Alpha Bad Boys - Couverture du livre

Alpha Bad Boys

Renee Rose

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Chapter
15
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18+

Summary

C'EST À MOI DE LA PROTÉGER. À MOI DE LA PUNIR. ELLE EST À MOI.

Je suis un loup solitaire, et ça me convient très bien. Banni de la meute dans laquelle je suis né après un règlement de comptes sanglant, je n'ai jamais eu envie de trouver une compagne.

Et puis je rencontre Kylie. Ma tentation. Lorsque nous nous retrouvons enfermés dans un ascenseur ensemble, la panique manque de la faire s'évanouir entre mes bras. Elle est forte, mais traumatisée. Et elle cache quelque chose.

Mon loup veut la marquer et en faire sa compagne, mais elle est humaine et délicate: elle ne survivrait pas à une morsure de métamorphe.

Je suis trop dangereux pour elle. Je ferais mieux de garder mes distances. Mais lorsque je découvre qu'elle est la hackeuse qui a failli détruire mon entreprise, j'exige qu'elle se soumette à ma punition. Et elle le fera.

Kylie m'appartient.

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Chapitre un

Livre 1: La Tentation de l'Alpha

CG : Catgirl est passée par ici.

King1 : Je te vois.

CG : Joli code.

King1 : Tu le paieras. Pas de pitié pour le chaton.

CG : Oh oui, menace-moi, chéri.

— Conversation entre un hackeur et Jackson King, PDG et fondateur de SeCure, 2009

***

Kylie

Sacrée ironie, Batman.

Quand j’étais encore adolescente, j’ai piraté le site d’une entreprise et agité un drapeau de la victoire virtuel sous le nez de son fondateur et PDG. Neuf ans plus tard, je passe un entretien pour une place dans cette boîte. Et pas n’importe quelle place : dans l’infosec, c’est-à-dire la sécurité de l’information. Si je décroche le poste, je défendrai l’entreprise contre les hackeurs. Des hackeurs comme Catgirl, mon ancien alias de pirate informatique.

Et me voici, assise dans le luxueux hall d’entrée du siège international de SeCure, en train de me demander s’ils pourraient savoir qui je suis et si je vais sortir d’ici menottes aux poignets.

Un groupe d’employés en train de rire et de discuter passe à ma hauteur. Ils semblent détendus et heureux, comme s’ils se rendaient dans un club de vacances et non à leur bureau dans l’open space.

Bon sang, je veux ce travail.

Je me suis changée environ quatre-vingt-dix-sept fois ce matin, alors que je me fiche pas mal de ce que je porte d’habitude. Mais c’est l’entretien de ma vie, et j’ai tenu à ce que tout soit parfait dans le moindre détail, jusqu’à l’obsession. Finalement, j’ai opté pour un costume élégant composé d’une veste cintrée et d’une jupe courte et moulante. J’ai décidé de ne pas mettre de collants et de rester les jambes nues, mais j’ai une paire de talons sexy aux pieds. Sous la veste de costume, je porte ma chemise Batgirl préférée. Elle moule bien ma poitrine, et la petite chauve-souris rose à paillettes se love parfaitement entre les pans de ma veste.

La tenue crie « petit génie de l’informatique jeune et branchée », et la veste de costume est un clin d’œil au monde conservateur de l’entreprise. J’ai hésité entre des chaussures à talons et mes Converse, mais finalement, les talons ont gagné. Et c’est bien dommage, parce que lorsque Stu, mon contact, viendra me chercher, je devrai réussir à me lever et à marcher avec.

Si la hackeuse que j’étais plus jeune me voyait, elle me rirait au nez et me traiterait de vendue. Mais même elle partageait mon obsession pour Jackson King, le fondateur et PDG milliardaire de SeCure. Une obsession qui s’est muée en admiration, à laquelle s’ajoute une bonne dose d’attirance sexuelle.

Bon, d’accord, j’ai le béguin. Mais Jackson a tout pour plaire. Milliardaire philanthrope, la liste de ses accomplissements est longue et impressionnante. Sans oublier qu’il est super canon. Surtout pour un geek.

Et le seul moment que nous avons partagé, lorsque j’ai réussi à déjouer toutes ses mesures de sécurité et que nous nous sommes retrouvés face-à-face – enfin, curseur-à-curseur – est gravé dans ma mémoire comme la rencontre la plus torride de ma jeunesse. Je ne lui ai rien volé. Je voulais simplement savoir si je pouvais le faire, si j’arriverais à cracker le code du génie. Je suis partie dès qu’il m’a trouvée, et n’ai jamais pris le risque d’y retourner.

Maintenant, je pourrais bien avoir une nouvelle occasion de me mesurer informatiquement à King, et cette idée m’emballe carrément.

D’autant plus que cette fois, mes actions ne seraient pas illégales.

« Mlle McDaniel ? »

Je me lève brusquement, la main déjà tendue pour serrer celle de mon interlocuteur. Je ne chancelle que très légèrement sur mes talons. « Bonjour. » Merde, on dirait que je suis hors d’haleine. Je me force à décrisper mes épaules et lui serre la main en souriant.

« Bonjour, je suis Stu Daniels, le directeur de l’infosec à SeCure. » Il a tout d’un intello : paire de lunettes, chemise boutonnée jusqu’au col et pantalon de costume. Il doit avoir la trentaine. Ses yeux se posent sur la chauve-souris rose placée entre mes seins, puis il détourne le regard. Ce choix de chemise était peut-être une erreur.

Je continue de secouer sa main, certainement un peu trop longtemps. J’ai lu cinq livres sur les entretiens d’embauche pour me préparer pour aujourd’hui, mais pas moyen de me souvenir de ce que Les Entretiens professionnels pour les Nuls préconise en termes de durée de poignée de main. « Heureuse de faire votre connaissance. »

Heureusement, Stu n’est pas plus à l’aise que moi. Il baisse régulièrement les yeux. Pas comme s’il voulait se rincer l’œil, plutôt parce qu’il est trop timide pour me regarder trop longtemps dans les yeux. « Si vous voulez bien me suivre, l’entretien se déroulera au sixième étage. »

En plus d’une cybersécurité impénétrable, la forteresse matérielle de SeCure est également bien protégée. Lorsque je me suis présentée à la réception, dans le hall au sol en marbre étincelant, on m’a dit d’attendre la personne qui « m’escorterait » jusqu’à mon entretien.

J’emboîte donc le pas à mon escorte. « Vous avez un beau bâtiment. »

D’accord, c’était nul. Je ne suis pas douée pour meubler les conversations. Genre, vraiment pas douée. Je n’aurais peut-être pas dû passer les huit dernières années à fuir toute interaction sociale. On ne devrait pas demander aux geeks qui travaillent dans l’informatique de passer des entretiens comme les gens normaux. Ils devraient juste avoir un test à passer en ligne, ou un site à hacker. Mais SeCure est vraisemblablement déjà au courant de mon talent pour cracker des codes. Du moins, c’est ce que la recruteuse m’a fait comprendre. J’ai failli m’étouffer avec mon café lorsqu’elle m’a appelée à l’improviste. J’ai même cru qu’un de mes anciens compatriotes en ligne me faisait une farce. Mais non, c’était bien réel.

Et puis, la probabilité pour qu’une personne de mon ancienne vie me retrouve est quasiment nulle. Du moins, je l’espère.

