La Reine des Lycans : La Spéciale Noël

AARYA

Quelqu’un me cherchait certainement. En tant que reine, j’avais de nombreux devoirs à accomplir, des gens se disputant mon attention, des Alphas aux PDG. Mais rien n’était aussi important que cela.

Dans une petite pièce, marchant dans l’obscurité, je tenais mon bébé contre ma poitrine, en le berçant doucement. Elle avait mangé, et elle avait à présent besoin d’une sieste. Je respirais son doux parfum et chantais pour elle, la regardant me scruter.

Ses yeux restaient obstinément ouverts. « C’est la cinquième berceuse que je te chante. Tu ne veux pas dormir ? »

Elle a juste gloussé en agitant les mains. J’ai cru que ma poitrine allait éclater d’amour. « Très bien, alors. Essayons une histoire. »

« Il était une fois une jeune fille. Elle était intelligente, confiante et sûre de savoir qui serait son compagnon. »

« Elle attendait avec impatience son dix-neuvième anniversaire, quand la déesse de la lune bénirait leur union. Mais quand ce jour arriva, elle découvrit qu’ils étaient tous deux destinés à un autre. »

« Son cœur fut brisé, mais les surprises de la déesse n’étaient pas encore terminées. Lors d’un bal, elle rencontra le Roi Lycan, un homme féroce que l’on disait être dirigé par son loup. »

« Quand ils se sont touchés, des étincelles ont jailli, et il a reconnu la jeune fille comme sa reine. Au début, elle était désemparée, bouleversée de quitter sa famille et tout ce qu’elle connaissait pour quelqu’un d’étrange et de rude. »

« Mais elle a vite découvert qu’elle avait le pouvoir de dompter cette bête, et qu’elle avait plus de mordant en elle qu’elle ne l’avait rêvé. Elle est devenue un lycan à sa mesure, ils formaient un équilibre parfait. »

« Ensemble, ils ont tué leurs ennemis : une femme qui voulait voler le roi, une ancienne compagne rejetée, et même des membres du conseil du roi. »

« Tout semblait aller bien, mais une chose troublait encore la reine : le frère et la sœur de son roi, le prince et la princesse, étaient loin, ayant fui leur père oppresseur. »

« La reine les appela au palais, espérant réduire le fossé, mais bien sûr, ce ne fut pas si facile. La princesse n’était pas prête, protectrice de sa propre nouvelle famille, elle était partie rapidement. »

« Le prince aurait fait de même, mais une rencontre fortuite avec une femme a tout changé. Elle était sienne, choisie par la Déesse, mais elle était en grand danger. »

« Le prince l’emmena au palais, mais elle n’y était pas en sécurité. L’ancien roi arriva alors, et il était vraiment la bête que tout le monde avait accusé son fils d’être. »

« Il a dû se battre contre son père, et bien que ce fut difficile, les frères ont gagné et l’ont banni pour toujours. Ils pouvaient maintenant gérer les choses à leur façon. »

« L’homme qui avait fait du mal à la compagne du prince tenta de la reprendre, mais elle refusa et il fut tué. Enfin, c’était fini. »

« Le prince avait sauvé sa compagne, et la reine avait gagné une sœur. Peu de temps après, la reine a été bénie avec une fille à elle. »

J’ai baissé les yeux vers Devi, toujours submergée par le miracle de son existence. Je me suis demandé quelle serait son histoire. Espérons qu’elle soit moins difficile que la mienne. « Avec un peu de chance, ils vivront tous heureux. »

Elle s’est endormie, enfin. Je me tenais prudemment, la regardant bouger et s’agiter, sa petite bouche froncée. J’ai marché sur la pointe des pieds jusqu’au berceau et l’ai déposée, la laissant dormir avec un pincement au cœur.

Elle me manquait, même quand elle dormait. Je voulais être avec elle tout le temps. La maternité m’a changée. Je ferais n’importe quoi pour elle.

La porte s’est ouverte et Adonis est arrivé derrière moi, entourant ma taille de ses bras. Il m’a serré contre sa poitrine. « Elle est aussi belle que sa mère », a-t-il chuchoté.

Je me suis penchée dans son étreinte, en souriant. C’était merveilleux de voir Adonis avec elle, mon grand loup, si doux et gentil. « Et je suis sûr qu’elle sera tout aussi féroce, aussi. »

« Sans aucun doute. Elle a déjà une sacrée poigne. » Il a embrassé le sommet de ma tête. « Elle a été difficile à endormir ces derniers temps. Comment tu as fait ? »

« Je lui ai raconté notre histoire. Et celle de Damien et Elodie. Elle va bientôt les rencontrer. »

J’espérais que ce Noël comblerait enfin la distance entre Adonis, son frère et sa sœur. J’étais déjà amie avec Damien et Elodie, mais je n’avais pas eu l’occasion de vraiment faire connaissance avec Riley.

