle tandis que je lève les yeux au ciel.

Pendant la première année de notre relation, Erin aimait beaucoup Pete, et puis un jour, un déclic s’est produit et elle a commencé à le détester, et quelque chose me dit que c'est plus que le simple fait qu'il soit avocat de la défense.

« On peut en parler une autre fois ? » dis-je sèchement, de plus en plus agacée. Oui, Tanner était tout cela, mais les choses ont changé. Et puis, Pete est gentil, attentionné, fiable. Enfin, la plupart du temps.

« Je panique un peu là », dis-je en levant la main pour lui montrer les tremblements que j'ai depuis que je me suis réveillée ce matin.

« Oh, chérie. Viens là », dit Erin avec tristesse avant de me prendre dans ses bras. « Tout va bien se passer. Je te le promets », murmure-t-elle tristement.

Moins de quinze minutes plus tard, je suis assise à la fenêtre du café-restaurant et j'attends Tanner.

Je tripote un sachet de sucre quand j'entends quelqu'un se glisser dans le siège en face de moi.

« Salut », me dit Tanner à voix basse. Je lève les yeux de mon sachet de sucre et je croise des yeux verts fatigués.

« Salut », lui réponds-je en chuchotant. « Tu as l'air fatigué », dis-je avant de grimacer. Pourquoi j’ai dit ça ?

« J'ai à peine dormi depuis que je t'ai vue ici il y a un mois. » Il soupire, se penche en arrière et passe sa main sur son visage. « Est-ce qu’elle est vraiment de moi ? » demande-t-il en me regardant droit dans les yeux.

« Oui. » Je hoche la tête et reprends le sachet de sucre.

Tanner ferme les yeux, laisse tomber sa tête en arrière et respire profondément par le nez. « Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? » Ses yeux s'ouvrent brusquement et ils sont pleins de ce que je ne peux décrire que comme de la rage.

« J'ai essayé de te le dire tous les jours pendant un mois. Je n'ai arrêté que lorsque tu as dit à Mikey de me dire d'aller me faire foutre », dis-je sèchement, ce qui surprend non seulement Tanner, mais aussi moi-même.

« Je ne lui ai jamais demandé de te dire ça », rétorque-t-il.

« Oh, je suppose qu'il a trouvé ça tout seul, n'est-ce pas ? » Je jette brutalement le sachet de sucre sur la table légèrement collante.

« Je ne lui ai jamais dit de faire ça ! J'ai essayé de te parler le lundi après cette nuit-là, et c’est toi qui t'es enfuie, et puis tu as dit à ta stupide petite copine que je devais rester loin de toi », dit-il entre ses dents serrées.

« Je ne lui ai jamais demandé de faire ça ! Elle a essayé de m'aider », dis-je pour défendre ma meilleure amie.

« Tu n'as pas assez menti, Savannah ? » Je suis déconcertée par ses mots. Jamais je n'ai menti à Tanner.

Cette nuit-là, dans sa vieille cabane dans les arbres, je lui ai confié des secrets que je n'ai jamais révélés à personne d'autre.

Pas même à Erin.

« C'était une erreur », murmuré-je les yeux rivés sur la table, quand je sens les larmes me monter aux yeux.

« Sérieusement, tu vas encore t'enfuir ? » s'emporte-t-il alors que je commence à me lever.

Je me fige un instant, j’inspire profondément et je me retourne vers lui, et son visage de pierre s'adoucit instantanément.

« Je suis désolé. Je ne voulais pas te faire pleurer », murmure Tanner. Il m'a dit exactement la même chose il y a quatre ans, juste après m'avoir pris ma virginité.

« Parle-moi d'elle », dit-il alors que je suis perdue dans mes souvenirs, des souvenirs dont il ne se souvient sans doute même pas.

« Elle s'appelle Rosaline Mae Anderson. Elle est née le douze décembre, elle pesait trois kilos sept », dis-je d'une voix monocorde.

« Pourquoi tu l'as appelée comme ça ? » me coupe-t-il.

« J'ai pensé qu'elle devait avoir quelque chose qui lui vienne de son père. » Je ricane en voyant à quel point cela s'est retourné contre moi parce qu'elle est le portrait craché de Tanner.

« Mais elle te ressemble. La seule chose qu'elle tient de moi, ce sont les cheveux », ajouté-je en levant les yeux au ciel.

« Mae, c’est ton deuxième prénom, c'est ça ? »

« Tu t'en souviens ? » m’écrié-je, interloquée.