Stu me guide jusqu’aux ascenseurs et presse le bouton d’appel. Les portes d’un des ascenseurs s’ouvrent et révèlent un homme vêtu d’un costume élégant, la tête baissée sur son téléphone. Grand, avec de larges épaules, il occupe une bonne partie de la cabine. Il se décale sur le côté pour nous faire de la place sans lever les yeux.

Stu me laisse passer en premier, et je refoule mon sentiment de panique. C’est un ascenseur étroit, mais pas trop non plus. Je peux y arriver. Si j’obtiens le poste, je veillerai à trouver les escaliers.

Je me concentre sur les boutons lumineux en priant pour que la montée ne dure pas trop longtemps.

Avant que mon escorte ne monte à bord, quelqu’un l’interpelle.

« Un instant, » me dit Stu. Une jeune femme s’approche, suivie de près par deux autres personnes. « Stu, le réseau Galileo a planté ce matin... »

Super. Exactement ce qu’il me fallait – passer plus de temps dans un ascenseur. Je déglutis et essaie d’ignorer les fourmillements sur ma peau. Une crise d’angoisse ne ferait pas bonne impression.

Stu retire son pied posé dans l’ascenseur tandis que la jeune femme ouvre son ordinateur portable pour lui montrer quelque chose.

Les portes se referment en cliquetant, et l’ascenseur commence à monter. Et voilà, j’ai perdu mon escorte. Sécurité renforcée, tu parles.

J’appuie sur le bouton du sixième étage. Je sais où je vais. Plus vite je serai sortie de cette boîte infernale, mieux ce sera.

Nous sommes à la moitié du chemin lorsque les lumières vacillent. Une, deux fois, puis s’éteignent.

« Qu’est-ce que... » Je ne termine pas ma phrase pour me concentrer sur ma respiration. J’ai une fenêtre d’environ dix secondes avant de péter complètement les plombs.

Le type en costume à côté de moi grommelle quelque chose. La lumière de son téléphone projette une lueur bleue inquiétante sur les murs.

L’ascenseur s’arrête brutalement.

Oh non. Ça y est. Mon cœur tambourine contre mes côtes ; mes poumons tentent d’inspirer de l’air, en vain.

Arrête, j’intime à ma panique. ~Ce n’est rien. L’ascenseur va redémarrer dans une seconde. Tu n’es pas coincée ici.~

Mon corps ne me croit pas. Mon estomac se noue, mes mains deviennent moites. Tout s’assombrit. Soit ma vue a baissé, soit le type vient de mettre son téléphone contre son oreille. Je flageole sur mes jambes.

Le mec baraqué pousse un juron. « Ça ne capte pas ici. »

Je ne tiens plus sur mes pieds et dois m’accrocher à la barre. Ma respiration sort en petits halètements rapides.

« Hé. » L’homme a une voix bien assortie à sa stature, grave et puissante. En d’autres circonstances, je la trouverais sexy. « Vous êtes en train de paniquer ? » demande-t-il avec un léger dédain.

C’est pas ma faute, mon gars. « Ouais. » Le mot sort à peine, dans un souffle. Je m’agrippe à la rampe de plus belle.

Reste debout. Ne t’évanouis pas. Pas maintenant. Pas ici.

« Je n’aime pas les endroits exigus. » Un bel euphémisme.

L’ascenseur a-t-il bougé, ou est-ce mon corps qui est en train de perdre le contrôle ? Une vieille panique familière s’empare de moi. Je vais mourir ici. Je ne sortirai jamais de là.

Deux grandes mains me poussent contre le mur de l’ascenseur et appuient contre mon sternum. « Qu-qu’est-ce que vous faites ? je m’écrie.

— C’est un point qui apaise. » Sa voix est calme, comme s’il poussait régulièrement des filles en train d’hyperventiler contre les murs. « Ça fonctionne ?

— Ouais. Quand un type bizarre me tripote, ça me calme toujours. »

Je m’étais promis de ne pas laisser ma nature sarcastique se montrer avant d’avoir décroché cet emploi, mais la voilà qui revient au galop. Être à deux doigts de s’évanouir fait cet effet à une fille.

« Je ne vous tripote pas.

— C’est ce qu’ils disent tous, » je marmonne.

Son petit gloussement cesse avant même de commencer, presque comme s’il n’avait pas voulu le laisser échapper.

Qui est ce type ?

Mon rythme cardiaque se calme, mais j’ai toujours la tête qui tourne. Aucun homme ne s’est encore jamais tenu aussi près de moi. Et encore moins touchée de la sorte. À quelques centimètres près, il serait en train de toucher mes seins.

En voilà, une idée. Des sensations que je n’avais jamais ressenties hors de l’intimité de ma chambre me traversent.

« Non pas que ça me dérange que vous me tripotiez, je bredouille, mais vous pourriez commencer par m’inviter à dîner — »

Ses mains se détachent de mon sternum si vite que je bascule en avant. Avant que je ne tombe par terre, il me rattrape par les épaules et me retourne, puis il m’entoure de ses bras par derrière et recommence à appuyer sur mon plexus solaire.

« Et comme ça ? demande-t-il d’une voix amusée. C’est mieux ? Je ne voudrais pas que ma bonne action me vaille un procès pour harcèlement sexuel. »

Mon Dieu, sa voix. Ses lèvres sont tout contre mon oreille. Il n’est pas en train d’essayer de me séduire, mais, oh là là, rien que les mots « harcèlement sexuel » enflamment mon corps.

« Désolé, je murmure d’une voix étranglée. Je ne voulais pas vous accuser. En fait... je vous remercie. »

Il ne bouge pas pendant un moment, et je respire, entourée de ses mains fermes qui me maintiennent, me protègent. Et tout ce que j’arrive à penser, c’est... Ouah. Je pensais que faire une crise de panique serait terrible. Et maintenant, je suis coincée dans un ascenseur, dans les bras d’un parfait inconnu. Complètement excitée. C’est comme si ma chatte était déconnectée de mon corps. Les autres parties sont toujours paniquées, je me tords les mains d’angoisse, mais ma foune pense que se faire manipuler par un inconnu dans un ascenseur sombre est une bonne raison pour devenir toute chose.

« Vous devriez vous asseoir. »

Apparemment, je n’ai pas le choix, parce qu’il me pousse vers le sol avec une pression stable et inexorable. Une fois par terre, il m’appuie contre le mur, ses mains fermes mais pourtant douces me déplaçant comme si j’étais une poupée. J’ai une réplique cinglante sur le bout de la langue – Je suis une grande fille, pas une Barbie –, mais être assise me fait du bien. Malgré son comportement digne d’un homme des cavernes, il prend soin de moi. Ses mains contre mon sternum me manquent presque.

« Où est-ce que vous avez appris à faire ça ? » je demande, surtout pour me distraire du fait que je suis coincée dans un espace minuscule avec un type qui n’a pas hésité à poser ses mains sur moi. Et ça ne me dérange pas du tout, même si j’aimerais arriver à me souvenir à quoi il ressemble. Tout ce dont je me rappelle, c’est de ses joues mal rasées et de son air impatient. J’étais trop occupée à m’encourager à prendre l’ascenseur pour faire attention.

« En passant des années à terrifier des femmes dans des coins sombres. »

Ah. Un autre amateur de l’humour pince-sans-rire. Il me plaît encore plus. « Merci, » je murmure après un moment.

