L'Alpha du Millénaire - Couverture du livre

L'Alpha du Millénaire

Sapir Englard

Un choc passionné

30 octobre 2017

Lumen

Eve

"Tu es prête ?"

Martin se tenait debout près de la porte d'entrée, et je pouvais deviner qu'il était nerveux de par son choix de tenue. Un pantalon kaki et une chemise à boutons.

Personne ne porte jamais de pantalon kaki quand il se sent en confiance.

"Pourquoi es-tu nerveux ?" Je lui ai demandé alors que je finissais de descendre les escaliers. "Je croyais que tu avais déjà conclu l'affaire avec Gabriel."

Nous nous dirigions vers la réunion d'inscription de Martin à la Maison de la Meute, et même si j'étais celle qui pouvait être persécutée pour sa présence, c'était de lui qui s'agitait.

"Je ne suis pas nerveux", a-t-il dit.

Je lui ai lancé un regard, qui disait, "Je pourrais lire dans tes pensées si je le voulais".

"Bye, les filles", a-t-il hélé. J’ai tourné le regard pour trouver Reyna et Anya attablées à la table du petit déjeuner mangeant des Lucky Charms.

"Oh non, qui va nous protéger quand elle sera partie ?" a demandé ironiquement Reyna à sa sœur.

J'ai souri. Il faudrait bien plus qu'un sarcasme d'adolescente pour m'énerver.

"Vous, allez-y. Je vais sortir par la fenêtre", ai-je dit à Martin.

"Vous allez sortir par la fenêtre ?"

"Je ne peux vraiment pas vous accompagner à la meute, Martin."

Il m'a jeté un regard noir.

"Tous les non-loups-garous ont besoin d'une autorisation pour être à Lumen, vous le savez. Je ne l'ai pas. Alors je vais faire profil bas."

"Je croyais que vous veniez à la réunion."

"Je vais la regarder. Ne vous inquiétez-pas." Il m'a fait un signe de tête incertain et a ouvert la porte.

J'ai remonté les escaliers et suis entrée dans ma chambre d'amis.

D’une fenêtre qui donnait sur le côté de la maison, on discernait un arbre à moins d’un mètre.

J'ai ouvert la fenêtre et j'ai sauté sur la branche la plus proche. Puis j'ai sauté sur le toit de la maison voisine.

Puis j'ai sauté de toit en toit jusqu'à ce que la Maison de la Meute soit en vue.

Je savais que j'allais devoir faire le tour du terrain pour trouver la salle de réunion où Martin aurait son rendez-vous avec l'Alpha, alors je me suis dit que je ferais mieux de me dépêcher.

En prenant une autre inspiration, j'ai sauté du rebord.

***

Je me trouvais perchée sur une échelle de secours, à l'extérieur de la fenêtre de la pièce dans laquelle Martin faisait nerveusement les cent pas.

Il avait été conduit à l'intérieur par un réceptionniste, et attendait désormais l'arrivée de Gabriel.

Il n'arrêtait pas de jeter des coups d'œil furtifs par la fenêtre, comme pour essayer de s’assurer que j'étais là. Mais il ne pouvait pas me discerner.

J'avais fait en sorte de m'assombrir, et ma position derrière le mur de briques était hors de sa vue.

C'est alors que la porte s'est ouverte et que j'ai vu Gabriel et son Beta, Zavier, entrer dans la pièce.

J'avais croisé Gabriel plusieurs fois au cours de la dernière décennie et je savais qu'il était un Alpha assez typique. Charmant autant qu’imbu de lui-même.

J'ai activé mes pouvoirs auditifs, me permettant d'entendre tout ce qui se passait de l'autre côté de la fenêtre pare-balles.

"Martin Morgan. Content de vous voir", a dit Gabriel en serrant la main de Martin.

"De même, Alpha", a répondu Martin.

"Appelez-moi Gabriel. Et s'il vous plaît, prenez place." Gabriel désigna la table de la salle de conférence, et Martin y prit place face à lui. "Vous connaissez Zavier, mon Beta."

"Bonjour." Martin fit-il d’un signe de la tête.

"J'ai quelques documents à vous faire remplir, et une fois qu'ils seront remplis, votre statut de résident dans votre nouvelle maison sera confirmé." Zavier laissa tomber sur la table en face de Martin une pile de papiers, aussi épaisse qu'une encyclopédie.

"Ça fait beaucoup de documents." Martin a soupiré.

"On n'est jamais trop prudent", a répondu Gabriel, un sourire narquois sur le visage.