« J’ai hâte d’y être. » Adonis a gardé son sourire, mais j’ai vu ses yeux se crisper. Il était encore plus nerveux que moi. « Elle devrait connaître tous ses oncles et tantes. Et ses cousins. »

Je me suis tournée vers lui, mettant mes bras autour de son cou. « Elle les connaîtra. Toute la famille sera bientôt sous le même toit. Sid, Zoya, Carter, Diya, et mes parents arrivent dans quelques jours. »

« Aussi tôt que ça ? Nous serons encore plus occupés que d’habitude. En parlant de ça… » Il s’est blotti dans mon cou, passant doucement ses dents sur ma clavicule. « Je suis en pause. Tu as une minute à perdre ? Ou vingt ? »

J’ai soupiré, m’éloignant à contrecœur. « J’ai une réunion avec Lexi. Nous devons discuter du bal de Noël. Tu crois que nous en organisons assez ? Celui de la Nouvelle Lune, Lycan, maintenant ça… »

Son souffle a chatouillé mon cou alors qu’il riait. « Les gens aiment l’apparat, ma dame. »

J’ai reniflé. « Facile à dire pour toi. Tu n’as pas à l’organiser. »

« Mais je dois y assister. » Il m’a donné un dernier baiser plus long. « Je ne te retiendrai pas. Mais je penserai à toi. »

« Bien. » Je sentais la chaleur de son regard entre mes jambes même après qu’il a quitté la pièce. Garde ça pour plus tard, Aarya, me suis-je réprimandée. Heureusement, j’étais plus ou moins refroidie quand je suis arrivée à mon bureau.

Lexi était déjà là. « Tu as su endormir ta petite ? Je ne regrette pas cette phase de vie d’Elijah. » C’était tellement agréable d’avoir une amie qui traversait la même chose que moi.

« Oui, c’est bon. Elle devrait être endormie pour quelques heures, alors allons-y. Je veux que le menu et les couverts soient choisis aujourd’hui. » Je me suis assise dans mon fauteuil et j’ai démarré mon ordinateur.

Lexi s’est mise à rire. « C’est ça que je veux voir ! » Nous nous sommes lancées, Lexi me donnant les dernières nouvelles sur ce qui avait été réservé, ce qui était encore en attente, et ce qui avait été expédié ou était arrivé.

Les choses se sont déroulées sans problème lorsque nous avons discuté de la nourriture, mais la disposition des tables a été un casse-tête colossal de hiérarchie et de rang et de questionnement sur le fait de savoir qui pouvait s’asseoir à côté de qui sans être offensé ou déclencher une bagarre.

Lexi tourna une page de son carnet. « OK, liste des invités. La meute de Silver Rain ne peut pas venir, ce qui signifie que nous pouvons inviter la Forêt Étoilée après tout. »

J’ai mis mon visage dans mes mains. « Oh, tout ça est tellement politique. Ce n’est pas le but de Noël. Ces gens devraient être assis au coin du feu avec leur famille ou faire du bénévolat quelque part. »

Lexi m’a tapoté le bras. « Mais c’est ce que sont les bals, malheureusement. » Elle avait raison, et c’était en grande partie pour ça que je les détestais.

On a frappé poliment à la porte de mon bureau, qui s’est ouverte pour révéler un homme roux en costume. Il s’est incliné devant nous. « Pardonnez-moi, Votre Altesse, Lady Davis. J’espère que je ne vous dérange pas. »

Lexi a froncé le nez. « Vous n’avez pas besoin d’être si formel, Cedric. »

Il lui a fait un sourire en coin. « Pendant les heures de travail, je pense que je devrais l’être, madame. »

J’ai ri et lui ai fait signe de se lever. « Entrez, conseiller Stone. Que puis-je faire pour vous ? »

Cedric était un nouveau membre du Conseil des Alphas, plus jeune que les autres, et le premier nommé par Adonis. C’était agréable d’avoir enfin un visage amical.

« Oui, Votre Altesse. » Il se tenait devant mon bureau, les bras derrière le dos. « Le conseil a décidé de recommander que Devi soit bénie selon les anciennes coutumes. »

Lexi et moi avons sursauté. « Mais cela n’est pas arrivé depuis des siècles ! » a-t-elle dit en me regardant.

Mes sourcils se sont rapprochés tandis que je scrutais le visage de Cedric. « Tu penses que c’est une bonne idée ? »

Il a baissé les yeux, penaud. « Je pense que c’est le meilleur moyen d’apaiser les traditionalistes. C’est un compromis pour eux qui ne va pas à l’encontre de vos croyances. Vous avez besoin de tous les points que vous pouvez obtenir. »

J’ai hoché la tête, les épaules s’affaissant. « Comme ça, quand il y a un vrai combat, ils ne peuvent pas dire qu’on ne les écoute jamais. Je comprends, mais je n’aime pas ça. »

« Je vais leur dire. Merci, Votre Altesse. » Il s’est incliné à nouveau et est parti.

La bénédiction ne ferait pas de mal à Devi, mais cela signifiait qu’elle avait besoin de cette légitimité supplémentaire pour être acceptée par la Déesse. Elle avait le même droit de régner que n’importe quel premier-né.

Ce n’était pas vraiment une capitulation, mais ça m’a laissé un mauvais goût dans la bouche. Où cela mènerait-il ?