Keily - Livre 2

L'air était vif et les flocons de neige volaient, lorsque James et moi déambulions dans le marché de Noël. Les lumières scintillantes dansaient au-dessus de nous, jetant une lueur chaleureuse sur tout ce qui nous entourait.

Tout était réuni pour faire de ce moment un moment parfait : le temps, le décor et la personne qui se trouvait à mes côtés. J'étais en très bonne compagnie.

Alors que nous nous promenions parmi les stands, je ne pouvais m'empêcher de penser à tout ce que nous avions traversé. Il me semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis ce temps où James et moi étions constamment en conflit, nous chamaillant sans cesse et semant le chaos partout où nous allions.

Je lui avais plu dès le début. Cependant, je ne le savais pas : mes insécurités m'avaient fait croire qu'un beau garçon comme James ne voudrait jamais de moi. Le fait qu'il ne puisse pas me montrer qu'il m'aimait n'avait fait qu'empirer les choses.

Au lieu de me dire qu'il m'appréciait, il me provoquait pour attirer mon attention. Il faisait des commentaires sur mon poids et me traitait de tous les noms.

Il avait obtenu ce qu'il voulait : mon attention. Mais il m'avait aussi fait le détester.

Puis vint cette nuit fatidique où tout changea. Quatre hommes avaient décidé de nous prendre pour cible, James et moi. Ils nous avaient attaqués. Dans le chaos, James m'avait protégée, subissant le plus gros de l'attaque.

Nous avions gagné le combat, mais nous en étions sortis blessés. Ces hommes étaient en prison maintenant - les parents de James y avaient veillé.

Une bonne chose était ressortie de cette nuit. Les brimades de James avaient complètement cessé. Il m'avait avoué son amour et j'en avais fait de même.

Et nous étions officiellement un couple.

James était devenu une personne complètement différente. Celui qui était mon pire cauchemar était désormais quelqu'un qui était toujours là pour moi. Il ne me rabaissait plus, il me soutenait.

Sa colère s’était transformée en joie. Et j’adorais le son de son rire.

Je jetai un coup d'œil à James, un doux sourire se dessinant sur mes lèvres tandis qu’il admirait les décorations avec l'émerveillement d'un enfant. C'était dans des moments comme celui-là que je me rendais compte de la chance que j'avais de l'avoir à mes côtés.

La journée était remplie de rires et de joie, James et moi étions plongés dans cette ambiance festive. Nous avons bu un chocolat chaud fumant, laissant la chaleur s'infiltrer dans nos corps tout en regardant le monde passer.

Puis nous avons fait un concours de bonhomme de neige, chacun de nous essayant de surpasser l'autre avec ses créations excentriques. Il avait gagné, d'ailleurs.

Les sculptures de glace nous fascinaient par leurs détails incroyables. Elles reflétaient les lumières scintillantes de manière magique.

Nous étions émerveillés par l'habileté des artistes qui avaient réalisé de si belles créations.

Mais le point culminant de la journée a sans doute été la promenade en luge. Nous sommes montés avec excitation sur la luge et nous nous sommes élancés dans le paysage enneigé. Le vent fouettait nos visages, nous faisant frissonner.

Notre traîneau a dévié de sa trajectoire et nous nous sommes écrasés sur un tas de neige. Nous nous sommes renversés l'un sur l'autre en riant de façon incontrôlable.

La neige s'était infiltrée dans nos vêtements, mais nous ne nous en soucions pas. La chaleur de nos rires faisait disparaître toute sensation de froid.

J'ai atterri sur James. Mon rire a brusquement cessé. Il a été interrompu par une soudaine prise de conscience.

Je n'arrivais pas à me débarrasser de l'idée tenace que j'étais peut-être trop lourde pour lui, que je l’écrasais. Mais avant que je ne puisse exprimer mes inquiétudes, James leva vers moi des yeux pleins de chaleur et d'adoration.

« Tu es belle, Keily », murmura-t-il, et ses mots ont fait fondre mes insécurités comme la neige fond au soleil. Ses mains ont doucement pris mon visage et il s'est penché vers moi. Ses lèvres ont rencontré les miennes dans un tendre baiser qui a fait jaillir des étincelles dans mes veines.

À ce moment-là, le monde autour de nous a disparu, ne laissant que nous deux et le doux murmure des flocons de neige tombant autour de nous. Le baiser est devenu plus intime, tandis que nous nous perdions dans notre étreinte.

