La Reine du Lycan

On dit qu'il n'y a pas de créature au monde plus redoutable qu'un lycan qui a perdu sa partenaire.

Car lorsqu'un lycan perd sa partenaire, il se perd aussi lui-même.

Son âme se noie dans un puits de désespoir, et ce qui remonte à la surface, c’est un monstre.

Un monstre qui tuera tous ceux qui se trouveront sur son chemin.

Un monstre qui détruira des villes et renversera des empires.

Des armées tenteront de l'arrêter, mais son effroi sera plus grand que la force combinée d'un millier de loups-garous.

Ils ne sont pas de taille à l'affronter, parce qu’ils ne comprennent pas sa douleur.

Comment pourraient-ils la comprendre ?

Si un loup-garou perd sa partenaire, il peut en marquer une autre.

Mais un lycan n'en a qu'une seule...

Une seule partenaire.

Une chance de bonheur éternel.

Alors s'il la perd, il ne se reposera pas tant qu'il n'aura pas infligé autant de douleur que ce qu’il a enduré.

On dit qu'il n'y a pas de créature au monde plus redoutable qu'un lycan qui a perdu sa partenaire.

Mais ce qu'ils ne disent pas, c'est ce qui se passe quand il la trouve...

Oh Déesse, quand il la trouve...

En l'espace d'un seul regard, l'univers du lycan se réorganise.

Et elle se tient là, au centre de l'univers.

Son soleil.

Sa lune.

Son bien.

Son mal.

La personne pour laquelle il vivra. Et la personne pour laquelle il mourra également.

Aucune passion n'est plus grande.

Aucune connexion n'est plus forte.

Aucune extase n'est plus dévorante.

Comment puis-je le savoir ?

Parce que, contre toute attente, un lycan m'a trouvée, moi.

Et il a fait de moi sa reine.

***

« Il m'a embrassée passionnément et à ce moment-là, j'ai su que ça se passerait bien. »

En refermant le livre que je venais de terminer, j'ai soupiré.

Normalement, je n'étais pas le genre de fille à être obsédée par les histoires romantiques.

Mais ces derniers temps, je n’arrêtais pas de lire des histoires romantiques irréalistes et je m’imaginais évidemment dans la peau du personnage principal.

Vous vous demandez peut-être qui est le personnage masculin principal ?

Le même homme qui avait volé mon cœur il y a quatre ans : Hunter Hall.

« Aarya, tu veux venir faire les courses avec moi ? » s’est écrié ma mère depuis l'escalier.

« Non, maman », ai-je répondu.

Aarya Bedi, c'était moi. J'avais dix-neuf ans et si vous ne l’aviez pas deviné, j’étais indienne. Et j’étais également un loup-garou.

Je vivais actuellement avec mes parents, Sid et Tara, qui étaient mariés depuis vingt-sept ans. Mon frère aîné, Sai, avait vingt-quatre ans, et sa partenaire, Zoya, avait le même âge.

Notre meute se nommait Lune noire, et j'adorais notre communauté.

Tout le monde se connaissait et c'était formidable de grandir ici. En ce moment, je m'entraînais pour devenir médecin de la meute. C'était quelque chose que j'avais toujours voulu faire.

Je me souvenais qu'on se moquait de moi quand je disais que je voulais devenir médecin de meute. La couleur de ma peau et les stéréotypes en étaient la cause, bien sûr.

Tout le monde pensait que c'était la carrière idéale pour moi puisque j’étais indienne et que nous sommes apparemment tous médecins, avocats ou comptables. Auparavant, cela me dérangeait, mais maintenant, je l'acceptais.

Même si j'avais du mal à me concentrer sur mes études ces jours-ci. Mon esprit était constamment encombré de pensées sur Hunter Hall.

Il s’agissait de notre bêta. Lui et notre alpha, Carter Ward, avaient été envoyés en formation quatre ans auparavant, et ils revenaient aujourd'hui.