J'ai levé les yeux vers l'Alpha - ses muscles saillants, ses cheveux ondulés.

Il était accoutumé à être le centre d'attention. Et il aimait être en position de force, même vis-à-vis d’un humain qui venait de perdre sa femme.

J’observais Martin dévisser le capuchon d'un stylo et se mettre au travail avec les papiers, mais soudain j’ai senti mon téléphone vibrer dans ma poche. Je l'ai sorti.

AnyaEve ?
AnyaAu secours !
EveQu'est-ce qui se passe ?
AnyaViens vite à la maison ! S’il-te-pl !

D’un bond, je me suis élancée vers l'arbre le plus proche, puis je me suis propulsée sur le toit suivant, retournant à toute vitesse vers la maison des Morgan par le même chemin que j'étais venue.

"Anya ?" J'ai appelé en volant à travers la fenêtre de ma chambre, courant dans le couloir. "Reyna ?"

Aucune réponse. J'ai vérifié toutes les chambres du dernier étage, les trouvant toutes vides, j'ai couru dans les escaliers jusqu'au rez-de-chaussée.

"LES FILLES ?" J'ai crié.

"Nous sommes là", a dit une voix derrière moi, je me suis retournée pour trouver Reyna. Elle se tenait devant le bureau de Martin, balançant un objet entre ses mains.

"Où est Anya ? Elle m'a dit qu'il y avait une urgence."

"Désolée. J’ai peut-être pris un ton un peu dramatique", a dit Anya, apparaissant du bureau.

"Alors pourquoi suis-je revenue ici ?"

Reyna cessa de balancer l'objet entre ses mains et le porta à ses yeux en les plissant. C'est alors que j'ai remarqué ce que c'était.

Une boîte de pilules.

Ma boîte de pilules.

"R21 ?" demanda-t-elle en lisant l'étiquette, mais avant qu'elle ne puisse en lire davantage, je m’avançais pour lui prendre le pilulier des mains. "Et bien !" Elle a claqué des doigts.

"Où as-tu trouvé ça ?" J'ai demandé.

"Tu as emménagé avec nous. Nous avons tous les droits de savoir qui tu es", m'a répondu Reyna.

"Ouais, surtout si tu es, comme, une droguée," a ajouté Anya.

"Ce ne sont pas des drogues", j'ai dit, en montrant les pilules. "J'en ai besoin pour des raisons de santé."

"C'est ce que dirait un drogué", a dit Anya dans son souffle.

"Assez", ai-je ordonné. "Si vous fouillez encore dans ma chambre, je..."

"Quoi ? Nous chasser ?" Reyna répondit en se moquant.

"Je n'ai pas besoin de vous chasser, Reyna. Je vis déjà avec vous. Non seulement cela, mais je sais tout sur vous. J'en sais plus sur vous que vous-même." J'ai fait une pause, pour leur laisser le temps de comprendre.

"Tu sais que je suis puissante. Tu l'as vu de tes propres yeux. Mais ce que tu as vu n'est qu'un début. Alors quand je vous donne des instructions, croyez-moi quand je vous dis que c'est dans votre intérêt de les suivre."

J'ai regardé les deux filles déglutir. "Bien. Maintenant, je vais m'occuper de votre père. ~Restez en dehors de ma chambre."

***

Je suis revenu sur le même escalier de secours au moment où Martin remettait le capuchon sur son stylo, visiblement épuisé par la pile de documents qu'il venait de remplir. Il se frottait les tempes.

"Alors, c'est fait ?" a-t-il demandé à Gabriel.

"C'est fait." Gabriel sourit.

Zavier a récupéré la pile de documents sur la table, et Martin s'est levé pour partir. Mais je sentais que Gabriel n'en avait pas encore fini avec lui.

"Attendez une seconde, Martin", a-t-il commencé, en contournant la table pour se rapprocher de lui. "Il y a quelqu'un qui voulait vous rencontrer."

C'est là que je l'ai senti.

~Lui.

Le même que dans mon rêve. Dans tous mes rêves.

Je ne pouvais pas le voir, mais je pouvais le sentir. Je pouvais le goûter, le sentir, et j'ai été prise de panique.

~Il était là.

La porte de la salle de réunion s'est ouverte, et il était là.

"Raphaël, nous sommes si heureux que tu sois venu en ville." Gabriel lui sourit et le guida à travers la pièce. Ma bouche s'est ouverte d'elle-même, et j'ai senti ma langue lécher mes lèvres tandis que je l'accueillais.

Sa peau bronzée, ses bras forts, et cette mâchoire masculine et carrée.

