Alpha Malik (français)

Aria

«Tu sais ce dont tu as besoin?» demanda Alexa avec insistance. «De sexe.»

Je levai la tête brusquement, mon regard trouva mon amie qui se prélassait nonchalamment sur mon lit, un magazine à la main. Sa tête était penchée en avant, et ses cheveux blonds se répandaient sur mes draps.

Alexa. Nos parents étaient amis avant nous. À l'école maternelle, elle était super intimidante, avec tous ses amis et sa propre piscine à la maison.

Notre amitié nous avait été imposée au départ, mais le premier jour de l'école primaire, nous avions réalisé que nous avions besoin l'une de l'autre, et nous ne nous étions plus quittées depuis.

Elle m'intimidait toujours, cependant. Non seulement, à mon avis, parce qu’elle n’avait aucun défaut, mais elle était aussi si confiante et impressionnante. On m'avait souvent dit qu'il était facile de me parler, mais elle, c'était une autre histoire.

Certaines personnes me connaissaient comme l'amie d'Alexa, car elle était mon rocher auquel je me raccrochais quand il s'agissait du monde extérieur.

Bien que nos looks soient complètement différents, la plupart du temps, on nous appelait les deux A, et c'était tout.

«Je n'ai pas...»

«Si», déclara-t-elle. «C’est ce que dit ce magazine.»

Je la regardai faire un saut périlleux pour sortir de mon lit, emportant la moitié des draps et mon oreiller avec elle. Elle me jeta le magazine, dans un tourbillon de pages et de parfum d’échantillon.

La page dont elle parlait comportait un quiz qui menait à une série de trois réponses possibles.

«Si tu regardes là, il est dit que les filles qui aiment les livres, les pâtisseries et qui ne sortent pas le vendredi soir ont désespérément besoin d'un homme chaud et brutal...»

Je refermai vivement le magazine, laissant les pages brillantes glisser de mes doigts.

«Tu es folle. Le monde ne tourne pas autour du sexe, il s'agit de trouver le partenaire idéal, et de tomber...»

«Amoureuse», finit-elle en me coupant la parole. Nous étions douées pour nous faire ça l'une à l'autre. «Ouais, ouais, j'ai compris.»

En me relevant de l'endroit où j'étais agenouillée sur le sol, et en essayant d'essuyer la tache de vin laissée par Alexa, je jetai le magazine sur mon bureau.

Je ne savais pas pourquoi Alexa pensait que ces trucs marchaient, mais ce n'était pas eux qui allaient me dire mon avenir.

«Je suis prête à attendre un partenaire, et si cela signifie ne pas sortir pour se saouler et baiser des inconnus, alors d'accord», dis-je sèchement

Alexa leva les yeux au ciel. Elle venait de remettre le disque selon lequel je n'avais pas encore compris, et ça ne faisait qu'aggraver la situation. Ce n'était pas la première fois que nous avions cette conversation.

C'était à chaque fois la même chose.

«Tu es tellement... barbante!»

«Non», rétorquai-je en repoussant mes cheveux et en redressant mes épaules. «Je suis prudente et réfléchie.»

Elle leva à nouveau les yeux au ciel, puis Alexa se tint devant moi et me saisit les épaules.

Le sérieux dans ses yeux était un peu effrayant alors qu'elle me secouait légèrement, comme si cela allait peut-être me faire rentrer un peu de bon sens dans la tête, mais j’étais convaincue que j’avais raison.

«Tu dois faire quelque chose de fou...», dit-elle en haussant un sourcil comme l’aurait fait un tueur en série quand vous le suppliez de vous épargner.

Soudain, elle jeta un coup d'œil à mon bureau, où elle avait jeté son sac à dos en entrant. Je la regardai farfouiller dedans, tandis que s’entrechoquaient les bouteilles de vin qu'elle avait apportées avec elle.

«Tu es clairement ivre ou quelque chose comme ça», marmonnai-je en secouant la tête. «Tu te souviens quand j'ai laissé ces étrangers entrer dans ma maison et y rester cette fois-là?

Et puis ils ont disparu, et j'ai eu l'air d'une idiote!»

C'était la fois où Alexa avait essayé de me convaincre que le fait d'héberger des gens dans une des pièces de ma maison pour gagner de l'argent était une bonne idée, mais elle avait manifestement tort.

Ça la fit taire un moment. Jusqu'à ce que...

«Regarde!», souffla-t-elle, en brandissant un bout de papier en l'air. «Tu vas postuler pour ça!»

Je saisis le papier. Une photo couleur de l'Alpha de l'Amour y était imprimée. Il était beau et élégant, malgré ce qu’il faisait et que tout le monde savait.

En dessous était imprimé quelque chose à propos d'une sorte de concours.

«Il a abandonné l'idée de trouver sa partenaire, alors il organise une compétition pour voir qui deviendra la prochaine Luna! Elle peut être de n'importe quelle meute, y compris celle-ci. Ça pourrait être toi ou moi!»

L'enthousiasme n'était pas contagieux. En fait, je levai le nez. «Non merci.»

«Ecoute Aria, c'est l'Alpha. L'Alpha!» s'exclama-t-elle, les joues toutes roses. «Quand est-ce qu'on a le droit d'être près de lui, et encore plus dans son lit?»

«Jamais», grommelai-je.

Alexa poussait des cris et ça me faisait mal aux oreilles. Elle avait eu le béguin pour lui avant même qu'il soit nommé Alpha, quand elle avait découvert qu'il avait à peu près notre âge. Je ne pouvais pas le croire... une compétition pour gagner son amour?

«Exactement. Si l'une d'entre nous est acceptée, cela signifie richesse et gloire instantanées. Et... un Alpha sexy...»

Elle continuait. Encore et encore sur l'homme que je voyais comme un leader, plutôt qu'un amant. Je savais qu'il s’amusait avec beaucoup de filles, et il fallait reconnaître que je n'aimais pas ça.

Pourquoi voudrais-je aller me battre contre des filles qui le voulaient autant qu'Alexa, alors que tout ce que je voulais, moi, c'était trouver mon propre partenaire?

«Mais qu'en est-il de mon partenaire? Cela signifie abandonner tout espoir de le trouver », dis-je, exaspérée.

«Dommage! C'est un Alpha! J'ai postulé hier, et tu devrais le faire aussi!» insista-t-elle en posant son doigt sur la page.

En avalant ma salive, je lus les petits caractères. Une fille de chaque meute serait sélectionnée. Il n'avait pas vraiment de type, du moment qu'elle avait un vagin, supposais-je.

«Deux de chaque meute», répétai-je. «Ça veut dire qu'on a littéralement deux chances sur un million d'être sélectionnées.»

«C'est ce que je veux dire. La probabilité que tu sois sélectionnée est si faible que nous passerions un été dans cette meute», dit Alexa, tellement excitée qu'elle en tremblait.

Je soupirai et regardai par la fenêtre de ma chambre. La neige tombait paisiblement, et recouvrait les rues de l'hiver perpétuel dans lequel nous vivions.

L'été ne viendrait jamais... et je ne serais jamais choisie pour quelque chose comme ça.

«Si je le fais, tu ne diras rien?» demandai-je.

Alexa applaudit joyeusement. «Un million de fois, promis!»

«Très bien», dis-je d'un air détaché. «Je vais le faire.»