Je me souvenais encore de la veille de leur départ. Hunter s'était approché de moi avec ses magnifiques yeux bleus pour me demander de l'attendre. Je n'avais que quinze ans à l'époque, mais je savais que je le ferais.

Après tout, j'étais complètement amoureuse de Hunter. Il était mon premier baiser, je me souviens encore de la sensation de ses lèvres contre les miennes.

La plupart des loups trouvaient leur partenaire à dix-huit ans, et comme Hunter n'était pas là lorsque j'avais eu dix-huit ans, je n'avais pas trouvé mon partenaire. J'attendais donc avec impatience son retour pour pouvoir enfin ressentir cette étincelle. Cette connexion.

Une sonnerie familière a retenti, me tirant de mes fantasmes.

Je me suis retournée pour attraper mon téléphone qui était en train de charger. En voyant le nom s'afficher sur l'écran, j'ai souri et j'ai répondu rapidement.

« Sophia Butler, ça fait longtemps qu'on ne s'est pas parlé », ai-je plaisanté.

« Aarya Bedi, arrête de m’embêter. Tu sais que j'étais très occupée », a rétorqué ma meilleure amie Sophia.

« Tu étais vraiment occupée ? Ou c’était Luke qui te gardait à l’écart ? » ai-je dit en continuant à la taquiner.

Sophia a ri. « Tu es terrible. Tu sais que j'étais occupée. Après tout, le bal des lycans approche ! N'es-tu pas impatiente ? »

Ah oui, le bal des lycans. C'était le moyen pour le royaume de s'assurer que toutes les meutes pouvaient voir le palais et rencontrer le roi. Je détestais ça.

Avant notre roi actuel, le roi précédent avait régné pendant cinq cents ans, puis il avait laissé les rênes à son fils.

Les lycans cessaient de vieillir à vingt ans, mais ils pouvaient vivre des centaines d'années.

On disait que notre ancien roi était parti en voyage avec sa partenaire, et que personne n'avait plus jamais entendu parler d'eux depuis.

C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés avec ce nouveau gars au pouvoir.

Adonis Dimitri Grey.

Apparemment, tout le monde l'appelait Dimitri, et seuls ceux qui étaient assez proches de lui étaient autorisés à l'appeler Adonis.

Je n'étais pas impatiente de le rencontrer.

Il semblait tout à fait étrange. Il avait pris le trône sans partenaire à ses côtés, ce qui n'avait jamais été fait. Tous les rois lycans avant lui avaient trouvé leur partenaire avant de devenir roi.

J'avais entendu des rumeurs selon lesquelles il entrait souvent dans de terribles colères et devait être retenu par ses propres gardes.

Il détestait aussi les photos, apparemment. Je n'avais trouvé que trois photos de lui : une à sa naissance, une autre à la naissance de ses frères et sœurs, et la dernière lorsqu'il était monté sur le trône.

Je n'étais qu'une enfant lorsqu'il a pris le pouvoir, et dix ans se sont écoulés depuis.

Personne ne connaissait vraiment l'âge réel du roi, et je soupçonnais qu'il ne l'avait dit probablement à personne non plus.

C'était la deuxième fois que notre meute était choisie pour aller au bal des lycans, mais c'était la première fois que j'y allais.

La première fois que nous avions été choisis, j'étais terrassée par une terrible grippe. Mes grands-parents avaient pris l'avion depuis le Canada, où ils vivaient, pour venir s'occuper de moi pendant que le reste de ma famille y allait.

J'avais toujours détesté les soirées, les bals d'école, les réceptions de mariage. Je ne savais pas pourquoi, car j'adorais pourtant mettre de belles tenues.

J'avais l'impression que la raison pour laquelle je détestais le bal des lycans, même si je n'y étais jamais allée, c'était parce que j'étais intimidée par les lycans.

C'était comme ça que ma meilleure amie Sophia avait rencontré son partenaire lycan, Luke.