Il s’assied près de moi, sa veste de costume frôle la mienne. « Tu flippes toujours.

— Oui, mais ça va mieux. Je pense que ça m’aiderait de parler. On peut parler ?

— D’accord. Debuis guand affez-ffous ce broblème ? » demande-t-il en prenant un accent allemand pour imiter Freud.

***

Jackson

La jolie humaine rit si fort qu’elle manque de s’étouffer. Elle continue de glousser pendant un moment, de manière un peu hystérique. Chaque fois qu’elle essaie de parler, un nouvel éclat de rire l’en empêche. Finalement, elle parvient à articuler : « Je voulais dire, parler pour me changer les idées. Parler d’autre chose. »

Je ne blague jamais, et encore moins au travail, mais cette brune aux longues jambes vêtue d’une minijupe moulante met mon corps en émoi de manière délicieuse. Ça va mieux depuis que je ne la touche plus. Quand mes mains étaient posées sur son corps, l’électricité qui circulait entre nous enflammait ma peau. Les sensations de démangeaison et de brûlure, synonymes de la mutation, me sont tombées dessus aussi rapidement et violemment que si j’étais un jeune loup adolescent en train d’apprendre à muter. J’étais à deux doigts de lui écarter les cuisses, de remonter sa jupe minuscule jusqu’à sa taille et de la posséder sur place.

À vrai dire, mes sens lupins sont devenus dingues dès qu’elle est montée dans l’ascenseur. Il m’a fallu beaucoup de maîtrise pour ne rien laisser paraître et me contenter de l’observer. Son parfum m’enivre, me rappelle une fleur exotique qui attend d’être cueillie. Pourtant, elle est résolument humaine. Tout ça n’a aucun sens. Il n’y a aucune raison pour qu’elle m’attire, à part le fait qu’elle est sublime. Je n’avais encore jamais été attiré par une humaine – Bon Dieu, je n’ai même presque jamais ressenti de désir pour une louve, même pendant la pleine lune.

Pour ne rien arranger, ça l’a excitée que je la touche. L’odeur de son désir emplit l’espace confiné. Pour la première fois de ma vie, mes crocs se sont allongés. Ils sont enduits de sérum, prêts à plonger dans sa chair pour la marquer comme mienne pour toujours.

Mais c’est absurde. Je ne peux pas marquer une humaine : elle n’y survivrait pas. Cette humaine, bien que magnifique, ne peut pas devenir ma compagne.

Je la regarde à la dérobée, profitant de l’avantage indéniable de voir dans le noir, contrairement à elle. Elle est divine, de toutes les manières imaginables. De longues jambes fines, un cul qui remplit sa petite jupe, et les seins de Batgirl. Enfin, sa chemise est ornée d’une petite chauve-souris rose sexy sur le devant, juste en dessous de ses seins fermes. Sans trop savoir pourquoi, cette chauve-souris me rend fou. Une petite superhéroïne canon, qui ne demande qu’à rencontrer celui qui saura la dominer.

J’imagine que ça fait de moi le méchant de l’histoire.

« Comment tu t’appelles ? demande-t-elle.

— J. T., je réponds après une hésitation.

— Moi, c’est Kylie. Je suis ici pour passer un entretien d’embauche. J’étais déjà nerveuse en arrivant. »

Ce n’est pas mon genre de me montrer sympa. Je décourage mes employés de discuter avec moi sauf pour me transmettre des informations professionnelles, et en allant à l’essentiel. Mais pour une raison qui m’échappe, sa faible tentative de conversation ne me dérange pas. Ce qui ne signifie pas pour autant que je prendrai la peine de lui répondre.

Je suis trop occupé à persuader mon loup de ne pas lui sauter dessus.

Elle refait une tentative. « Tu bosses dans quel service ? »

Je ne compte pas lui dire que je suis le PDG. « Marketing. » Ma voix trahit tout le dégoût que m’inspire le marketing. Pourtant, c’est vrai que la majeure partie de mon temps est désormais dédiée au marketing ou à la gestion. Je préfèrerais de loin programmer et ne jamais avoir à interagir avec quiconque.

Elle éclate de rire, un joli petit son rauque. Bien qu’elle ne puisse pas me voir, elle jette de petits coups d’œil dans ma direction avec un air fasciné. Ses cheveux châtains épais et soyeux tombent en cascades ondulées sur ses épaules. Il fait trop sombre pour que je distingue la couleur de ses yeux, mais ses lèvres rondes sont recouvertes de gloss, et la manière dont elle les a entrouvertes me donne envie de posséder cette bouche sensuelle.

« Un de ces types, hein ? C’est triste. »

Je souris – fait rarissime. Elle m’a déjà fait rire, ce qui ne m’était pas arrivé depuis une vingtaine d’années.

« Tu passes un entretien dans quel service ?

— L’infosec. »

Une intello sexy. Intéressant. Elle doit posséder des compétences hors pair pour avoir décroché un entretien. Mon entreprise est la meilleure au monde dans la sécurité de l’information.

« Tu as beaucoup d’expérience dans le domaine ?

— Un peu. » Sa réponse évasive me laisse penser qu’elle doit être plutôt calée.

L’électricité a sauté depuis un bon moment, au moins dix minutes. Je sors mon téléphone de ma poche et essaie une nouvelle fois d’appeler ma secrétaire, mais je n’ai toujours pas de réseau.

« Tu crois qu’on va rester coincés ici longtemps ? » demande-t-elle, et sa voix tremble sur le mot coincés.

Par le ciel, je n’avais encore jamais eu envie de prendre la main d’une femme. Le col de ma chemise me serre. Bon sang, je maudis mon costume-cravate. Bien sûr, je le maudis tous les jours, mais j’ai rarement le choix de porter autre chose, même si c’est ma foutue entreprise. Depuis qu’elle a atteint une certaine réussite, je dois me conformer au code vestimentaire du monde des affaires lorsque j’ai des réunions à l’extérieur – même à Tucson, ville célèbre pour sa décontraction.

Ma petite programmeuse, en revanche, a tapé juste avec sa tenue. Le mélange parfait entre le style hipster, avec la chauve-souris sur la poitrine et ses jambes nues, et le côté business grâce au costume et aux chaussures à talons. Je ne sais pas à quel moment j’ai commencé à penser à elle comme ma petite quoi que ce soit, mais c’est le cas. Dès qu’elle a mis un pied dans l’ascenseur et que j’ai senti son odeur, mon loup s’est mis à crier ~à moi~.

« Tu crois que ça peut prendre des heures ? Ça peut pas durer des heures, si ? » Elle recommence à perdre son souffle. Je dois me retenir à grand-peine de l’asseoir sur mes genoux et de la serrer contre moi jusqu’à ce qu’elle cesse de trembler.

« Arrête, sinon je vais devoir recommencer à te tripoter. » Bon, je n’aurais vraiment pas dû dire ça, même si c’est elle qui a employé le terme en premier. Mais ma remarque a eu l’effet escompté.

Elle laisse échapper un rire, ce qui modifie sa respiration hachée et l’aide à se détendre.

« Alors, tu es nerveuse pour l’entretien ? » je demande. Le papotage n’est pas mon fort, mais apparemment, je suis prêt à tout pour la rassurer. Ou peut-être que je veux juste entendre à nouveau sa voix. « Tu n’as pas l’air stressée.