« Je me souviens de tout ce qui s'est passé cette nuit-là », affirme-t-il en me regardant dans les yeux. « Raconte-moi. Comment est-elle ? » me demande-t-il.

« Elle est sauvage, attentionnée, elle aime tout ce qui est rose et qui brille, elle jure comme un charretier, elle adore se déguiser », énuméré-je. Tanner se penche en arrière, et digère mes paroles en affichant un petit sourire.

« Bonjour, je peux prendre votre commande ? » lance joyeusement une jeune serveuse, le sortant de ses pensées.

« Ah, oui, je peux avoir des pancakes et un café, s'il vous plaît ? » demande Tanner en lui tendant le menu plastifié qu'il n'a même pas ouvert.

« Moi aussi, s'il vous plaît. » Je souris en lui tendant celui qui est posé devant moi.

« Pas de problème. » Elle sourit gentiment avant de s'en aller.

« Est-ce qu'elle a déjà posé des questions sur moi ? » demande Tanner en se penchant en avant pour poser ses coudes sur la table.

« Non. » Je secoue la tête, ce qui le fait froncer les sourcils. « Pourtant, quand Jax s'est cassé le bras, elle lui a demandé s'il avait donné des coups de poing à quelqu'un, parce que son père le faisait », ajouté-je, ce qui fait légèrement tressaillir ses lèvres.

« Tu savais que c'était mon frère ? »

« Non. »

« Est-ce que tu les aurais laissés être amis si tu l'avais su ? »

« Non. »

« Il a l'air très... protecteur envers toi et Rosie », dit-il en s'arrêtant pour trouver le bon mot.

« Je ne l'ai jamais vu comme ça avant », dis-je.

« Il s'est disputé avec Papa, et puis il est parti. » Tanner soupire, se penche à nouveau en arrière, et ramasse le sachet de sucre avec lequel je jouais.

Ce soir-là, il m'avait tout raconté sur son père.

« Je veux dire, comprends-moi bien, ma vie est géniale, mais mon père, purée », marmonne Tanner alors que nous sommes assis les jambes croisées dans une vieille cabane dans les arbres, au fond de son jardin, pendant que nos camarades de classe font la fête à l'intérieur de sa maison.

« Il a des attentes particulières, tu vois ? » poursuit-il.

« Je comprends », lui dis-je, sachant exactement ce qu'il veut dire.

« Je lui ai dit que je ne voulais pas aller à l'université. Je veux être maçon, merde alors. » Il secoue la tête avec un rire sans humour.

« Tu gâches ta vie, Tanner. Tu n'arriveras jamais à rien », mime-t-il en buvant une lampée de la bouteille de rhum qu'il tient à la main.

« J'ai eu un B, un putain de B, à mon contrôle de maths, et il a pété les plombs. Il a jeté la statuette de Maman contre le mur. »

« Quand on est rentrés à la maison, il m'a encore dit de ne plus m'approcher de toi. » Tanner ricane en secouant la tête. « Je crois qu'il pense que j'ai envie de coucher avec toi », dit-il au moment où la serveuse arrive avec nos assiettes.

Son visage devient rouge vif, tout comme le mien, j'en suis sûre, car j'ai l'impression qu'il est en feu.

« Je lui ai dit qu'il devrait plutôt s'inquiéter du fait que tu essaies de m'embrasser. » Il sourit en coin et je sursaute.

« Tu ne lui as pas dit ça ? »

« Non. » Il se met à rire, prend son café et en boit une petite gorgée. « Tu as un petit ami ? » me demande-t-il, mais ça sonne comme une affirmation.

« Oui. Ça fait deux ans qu’on est ensemble. » Je hoche la tête en détachant les couverts de la serviette.

« Est-ce qu'il vit avec toi ? »

« Je croyais que tu voulais parler de Rosie, pas de ma vie amoureuse », dis-je.

« Eh bien, s'il vit avec toi, il vit avec Rosie. »

« Non, il ne vit pas avec nous. Mais Erin, oui », réponds-je en me pinçant légèrement les lèvres.

« Deux ans que vous êtes ensemble et vous ne vivez pas ensemble ? Qu'est-ce qui ne va pas chez lui ? » ricane Tanner.

« Nous n'en avons jamais parlé. » Je hausse les épaules. À vrai dire, je ne pense pas pouvoir vivre avec Pete de sitôt. Sa maison est toujours impeccable, et ni Rosie ni moi ne sommes des personnes très ordonnées.

« Je peux la rencontrer ? »

La question que je redoutais.