C'est elle que j'ai déjà mentionnée. Sophia a rencontré Luke au bal il y a quatre ans, et depuis, elle a beaucoup changé. Comme tous ceux qui sont accouplés à un lycan, elle en devient lentement une elle-même.

Ne vous méprenez pas, j'étais très heureuse quand elle m'a appelée pour me l'annoncer, même si j'ai vomi mes tripes. Mais une partie de moi savait que je perdrais ma meilleure amie.

Après tout, maintenant qu'elle était lycan, elle avait des responsabilités et des rôles très importants. Son partenaire, Luke Martin, était le chef des combattants, et Sophia était donc constamment occupée.

Comme elle aimait beaucoup organiser des choses, elle était chargée d'organiser les événements importants, et le bal des lycans était le rendez-vous le plus important que Sophia pouvait un jour organiser.

« Allez », a insisté Sophia à nouveau, me tirant de mes pensées tournoyantes. « N’es-tu pas impatiente ? »

« Oh, si. J'ai tellement hâte d'y être », ai-je répondu de manière sarcastique.

« Le bon côté, c'est que tu vas pouvoir me voir ». Sophia essayait de me remonter le moral.

« C'est vrai. Nous ne nous sommes pas vues depuis un an. Pas depuis que tu es revenue à la maison pour voir ton petit neveu ». J’ai soupiré.

« Tu me manques aussi. J'aimerais pouvoir revenir plus souvent. » Sophia a soupiré elle aussi.

« Tu es occupée, je comprends. Mais Dieu merci, il y a la technologie. Nous pouvons toujours nous parler même si nous ne sommes pas ensemble », ai-je dit.

« C'est tout à fait vrai. Oh, Aarya ! J'ai hâte de te voir ! Tu pars demain, n'est-ce pas ? » a demandé Sophia.

« Oui, demain. De bonne heure et de bonne humeur », ai-je soupiré. « Arrête de soupirer ! Essaie au moins d'être un peu enthousiaste », a ajouté Sophia.

« D'accord, désolée. Je vais essayer ». J'ai ri.

« Je dois y aller maintenant. Le devoir m'appelle, mais j'ai hâte de te voir demain », a déclaré Sophia.

« À demain », ai-je dit en raccrochant.

Peu après, ma mère est entrée dans ma chambre avec Zoya, en portant un sac. Je savais ce qu'il contenait : ma robe pour le bal.

« Aarya, tu devais faire tes valises. Tu sais que nous partons tôt demain », a dit maman en secouant la tête.

En grognant, Zoya a ri avant de parler. « Je vais l'aider à faire ses valises ».

Maman a acquiescé, puis elle est partie. Zoya m'a tirée du lit et m'a aidée à faire mes valises. Cela m'a permis de ne pas penser à Hunter.

Une fois que nous avions terminé, j'ai demandé à Zoya : « Alors, des nouvelles sur la date de retour de Hunter et Carter ? »

« Pourquoi ? Te voilà impatiente, n'est-ce pas ? » s’est esclaffée Zoya.

« Non, je suis juste curieuse, c'est tout. » J’ai levé les yeux au ciel.

Zoya était la seule de ma meute à savoir que Hunter m'avait embrassée et que je l'aimais. Tous les autres pensaient que j'avais simplement le béguin pour lui.

Je ne voulais pas que mes parents le sachent, et surtout pas mon frère. Il n'aurait pas très bien pris la nouvelle, mais je savais que je pouvais faire confiance à Zoya.

« Ils ne devraient pas tarder à rentrer. Tu es nerveuse ? » a demandé Zoya.

« Un peu. J'ai hâte de le voir », ai-je avoué.

Zoya et moi nous sommes assises sur mon lit et avons bavardé pendant un moment. J'aimais pouvoir m'ouvrir à Zoya, elle était un peu comme ma sœur.

Sai m'avait dit qu'il appréciait que sa sœur et sa partenaire aient une relation aussi extraordinaire. J'avais de la chance que Zoya soit aussi cool ! Après le départ de Sophia, je m’étais sentie seule, mais Zoya avait toujours été là pour moi.