— Tu veux dire, à part la crise de nerfs dont tu me distrais avec brio ? »

Mon loup roule des mécaniques en entendant son compliment.

« Je vais te révéler un secret, » dit-elle, et les muscles de mon bas-ventre se contractent presque douloureusement au son de sa voix. Elle est en train de me séduire, et elle n’en a absolument pas conscience.

Bavarder était peut-être une mauvaise idée.

« D’accord, je réponds après quelques secondes.

— Je n’ai encore jamais eu de vrai travail. Enfin, je travaille en ce moment, mais depuis chez moi. Je n’ai encore jamais travaillé dans un bureau comme celui-ci.

— Tu penses que tu y arriverais ?

— Il y a cinq ans, l’idée m’aurait fait vomir. Mais pour être sincère, SeCure est la seule entreprise pour laquelle j’accepterais de porter un costume et des talons. »

Et tous les hommes présents dans le bâtiment en remercient le ciel. « Pourquoi ça ?

— SeCure représente le nec plus ultra de la sécurité informatique. Jackson King est un génie. Je suis son travail depuis mes dix ans. »

J’essaie d’empêcher mon loup de se pavaner. « Tu es sûre de vouloir troquer ton pyjama pour venir travailler dans un bureau tous les jours ?

— Ouais. Ça me donnera une bonne raison de sortir de chez moi. La programmation peut être un peu solitaire. Je ne travaille jamais aussi bien que lorsque je suis seule, mais ce sera peut-être sympa d’être entourée de personnes qui me ressemblent. De trouver ma tribu. De me sentir normale, tu sais ? »

Non, je ne sais pas. Je n’ai plus de tribu depuis que j’ai quitté la meute dans laquelle je suis né, ma fourrure imbibée du sang de mon beau-père.

Une entreprise composée d’humains est un piètre substitut.

« Si tu passes un entretien pour le département d’infosec, tu dois être douée, dis-je pour ne plus penser à ces mauvais souvenirs.

— Je code depuis que je suis gamine, répond-elle d’un ton détaché qui me donne une fois de plus l’impression qu’elle minimise son talent. Être geek depuis l’adolescence m’a définitivement disqualifiée pour être normale.

— La normalité est surfaite. Tu as juste besoin de trouver ta meute.

— Meute ?

— Je voulais dire tribu.

— Non, meute, ça me plaît. Ça fait de moi un loup solitaire. » J’entends un sourire dans sa voix, et ravale un commentaire acerbe. Être un loup solitaire n’est pas aussi cool que c’en a l’air. Même si c’est tout ce que je mérite.

« Alors..., reprend-elle avec la voix de quelqu’un qui attendait de poser cette question, tu as déjà rencontré Jackson King ? »

Je me retiens de sourire, même si elle ne peut pas le voir.

« Mmm. Oui, quelques fois.

— Il est comment ?

— Difficile à dire, je réponds en haussant les épaules dans l’obscurité.

— Difficile à dire parce qu’il ne révèle pas grand-chose ? »

Je ne réponds pas.

« C’est ce que j’ai entendu dire. Alors, c’est plutôt un geek du genre mal à l’aise, ou du genre flippant ? »

J’ignorais qu’il existait plusieurs sortes de geeks. Je ne me considère pas comme un geek, mais, en tant que métamorphe, j’estime que je n’appartiens à aucune catégorie humaine.

« Je miserais plutôt pour le genre flippant, continue-t-elle. Parce qu’aucun homme aussi séduisant ne devrait être à ce point antisocial. Je veux dire, il doit avoir de sacrés défauts. D’après les rumeurs, il n’a jamais eu de copine. Il paraît qu’il n’a aucune vie sociale, qu’il ne sort jamais. Un véritable ermite. Il doit avoir des problèmes. Ou alors, il est homo. Je parie qu’il est du genre à garder son petit ami attaché dans un placard, et qu’il l’en sort le soir pour le fouetter. »

Une fois de plus, je souris presque. Je te montrerai ce que fouetter veut dire, petite Batgirl.

« On dirait que tu en sais beaucoup sur lui.

— Oh... Je, euh... J’imagine qu’il m’intéresse. C’est une sorte de célébrité pour les geeks. Son code d’origine était du génie à l’état pur, surtout pour l’époque. »

Cette fois, je m’autorise un sourire. Son opinion sur moi, mis à part la partie où elle me prend pour un homo qui fouette son copain, fait battre mon cœur plus fort. Une autre anomalie. Je n’aime pas l’attention, et elle a raison : je ne divulgue aucune information personnelle. J’ai un secret trop important à cacher. Pourtant, l’intérêt qu’elle me porte fait faire des pirouettes à mon loup.

À moi.

« Alors, tu es quel genre de geek ? je demande.

— Apparemment, le genre qui jacasse comme une pie devant des types bizarres quand elle est coincée dans un ascenseur. Mais je suis sûre que tu avais déjà remarqué. Désolée... D’habitude, je sais tenir ma langue, même mieux que la plupart des gens. Heureusement qu’on ne peut pas se voir, parce que je me suis vraiment ridiculisée ce matin. »

Il m’est de plus en plus difficile de ne pas l’embrasser. Je n’ai jamais été aussi heureux d’être assis auprès d’une humaine et de l’écouter bavarder. Ça ne dérange même pas mon loup d’être enfermé depuis plus de dix minutes. En temps normal, il gronderait pour se libérer et affronter le danger. Ce qui pourrait s’avérer mortel.

Mon loup semble plus intéressé par l’idée de protéger cette adorable humaine au tempérament fougueux. Il m’a fallu un moment pour le reconnaître, mais maintenant que c’est fait, mon pouls s’accélère et je dois me retenir de poser mon bras autour de ses épaules et de la serrer contre moi. Surtout lorsqu’elle s’appuie contre moi.

« Tu pourrais peut-être accepter de ne pas me regarder quand la lumière revient, comme ça on pourra se rencontrer vraiment plus tard, dans un autre contexte. »

Je ne réponds pas.

« Avec un peu de chance, je ne raconterai pas d’âneries pendant mon entretien et je ne ferai pas tout foirer.

— Tu veux vraiment ce poste ?

— Oui, vraiment. C’est bizarre, parce qu’il y a huit ans, si tu m’avais dit que je voudrais travailler pour SeCure un jour, je t’aurais ri au nez. Il faut croire que j’ai changé. Pour moi, Jackson King et la société qu’il a créée représentent ce qu’il y a de mieux en code d’infosec, et je veux en faire partie. »

Les lumières se rallument en vacillant, et l’ascenseur reprend son ascension. Merde.

« Oh, Dieu merci, » soupire-t-elle en se remettant debout.

Je l’imite.

Lorsqu’elle se tourne pour me regarder, son sourire se fige.

Surprise.

Elle pâlit et trébuche en arrière.

La lumière illumine sa beauté. Une peau parfaite. Des lèvres pulpeuses. De grands yeux. Des pommettes hautes. Et, oui... ses seins et ses jambes ont aussi belle allure que dans le noir. C’est une bombe. Et elle a compris qui je suis, ce qui me donne l’avantage.

« Tiens, tu ne parles plus.

— J. T., » marmonne-t-elle avec amertume. Elle me foudroie du regard, comme si j’étais celui qui avais parlé sur son dos, et non l’inverse. « Que signifie le T ?

— Thomas. » Ma mère m’a donné un prénom résolument humain.