« Comment je peux être sûre que tu n'es pas un criminel ou un baron de la drogue, ou quelque chose comme ça maintenant ? » dis-je sans réfléchir. Tanner me regarde avec un visage impassible avant d'éclater de rire.

« J'ai l'air d'un criminel ? » demande-t-il, très amusé.

« La criminalité en col blanc, ça existe, tu sais ? » ronchonné-je en coupant ma crêpe de façon un peu trop agressive.

« Très bien », répond-il, toujours aussi amusé. « En fait, j'ai fini par aller à l'université. À New York. » Je hausse les sourcils de surprise, lui qui était si déterminé à ne pas y aller.

« Je viens de terminer mon diplôme d'architecte, et j'y suis retourné jusqu'à ce que je trouve un emploi. Pas de petite amie, pas d'autres enfants. Certainement pas un criminel ni un baron de la drogue. » Il s'esclaffe.

« Je… Il faut d'abord que je lui parle », bredouillé-je. « Il faut qu'elle soit d'accord », ajouté-je.

« Bien sûr », consent-il tout de suite.

Tanner et moi échangeons nos numéros avant qu'il ne paie l'addition pour nous deux. « Considère ça comme ma première pension alimentaire », plaisante-t-il lorsque je proteste.

En rentrant chez moi, je décide de rappeler Pete.

« Allô, vous êtes bien sur le téléphone de Peter Mulholland, Juddson à l'appareil. »

« Ah, bonjour », dis-je, un peu déstabilisée. Pourquoi c’est Judson qui répond au téléphone de Pete, à moins qu'il n'y ait un autre Juddson ?

« Comment puis-je vous aider ? » Juddson s'exprime avec professionnalisme.

« Euh, je voulais juste parler à Pete. »

« Il est en réunion actuellement. Puis-je faire quelque chose pour vous, madame ? Je suis son stagiaire. » Il est en réunion et il demande à son stagiaire de répondre à son téléphone personnel ?

« Non, merci. Pouvez-vous lui dire que j'ai appelé, s'il vous plaît ? » demandé-je en me mordillant la lèvre.

« Bien sûr. Est-ce que je peux avoir votre nom ? » demande-t-il, et je m'arrête au milieu du trottoir. Pete n'a pas enregistré mon numéro ?

« Savannah. »

« Savannah. Anderson ? » Le ton de Juddson passe radicalement de professionnel à sceptique.

« Oui. »

« Oh ouah. Euh, bonjour. C'est Juddson. On était au lycée ensemble. Je suis un copain de Tanner. »

« Oui, je me souviens de toi », lui dis-je.

« Tanner est de retour en ville. Merde. Désolé, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça », lâche-t-il, ce qui me fait légèrement rire, et je me remets à marcher.

« Bref, pourquoi tu as besoin d'un avocat ? » me demande Juddson en reprenant sa voix professionnelle.

« Je n'en ai pas besoin. Je voulais juste parler à Pete », lui dis-je en arrivant à mon immeuble.

« Sans vouloir te vexer, Savannah, c'est un peu bizarre d'appeler un avocat pour une simple discussion », me taquine-t-il.

« Pete est mon petit ami. » Je ris à nouveau en poussant la grande porte.

« Quoi ? Savannah, il est… » La fin de la phrase de Juddson est inaudible à cause des bruits à l'autre bout de la ligne.

« Oui, Mme Anderson, M. Mulholland sort à l’instant de sa réunion. Je vais voir s'il est disponible », déclare-t-il sur un ton professionnel.

J'essaie d'écouter ce qui se dit, mais soit ils parlent trop bas, soit il a mis sa main sur le téléphone. J'entends des bruits de pas, au moment où je pousse la porte de mon appartement.

« Salut, babe », me lance Pete.

« Salut toi. » Je souris en jetant négligemment mon sac sur le canapé avant de m'y installer. « Bonne réunion ? » lui demandé-je en enlevant mes sandales et en posant mes pieds sur la table basse.

« Longue », soupire-t-il.

« Je t'emmène déjeuner ? » lui demandé-je en remuant les orteils. Je devrais vraiment me remettre du vernis à ongles.

« Tu n'as pas Rosie aujourd'hui ? »

« Non, elle est à la garderie jusqu'à trois heures. » Serait-ce si grave qu'elle vienne avec moi ? Je dois littéralement me mordre la langue pour m’empêcher de dire le reste de ma phrase.

« Ça me paraît bien. Midi, ça te va ? »

« À tout à l'heure. »

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