Très vite, mon ouïe de loup-garou a perçu le bruit de voitures qui arrivaient sur le chemin. Je me suis levée d'un bond, mon cœur battant la chamade, alors que les nerfs commençaient à s’agiter.

C'était enfin le moment. J'allais revoir Hunter après quatre ans.

Zoya me tenait la main pendant que nous descendions les escaliers ensemble. Est-ce que j'avais bonne allure ? Je me suis passé les mains dans les cheveux. Zoya a hoché la tête, avec un air amusé sur le visage.

Respire profondément, Aarya, tu peux y arriver. Tout va bien.

Par chance, notre maison était proche de celle de la meute, où l'alpha et le bêta vivaient avec leurs familles.

Sai nous attendait en bas, et il a saisi la main de Zoya. « Allons voir notre alpha et notre bêta. »

Zoya ne m'a pas lâché la main et nous avons marché jusqu'à l'endroit où les voitures étaient déjà garées. Mon cœur battait si fort, je voulais tellement voir Hunter.

Nous avons marché jusqu'aux voitures, et ma louve était agitée.

Était-ce le signe que je cherchais ? Mon partenaire était-il là ?

Mes rêves se réalisaient. Hunter allait sortir de cette voiture, et il allait savoir que nous étions partenaires. En entendant la porte de la voiture s'ouvrir, ma tête s'est mise à tourner.

Notre alpha, Carter Ward, est sorti en premier. Il n'avait pas changé. Enfin, sauf qu'il était devenu plus musclé.

Ses yeux verts pétillaient de malice et de bonheur.

Oui, toujours le même Carter.

Il a coiffé ses cheveux blonds pour les dégager de son visage avant de serrer ses parents et son jeune frère dans ses bras. Je l'ai regardé dire bonjour à tout le monde avant de s'arrêter devant moi.

J'avais de la chance que le futur alpha soit mon ami. Tout au long de ma scolarité, Carter avait toujours été là pour moi, et je ne le remercierais jamais assez.

Je le considérais comme l'un de mes meilleurs amis, avec Sophia.

Un sourire contagieux s'est emparé de son visage, et je me suis surprise à sourire à mon tour. L'instant d'après, Carter m'a soulevée et m'a fait tourner sur moi-même, ce qui a fait rire les adultes.

« Aarya ! Comme tu m'as manqué ! Tu as bien changé. La puberté, hein ? » m'a taquinée Carter.

J'ai levé les yeux au ciel avant de le serrer dans mes bras. « C'est bon de te voir aussi, Carter. Tu n'as pas changé du tout. Ne t'inquiète pas, il y a parfois des gens qui sont en retard sur la puberté », ai-je plaisanté, ce qui a fait rire les parents de Carter.

Carter a souri et m’a serrée à nouveau dans ses bras. « Tu m'as vraiment manqué, Smiley. »

« Tu m'as manqué aussi », ai-je dit en souriant devant le surnom que Carter me donnait et qu'il n'avait pas oublié.

En entendant la portière de la voiture s'ouvrir, j'ai jeté un coup d'œil au-dessus de l’épaule de Carter et j’ai vu un corps familier sortir de la voiture. Il me tournait le dos, il ne savait donc pas que je me trouvais derrière lui.

Je voulais voir ses yeux bleus remplis d'amour et d'adoration pour moi.

Carter s'est écarté et s'est tenu à mes côtés, ce que je trouvais un peu étrange.

Il aurait dû continuer à dire bonjour à tout le monde.

Peut-être voulait-il voir le moment où Hunter et moi allions nous reconnaître comme partenaires.

Oui, ça doit être ça.

Ma louve continuait à faire les cent pas, alimentant mes pensées sur le fait que Hunter était bien mon partenaire.

J’ai observé ses cheveux châtain clair s'envoler à cause du vent. Il me tournait toujours le dos, et je voulais tellement qu'il se retourne.

Pourvu qu'il se retourne.

Qu'est-ce qu'il attend ?