L’ascenseur s’immobilise au sixième étage, et la porte s’ouvre. Elle ne bouge pas.

Je maintiens les portes ouvertes et lui fais signe de sortir. « Je crois que c’est ton étage. »

Elle ouvre la bouche, puis la referme. Elle redresse les épaules et me dépasse, deux points rouge vif sur les joues. Adorable.

Même si je suis en retard pour au moins une vingtaine de réunions, je la suis. Pas parce que mon corps refuse d’être séparé d’elle. Certainement pas parce que j’ai besoin d’en savoir plus à son sujet. Juste pour la tourmenter encore un peu par ma présence, maintenant qu’elle sait qui je suis.

« Mlle McDaniel, vous voilà, » dit Stu. Il attend devant les ascenseurs après être probablement monté par les escaliers. Luis, le chef de la sécurité de SeCure, l’accompagne. Il fait signe à un de ses hommes, qui prend place devant l’ascenseur pour empêcher quiconque de monter.

« Des réparateurs sont en route, M. King, déclare Luis. Ce sera réparé très vite. Et je vois que vous avez escorté Mlle McDaniel.

— Je ne voulais pas la laisser seule, intervient Stu avec un regard coupable. J’ai pris les escaliers pour m’assurer d’être là lorsqu’elle sortirait. » À l’entendre, on croirait qu’il mérite une médaille pour son action héroïque.

Je ne réponds pas.

« Je me charge de la suite, ajoute-t-il. Je suis navré de vous avoir dérangé.

— Je vais assister à l’entretien, » dis-je, me surprenant moi-même.

Stu et Kylie tournent brusquement la tête vers moi et me dévisagent. Kylie rougit jusqu’aux oreilles et cligne ses grands yeux bruns. À la lumière, ils ont une teinte chaude, brun-chocolat, avec des paillettes dorées au centre. Un regard incroyable.

Sa gêne ne dérange pas l’alpha en moi. J’ai l’habitude que les gens ne sachent plus où se mettre en ma présence. Mais mon loup n’apprécie pas le soupçon de colère dans son odeur. J’ai des excuses sur le bout de la langue – une autre première. Jackson King ne s’excuse pas. Et en plus, je ne lui dois pas d’excuses. Si ça ne tenait qu’à moi, je la traînerais dans la salle de conférence la plus proche, lui donnerais une fessée pour son commentaire sur le fouettage de petit copain, puis je passerais les trois heures suivantes à lui apprendre le plaisir avec ma langue. Je la lècherais jusqu’à ce que ses cris de jouissance avertissent toutes les personnes dans le bâtiment qu’elle est à moi. Ça lui ferait oublier son agacement et sa nervosité. Ou bien est-ce du désir ?

« Oh, ce n’est qu’un entretien ordinaire, pas besoin de perdre votre temps, » déclare Stu.

Mais je refuse de laisser Stu – ou n’importe quel autre mâle – rester seul avec elle.

Luis se racle la gorge pour avertir son collègue qu’il est sur le point de me contrarier.

« C’est moi qui décide comment j’occupe mon temps, je rétorque avec un regard sévère. On va dans la salle de conférence, ou est-ce que l’entretien se déroule dans le couloir ? »

Stu se renfrogne comme si je venais d’interrompre sa petite fête privée.

***

Kylie

Sacrée gêne, Batman. Et moi qui comptais réussir cet entretien haut la main. Je ne pensais pas que ça pourrait être pire, mais être prise en étau dans une guéguerre entre Stu et Jackson est un autre moment inoubliable dans cette journée pourrave. Je n’arrive pas à croire que je viens de péter un câble en présence de ~Jackson King.~ Et que je me suis épanchée comme une collégienne, à me demander quel genre de geek il est, s’il est homo, et ~oh mon Dieu est-ce que j’ai vraiment insinué qu’il fouettait ses partenaires ? ~Putain, mais qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Même ~Les Entretiens professionnels pour les Nuls ~ne peut plus rien pour moi.

Bien sûr, il m’a laissée croire qu’il n’était pas le PDG. Une action digne d’un connard, vraiment. Je devrais lui en vouloir, mais non, je suis toujours troublée qu’il m’ait touchée. Dommage que se faire peloter par Jackson King ne fasse pas partie des attributions de ce poste.

Merde, je veux vraiment, vraiment ce job. Pelotage mis à part, SeCure est le top de la cybersécurité. Adolescente, cette entreprise représentait le hack ultime. Et, après presque dix ans passés à me planquer, j’ai l’impression de rentrer chez moi. Comme si j’avais passé ma vie à me préparer pour ce moment. Maintenant que je suis sortie de l’ombre, je peux enfin prendre la place qui me revient.

Le fait de travailler pour Jackson King n’a rien à voir. Enfin, peut-être un tout petit peu. Mon corps ne rechignerait certes pas à se retrouver sous ses ordres. Seigneur, je dois arrêter d’imaginer ses mains posées sur moi...

Le combat de regard entre Stu et Jackson a assez duré.

« Où est la salle de conférence ? » je demande d’une voix aiguë. J’inspire plusieurs fois et suis Stu dans une grande salle. Je peux y arriver. J’ai réussi des choses bien plus difficiles : participer à des cambriolages de grande envergure à douze ans, perdre ma mère et mon père, rester coincée dans un conduit de ventilation pendant dix heures... à côté, ceci n’est rien. Juste un entretien.

Je m’assieds, et les trois hommes s’installent en face de moi. Les fauteuils sont larges et confortables, mais presque trop petits pour la silhouette musclée de Jackson. Il fait pivoter son siège vers moi sans me quitter des yeux. Même assis, cet homme reste intimidant.

Je m’autorise à froncer légèrement les sourcils dans sa direction. Il m’a menti. Et maintenant, il me force à passer mon entretien en sa présence. Comme si cette journée n’était pas déjà assez gênante.

Il hausse les sourcils en remarquant mon regard noir.

Mais pourquoi ai-je déblatéré toutes ces idioties dans l’ascenseur ? C’est comme si j’avais avalé un sérum de vérité.

Il s’agit peut-être d’un des superpouvoirs de Jackson : faire dire aux gens tout ce qui leur passe par la tête. Je n’ai jamais été aussi sincère avec personne. J’ai raconté des millions de mensonges, mais il a suffi qu’il me réconforte pendant une crise de panique pour que j’oublie tout mon entraînement. S’il était encore en vie, mon père me passerait un savon.

Stu parcourt des documents et tend une feuille à M. King. « Voilà son CV, dit-il. Vous pouvez constater que ses qualifications sont plutôt impressionnantes. »

Stu surestime clairement mon CV. Certes, j’ai obtenu mon diplôme en informatique avec mention à l’université de Georgetown – après avoir convaincu la fac de me laisser suivre tous mes cours en ligne –, mais mon expérience professionnelle se résume à coder pour la société de jeux dans laquelle je travaille actuellement. Du moins, c’est la seule expérience légale à mon actif. J’en ai de nombreuses autres dont je ne peux pas parler. Résultat : je ne paie pas de mine sur le papier.

« Tous ses professeurs lui ont écrit des lettres de recommandation élogieuses, » poursuit Stu, l’air un peu mal à l’aise.

Mais il est loin d’être aussi gêné que moi. Et le fait que Jackson King me fixe comme s’il connaissait tous mes secrets n’aide en rien. Quelle idée terrifiante.