~Putain de merde !

Raphaël a adressé un sourire à Martin - même d'ici, mes genoux ont faibli - et les deux hommes se sont serré la main. "Ravi de vous rencontrer, Martin. Je suis vraiment désolé pour votre perte."

"Merci, monsieur", s'est étouffé Martin, encore plus nerveux qu'avant. Parce qu'il venait de serrer la main de l'homme le plus important de toute la population des loups-garous, l'Alpha du Millénaire.

L'Alpha des Alphas.

À ce moment-là, Raphaël s'est tourné pour regarder par la fenêtre, et j'ai immédiatement fait un pas en arrière, me pressant contre le mur de briques et m'assombrissant encore plus. J'ai fermé les yeux.

Pourquoi est-il ici?

Qu'est-ce que l'Alpha du Millénaire pourrait bien avoir à faire à Lumen ?

Mais ensuite j'ai compris. La sécurité accrue dans le périmètre, l'urgence des quatre loups qui me poursuivaient, tout cela avait un sens.

Quand l'Alpha de l'Alpha était dans les parages, chaque inconnu devait être traité comme une menace prioritaire.

Le trou du cul. Toujours à me rendre la vie plus difficile.

"Elle est là", j'ai entendu Raphaël dire de l'intérieur de la pièce. Même si je ne regardais pas par la fenêtre, je savais qu'il avait fait quelques pas vers moi. Je pouvais le sentir, tout comme il me sentait.

"Qui est là ?" a demandé Gabriel.

Mais Raphaël l'a simplement ignoré. "Je sais que tu es là", m'a-t-il crié. "Je peux te sentir."

J'ai essayé de garder ma respiration constante. Mais mon excitation... n'était pas sous contrôle.

La chaleur entre mes jambes augmentait, rien qu'en l'entendant me parler.

"Je ne joue pas ", a grogné Raphaël, et il parlait de plus en plus fort, ce qui signifiait qu'il se rapprochait. "Montre-toi ! J'exige que tu te montres !"

Tout ce que je voulais, c'était me montrer. Etre près de lui, être touchée par lui.

Mon corps tremblait de faim, de désir, mais mon esprit, lui, ne me laissait pas le dernier mot.

Il en savait trop.

"Montre-toi avant que je ne te trouve." S’est-il emporté en me menaçant.

Il ne manquait plus que ça. Je n'allais pas me laisser menacer par lui. Pas aujourd'hui.

J'ai fait un pas devant la fenêtre, me rendant complètement visible. Il était là, à quelques mètres de moi, de l'autre côté de la fenêtre.

"La voilà." Il m'a souri, et mes paumes de mains ont commencé à transpirer.

"Pourquoi es-tu ici ?" J'ai dit .

Il s'est rapproché, ses mains ont tiré sur la fenêtre pour l'ouvrir. Il n'y avait plus rien qui nous séparait. Je pouvais atteindre l'intérieur et le toucher si je le voulais.

~Oh oui, je le voulais...

Mais je ne pouvais pas.

"Pour les affaires de la meute", a-t-il répondu. "Pourquoi es-tu ici, mon cœur ?"

Nos yeux étaient fixés l'un sur l'autre, et je ressentais des frissons me parcourir l'échine.

La chaleur au cœur de mon corps augmentait, et je pouvais pratiquement goûter ses lèvres d'ici. Mais il ne le fallait pas.

Il ne pouvait pas gagner.

Il ne pourrait plus jamais gagner.

"Je ne suis pas ta chérie."

"Ton corps le sait-il ?" Ses yeux ont parcouru mon corps de haut en bas. J'avais envie de gémir.

"Quitte Lumen. Va-t'en", ai-je exigé.

Il a juste souri de nouveau, encore plus fort cette fois, et a penché la tête par la fenêtre. Nous étions à quelques centimètres l'un de l'autre.

"Mais, Eve, tu es là. Maintenant, il y a une raison de plus de rester."

Avant que je ne comprenne ce qui se passe, il était passé par la fenêtre et m'avait rejoint sur l'escalier de secours. J'étais figée, comme dans mon rêve.

Mon corps se languissait de lui. Il avait besoin de se rapprocher, de le sentir contre moi. Mais mon esprit me criait de courir.

~Cours, Eve ! Cours !

Il a tendu la main vers moi, et j'ai vu au ralenti sa main se déplacer dans l'air, pour avancer vers mon visage. Mais avant qu'il ne puisse me toucher, mon corps s'est réveillé.

J'étais refroidie.

Et j'étais prête à courir.

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