« Vous voulez commencer ? » demande Luis à King.

King s’assied dans le fond de son siège et croise ses longues jambes élégantes. Merde. J’ai toujours bavé sur les photos de lui trouvées sur Internet, mais il est encore plus séduisant en personne. Les photos ne lui rendent pas justice, pas même l’article en double page dans Time Magazine qui l’a sacré « Homme de l’année » pour avoir résolu les problèmes mondiaux de fraude à la carte bancaire. En fait, il n’a pas du tout l’air d’un geek. Avec ses épais cheveux noirs, qu’il porte assez longs et un peu décoiffés, sa mâchoire carrée et ses yeux verts dont la couleur rappelle le jade, sa beauté est sauvage et virile. Il dégage aussi quelque chose de dangereux, sa puissance à peine contenue dans son costume hors de prix.

Il me regarde droit dans les yeux, ses traits impassibles. « Que savez-vous de l’infosec, Kylie ? »

Je croise les doigts sur la table. Pas la peine d’avoir l’air nerveuse. J’ai foiré toutes mes chances d’obtenir ce poste lorsque je l’ai traité de sociopathe pervers dans l’ascenseur. Il veut probablement se venger, et me faire subir l’entretien le plus gênant de tous les temps est sa forme de torture favorite.

Et puis merde. Je n’aurai pas le poste. Pourquoi rester et souffrir ?

Je repousse ma chaise et me lève. « Vous savez quoi ? Je pense que ce n’est pas une bonne idée. »

Stu se dresse immédiatement, l’air énervé.

« Pourquoi pas ? Attendez une minute.

— Je suis désolée de vous avoir fait perdre votre temps. »

Stu s’interpose entre la porte et moi, comme s’il comptait m’empêcher de sortir. Il risque probablement de perdre son emploi s’il ne pourvoit pas le poste. C’est pas mon problème, mon pote. Que compte-t-il faire, me plaquer au sol si j’essaie de passer ?

« À vrai dire, je pense que j’ai loupé cet entretien dans l’ascenseur, donc je préfère m’en aller. Merci...

— Asseyez-vous, Mlle McDaniel, » ordonne King, sa voix grave et sonore aussi froide et dure que de l’acier.

Je me fige. Merde, il est encore plus sexy quand il se montre autoritaire. Comme dans l’ascenseur, mon corps réagit. Mes tétons se dressent, et ma chatte s’humidifie.

Ses narines se dilatent comme s’il pouvait le sentir. Mais c’est absurde. Il est toujours assis, mais qui détient le pouvoir dans la pièce ne fait aucun doute.

Je pose la main sur le dossier de ma chaise, un peu chancelante. Et pas seulement à cause de mes talons. « Oui, monsieur, je murmure en me rasseyant.

— Merci. Je vous ai posé une question, et j’attends une réponse. »

Quel enfoiré. Il est déterminé à me faire souffrir. Je frotte l’ongle de mon pouce contre le gras de mon index, puis pose les mains sur mes genoux pour arrêter de gesticuler.

« Monsieur King, je vous présente mes excuses pour ce que j’ai dit dans l’ascenseur. C’était déplacé et... irrespectueux. »

L’expression de King ne change pas. Il continue de me dévisager froidement. « Répondez à la question. »

D’accooord. Apparemment, il va juste ignorer mes excuses. Je lui lancerais bien une réplique acerbe, mais je me suis promis de tenir ma langue. « Mes connaissances en infosec sont principalement pratiques. Vous ne les verrez pas sur mon CV, mais je connais tous les domaines de la sécurité ; comment identifier des faiblesses, masquer un code... Aucun code n’est impénétrable, à part peut-être le vôtre.

— Combien de temps vous faudrait-il pour pirater un compte Gmail ordinaire ?

— Ce serait illégal, monsieur King, je réponds en m’autorisant un petit sourire.

— Vous savez le faire, oui ou non ? »

Il sait. La pensée fait irruption dans mon esprit, et je me dandine sur ma chaise. Il a compris que je suis Catgirl. ~Non, c’est idiot~. Tous les professionnels de l’infosec savent probablement hacker. C’est même possiblement une des conditions pour être embauché. Comme ces entreprises de sécurité du domicile qui engagent des cambrioleurs repentis pour améliorer leurs systèmes.

Ce n’est pas comme si le moindre système de sécurité, matériel ou virtuel, m’avait jamais résisté. Même si mes compétences sont peut-être un peu rouillées. Mes années de cambriolage ont pris fin avec la mort de mon père.

« Si je savais hacker, monsieur King, je ne l’admettrais pas ouvertement, et c’est pour ça que vous ne le verrez pas sur mon CV. Mais en théorie, si je souhaitais pirater un compte Gmail ordinaire, ça me prendrait entre dix et vingt minutes.

— Nous ferons passer une série de tests à Mlle McDaniel après l’entretien, intervient Stu avec un sourire crispé avant de se tourner vers moi. Et si vous nous parliez un peu de votre expérience en programmation ? »

King a l’air de s’ennuyer autant que moi tandis que je récite mes accomplissements en programmation. Luis me cuisine avec toutes les questions standard d’entretien : est-ce que je travaille bien sous la pression ? En équipe ? Suis-je prête à travailler de nuit et à faire des heures supplémentaires au besoin ? À déménager de Phoenix pour m’installer à Tucson ?

Je réponds machinalement tout en observant discrètement Jackson King. Il n’a pas posé d’autre question. À quoi pense-t-il ? Est-il toujours en rogne à cause de ce que j’ai dit dans l’ascenseur ?

« Avez-vous des questions pour nous ? me demande Luis.

— Combien de candidats postulent pour ce poste ? »

Stu farfouille dans ses papiers pendant que les deux autres hommes se tournent vers lui, attendant sa réponse. « Trois.

— Quand puis-je m’attendre à recevoir une réponse ? » C’est sûrement un peu présomptueux, mais mon assurance est tout ce qui me reste.

« Dans quelques jours. Nous faisons passer les entretiens à tout le monde aujourd’hui.

— Dans ce cas, vous feriez bien de réparer cet ascenseur, je lance d’une voix plus décontractée que je ne le suis.

— Si vous voulez bien me suivre, je vais vous accompagner jusqu’au bureau où vous passerez les tests, » dit Stu en se levant.

Dieu merci. Les tests ne me font pas peur. Je n’ose pas regarder King en passant, mes joues sont toujours brûlantes. Je suis Stu en rentrant la tête dans les épaules. Lorsque j’arrive à la porte, je me risque à jeter un coup d’œil dans sa direction.

King est en train de me regarder, un petit sourire au coin des lèvres.

Quel sadique. Il a aimé me mettre mal à l’aise.

***

Jackson

Je regarde les long mollets musclés de Kylie tandis qu’elle sort de la pièce. Son cul a une forme de cœur parfait dans sa minijupe moulante. Mon loup continue de perdre la boule, griffe et renâcle pour sortir. Je ne l’ai jamais laissé s’exciter autant, encore moins au bureau. Mais il n’y avait jamais eu une tentation comme Kylie.

Je force mes pensées à se concentrer sur le travail. Du moins, les parties du travail qui la concernent.

« Je veux qu’on m’envoie les résultats du test. »

Luis opine du chef. « Bien sûr. Vous souhaitez assister à tous les entretiens aujourd’hui ?

— Non. » Luis aimerait probablement que j’en dise plus ou que je justifie ma décision, mais il n’insistera pas. Tout le monde sait que je suis partisan du minimalisme en matière de conversation.

« Puis-je vous demander... ce qu’elle a dit dans l’ascenseur ?

— Elle m’a insulté, je réponds en haussant les épaules. Ce n’est rien. Je suis sûr que la plupart de mes employés disent des choses similaires, voire pires, dans mon dos. »

Luis tripote son gobelet de café sur la table, trop diplomate pour confirmer. « Qu’avez-vous pensé d’elle ?

— Elle est intelligente, c’est évident. Son CV n’est pas si impressionnant. Comment Stu l’a-t-il trouvée ?

— Avec une chasseuse de têtes.

— Je me demande pourquoi la chasseuse de têtes a pensé qu’elle conviendrait. Son CV ne comporte aucune expérience en infosec.

— Parce que c’est une hackeuse.

— Évidemment. Mais comment le sait-elle ? »

Luis tapote son gobelet contre la table. « Bonne question. Vous voulez que j’obtienne la réponse ?

— Oui. Et envoyez-moi les résultats de son test.

— Alors, elle vous plaît ? »

Aucun homme aussi séduisant ne devrait être à ce point antisocial.

Elle me trouve séduisant. Ouais, on me l’a déjà dit, mais ce que les humains pensent de mon apparence ne m’a jamais intéressé jusque-là. Tous les métamorphes (ou plutôt, toutes les créatures surnaturelles) sont plus beaux que les humains. Du moins, c’était ce que je pensais avant de rencontrer Kylie.

« Je l’ai trouvée... » Baisable ? Enivrante ? Adorable, avec ses airs de petite dure à cuire qui ne se laisse pas marcher sur les pieds ? C’est vrai... Ne pas se laisser marcher sur les pieds est un trait d’alpha. Si Kylie était une métamorphe, elle serait à la tête des femelles de sa meute. Elle possède toutes les qualités d’une meneuse.

Luis attend que je termine ma phrase. Putain, que vais-je lui dire ? Son parfum me rend accro. Mon loup la veut pour lui.

« ... intéressante. Je l’ai trouvée intéressante. »

Je me lève, avec dans l’idée d’aller rôder autour de Kylie, de découvrir dans quel bureau Stu l’a installée et de la regarder travailler. Mon loup ne veut pas la laisser seule avec un autre mâle. Et j’aime la chasse, surtout si Kylie est ma proie.

***

Ginrummy

Il ne s’attendait pas à ce que Kylie soit si sexy. Ni si sûre d’elle. Brillante, oui. Mais il l’imaginait timide. Effacée. Aussi mal à l’aise en public que lui, peut-être avec des lunettes, ses cheveux rassemblés en un chignon négligé. Peut-être un piercing au nez. Pas un petit diamant mignon sur la narine ; plutôt un anneau dans le septum, le genre que portent les filles un peu rebelles et coriaces.

Il se doute bien que tous les geeks ne sont pas des inadaptés, mais tout de même ; selon lui, n’importe qui ayant passé toute son enfance en ligne et à l’écart du monde réel ne devrait pas être une véritable bombasse avec des chaussures à talons et une telle paire de seins. Et ne devrait pas être capable de regarder ce trouduc impressionnant de Jackson King droit dans les yeux et de mener l’entretien comme si c’était elle qui embauchait.

Elle a l’air blasé maintenant, alors que ses doigts filent sur les touches d’ordinateur pour résoudre les problèmes de sécurité qu’il lui a préparés.

En un sens, ça lui facilite les choses. Elle ressemble plus à Jackson King qu’à lui. Bon sang, Kylie–Catgirl–McDaniel est beaucoup trop bien pour lui. Lui faire porter le chapeau pour la chute de SeCure sera moins douloureux qu’il ne le craignait. Parce que dans son esprit, elle a toujours été sa petite amie virtuelle, en quelque sorte. Ouais, c’est débile, mais c’est une fille, lui un garçon, et ils ont été complices dans le milieu du piratage depuis la puberté, à l’époque où ses hormones déchaînées n’avaient pas besoin de plus que le pseudonyme « Catgirl » pour être à fond.

Ils ont fait leurs armes ensemble en tant que jeunes hackeurs, ont échangé des informations et parlé de leurs réussites, se sont passé des tuyaux et ont conseillé d’autres hackeurs. Il ne doit qu’à la chance de l’avoir retrouvée après qu’elle a disparu de la circulation pendant ces huit dernières années. Mais elle a refait surface sur DefCon, le vieux forum secret de hackeurs sur lequel ont eu lieu toutes leurs interactions. Elle demandait de l’aide pour pirater le site du FBI. Naturellement, il lui a donné un coup de main.

Il était à sa recherche depuis longtemps. Pas seulement par nostalgie, même s’il s’est souvent demandé ce qu’elle devenait. Elle est parfaite pour ce dont il a besoin. Très peu de hackeurs sont capables de cracker le code de SeCure, et il se trouve que Catgirl est l’une d’entre eux. Elle l’a déjà fait – et quand elle était adolescente, rien que ça.

Alors lorsqu’elle a réapparu, il l’a aidée à hacker le site du FBI et il l’a suivie sur le site pour découvrir ce qu’elle voulait y faire. Elle a effacé les dossiers de trois personnes : un couple marié, tous les deux décédés, et leur fille, des cambrioleurs au grand cœur connus pour ne dérober qu’aux pourris. Elle a aussi ajouté des renseignements sur un autre malfaiteur, y compris des pistes sur là où il se cachait. En creusant un peu, il a rassemblé assez d’informations pour en déduire qu’elle est la fille des cambrioleurs. Ça colle avec les questions qu’elle posait des années plut tôt sur les systèmes de sécurité et les coffres-forts. D’après les informations limitées possédées par le FBI, le criminel qu’elle a voulu faire tomber a probablement assassiné son père au cours d’un cambriolage.

La suite n’a pas été facile, mais il a fini par trouver son adresse IP ; ensuite, il a suffi de charger un recruteur de la contacter pour lui proposer un entretien d’embauche chez SeCure. Imaginez sa surprise quand il a découvert qu’elle habitait à seulement deux heures de Phoenix.

Il la regarde à présent, une mèche soyeuse coincée derrière son oreille, en train de résoudre à toute vitesse les tests débiles qu’ils lui ont préparés. Oh, ce sont de vrais tests ; ils auraient représenté un défi pour n’importe qui d’autre, mais il savait qu’elle les réussirait sans problème.

Si elle ne s’était pas retrouvée coincée dans l’ascenseur avec Jackson King à cause de cette foutue coupure de courant, son embauche aurait été assurée. Mais elle a apparemment dit ou fait quelque chose qui a agacé le PDG. Bon sang, il espère que King ne fera pas de difficultés pour l’engager.

***

Kylie

Je pousse la porte de la maison que je partage avec ma grand-mère. Mes jambes sont raides après les deux heures de route pour rentrer de Phoenix, et je suis prête à balancer ces talons aux ordures. « Mémé, tu es là ? »

Ma grand-mère sort la tête de la cuisine. Un large sourire illumine son visage ridé. « Minette! »

C’est le petit surnom affectueux qu’elle me donne. Ce sont mes parents qui ont commencé à m’appeler comme ça. Ma mère était française – papa l’a rencontrée à Arles, au cours d’un cambriolage d’œuvres d’art en équipe. Il avait coutume de dire que ç’avait été un coup de foudre immédiat.

« Alors, comment ça s’est passé ? » Mémé me parle toujours en français, et je lui réponds toujours en anglais. Je parle cinq langues couramment, dont le français, mais je suis flemmarde à la maison. Ou peut-être que ça fait partie de mes efforts pour essayer d’être normale.

Je me laisse tomber sur une chaise autour de la table de la cuisine et me débarrasse de mes hauts talons maléfiques. Les porter n’était vraiment pas une bonne idée.

Mémé s’assied à côté de moi. « J’attends. »

Je soupire bruyamment. « Pas bien. En fait, j’ai tout fait foirer. Bien comme il faut, Mémé. Il y a eu une coupure de courant pendant que j’étais dans l’ascenseur.

— Non ! » Mémé pousse un cri de stupeur exagéré et se couvre la bouche, comme seules les personnes de sa génération le font encore. Elle sait que je suis claustrophobe. Elle doit se douter de l’origine de ma phobie, même si nous ne parlons jamais de la profession de mes parents ou de mes activités illégales passées.

« Et je me suis retrouvée coincée avec Jackson King. Le Jackson King. »

Mémé me regarde sans comprendre.

« C’est le fondateur de SeCure. Mais je ne savais pas que c’était lui, il faisait trop sombre. Et j’ai dit des choses pas vraiment flatteuses à son sujet. »

Mémé semble compatir. « Ah, c’est dommage, ma petite-fille, dit-elle en me tapotant l’épaule avant de se lever. Je suis désolée. Je vais te servir de la soupe. »

Bien sûr. La nourriture apaise tous les maux, pas vrai ? La cuisine de Mémé est la meilleure des thérapies. Elle est venue vivre avec moi après la mort de mon père, et, pendant quelques mois, ses crêpes étaient la seule chose qui me motivait à sortir de mon lit.

Mémé s’approche de la cuisinière et sert quelques louches de bouillon brûlant dans un bol. Elle a fait de la soupe à l’oignon, mon plat préféré. Mémé pose le bol devant moi, avec une baguette de pain et du gruyère.

« Attention, c’est chaud. »

Je lui souris. Après la mort de maman, j’ai passé toute mon enfance à prendre soin de mon père. J’essayais de lui éviter la prison pendant qu’il jouait les Robins des Bois, à dérober aux riches pour réparer les torts dans le monde. Après toutes ces années, c’est agréable de me faire chouchouter par Mémé. Même si elle sait être stricte quand il le faut. Je n’aurais jamais terminé la fac si elle ne m’avait pas encouragée. Je suivais des cours en ligne pour le plaisir, mais c’est elle qui a insisté pour que je m’inscrive officiellement à un cursus et que j’obtienne un diplôme. Pour que je me fasse une place dans le monde réel, même si c’est sous une fausse identité. Alors c’est ce que j’ai fait.

Mais je n’ai toujours presque aucune vie sociale. Je suis trop habituée à la solitude, à porter mes secrets. Après ce qui s’est passé, après que mon père ait été... Mon Dieu. Je n’arrive toujours pas à y penser sans que ma poitrine ne se serre douloureusement. ~Assassiné~. Une trahison, et un meurtre de sang-froid. Ouais. Après ça, j’ai cessé toute activité illégale. J’ai effacé nos identités, même si ni papa ni moi n’avions jamais été recherchés. J’ai choisi de mener une vie normale. L’assassin qui a trahi mon père était probablement à ma recherche, alors je me suis planquée à la vue de tous en me faisant passer pour une citoyenne américaine ordinaire.

De toute façon, les cambriolages étaient le dada de mes parents. Ils étaient de véritables Bonnie et Clyde. Mais maman est morte dans un accident de voiture quand j’avais huit ans, et je suis devenue la nouvelle partenaire de crime de papa. J’ai refusé de le quitter, même s’il aurait préféré me mettre en sécurité dans un pensionnat, ou à Paris avec Mémé. Mais être un voleur justicier était sa vocation, pas la mienne. J’aimais juste hacker.

C’est comme ça que Mémé m’a convaincue de commencer mon emploi actuel pour une entreprise de jeux vidéo. Mais j’ai à peine un pied dans le monde réel. Je quitte rarement la maison. Je n’ai jamais eu de petit copain, ni d’amis proches. En un sens, je suis toujours Catgirl, tapie dans l’ombre.

C’est peut-être pour ça que l’épisode dans l’ascenseur m’a autant perturbée. Je n’avais encore jamais été touchée par un homme, et encore moins par un beau gosse comme Jackson King. Il a fait tomber mes barrières avec une facilité effrayante.

Mon téléphone portable se met à vibrer, et je fouille dans mon sac pour l’en sortir. Un numéro de SeCure. « Allô ?

— Bonjour Kylie, c’est Stu, de SeCure.

— Bonjour Stu. » Brillant, K-K, vraiment brillant.

« Je vous appelle pour vous dire que vos compétences nous ont impressionnés. Nous aimerions vous proposer le poste.

— Vraiment ? » J’ai envie de sauter au plafond et de pousser des cris de triomphe. J’ai eu le job, alors que je pouvais difficilement faire plus mauvaise impression. Prends ça, ~Les Entretiens professionnels pour les Nuls~.

Mais en même temps, je suis sceptique.

« Il n’y a pas de second entretien, rien du tout ?

— Non. Vous avez fait un sans-faute au test, et vous avez plu à la direction.

— La direction ? » Impossible qu’il parle de King.

« Oui, Luis vous a trouvée super. Le service des RH vous contactera pour vous proposer l’offre officiellement, mais j’ai d’ores et déjà l’autorisation de discuter du salaire avec vous. Nous vous proposons cent trente-cinq mille dollars en plus des frais de déménagement. Ainsi qu’une assurance santé et dentaire intégrales, un intéressement sur les bénéfices et des actions pour une valeur d’un tiers de votre salaire.

Euh... ouah. Je souris à Mémé et hoche la tête. Ça représente cinquante mille dollars de plus que ce que je gagne actuellement, et je ne m’attendais pas à ce qu’ils proposent de couvrir les frais de déménagement. ~C’est probablement trop beau pour être vrai~. Mais je ne peux pas refuser. « Merci, ça a l’air génial.

— Alors, vous acceptez notre offre ? » Il a l’air enthousiaste.

Je devrais sûrement négocier un peu, mais tant pis. « Oui, absolument. Je suis ravie.

— Super. Les RH vous enverront une offre par écrit demain. Quand pouvez-vous commencer ?

— Je ne sais pas... dans un mois ?

— J’espérais plutôt dans deux semaines.

— Vraiment ? C’est plutôt rapide.

— Nous payons votre déménagement, donc ça devrait vous faciliter les choses.

— Deux semaines, c’est une exigence ?

— Oui.

— Alors, je serai là.

— Parfait. On finalisera les documents demain. Bienvenue dans l’équipe. »

Je raccroche et laisse éclater ma joie. « Mémé, j’ai eu le job ! »

Elle me prend dans ses bras et dépose un baiser sur ma tempe. « C’est fantastique ! Félicitations. »

Je la laisse m’étreindre tout en me demandant ce que King pense de mon embauche. Au moins, il ne s’y est pas opposé. Ce qui ne devrait pas m’exciter autant.

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