Le baiser devenait de plus en plus intense. Mais au moment où les choses s'accéléraient, quelqu'un s’est raclé la gorge.

J'ai mis fin au baiser et levé les yeux. C’était nos amis.

Addison, ma cousine, se tenait là. Elle tapait du pied dans la neige, feignant l'impatience. Mais un grand sourire sur son visage me disait qu'elle n'était pas vraiment irritée.

Elle était heureuse que je sois heureuse.

Pourtant, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine gêne en sachant qu'ils venaient d'assister à notre moment intime. Bien sûr, ils nous avaient déjà vus nous embrasser. Mais ils ne m'avaient jamais vue m'écraser sur James.

Les yeux de Sadhvi, qui se tenait à côté d'Addison, scintillaient d'espièglerie. Lola et Matt, l'incarnation même du couple parfait, échangèrent un regard qui semblait dire « prenez une chambre ».

C'était drôle, et j’aurais pu leur dire la même chose.

Lucas a ensuite attiré mon attention. Debout, seule, je ne pouvais m'empêcher de ressentir un pincement au cœur en me rappelant sa relation passée avec Myra, son ex-petite amie. J'aurais aimé qu'ils surmontent leur entêtement et qu'ils se réconcilient.

J'espérais que Lucas ne se sente pas trop mal à l'aise en assistant à notre démonstration d'affection.

Soudain, la réalité de notre séance romantique en public m'a frappée comme une tonne de briques. Je me suis dégagée de James, les joues brûlantes d'embarras en réalisant à quel point nous nous étions exposés devant nos amis.

Comment avais-je pu oublier que nous étions dans un lieu public ?

« Désolée, tout le monde », marmonnai-je, ma voix dépassant à peine un murmure alors que j'essayais de me ressaisir. James m'a tendu la main, son contact m'a ramenée à la réalité et il m'a adressé un sourire rassurant.

« Ne commence pas à t'excuser maintenant ! Nous vous avons vus tous les deux vous enfoncer la langue dans la gorge un million de fois ! » dit Addison.

Oui, mais c'était différent. Ils n'avaient pas vu mon corps de baleine étalé sur James. Ils n'avaient pas vu comment je pouvais l'envelopper intégralement.

James se leva et m'embrassa rapidement sur la joue. Cela n'avait rien à voir avec la séance d'embrassades désespérément affamée que nous venions d'avoir.

Ce baiser semblait dire « tout va bien se passer ».

Prenant une profonde inspiration, je me suis redressée. Je voulais que mon rougissement s'estompe alors que je rejoignais le groupe. Malgré ma gêne persistante, il était réconfortant de savoir que nos amis nous acceptaient tels que nous étions, avec nos qualités et nos défauts.

« Allons prendre un chocolat chaud », proposa Addison.

Je ne lui dis pas que James et moi en avions déjà bu un. Il faisait si froid qu’une deuxième tasse ne nous ferait pas de mal. Mais j'avais l'impression qu'on me jugerait si je prenais un deuxième chocolat chaud.

« C'est une excellente idée », dit James en se mettant au pas à côté d'elle.

Alors que je regardais James se mêler à nos amis, une vague de doute qui m’était familière m'envahit. Étaient-ils tous en train de se demander secrètement ce que James me trouvait de bien ?

Se demandaient-ils si j’étais vraiment à la hauteur de quelqu'un comme lui ?

Je savais qu'il était stupide de se laisser envahir par ces pensées, surtout dans ce genre de moment où tout semble joyeux et magique. Mais parfois, même si je faisais tout pour les repousser, mes insécurités revenaient.

J'ai jeté un coup d'œil à James. Son sourire éclairait son visage tandis qu'il discutait avec Addison et les autres. Il semblait si à l'aise, si confiant en lui, et en nous.

C'était l'une des choses que j'aimais le plus chez lui, la façon dont il était toujours sûr de ce qu'il voulait.

Mais il y avait aussi moi, qui remettais constamment tout en question, surtout lorsqu'il s'agissait de notre relation. Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander si je le tirais vers le bas, si j’étais assez bien pour être avec lui.

Comme s'il avait perçu mon trouble intérieur, James m’a tendu la main. Son contact m’a ramenée à l'instant présent.

« Je vais faire la queue », proposa-t-il.

« D'accord, mais je viens avec toi », dis-je.

Je ne voulais pas être séparée de lui, même pour un court instant. C'était peut-être un peu exagéré, mais mes sentiments pour James l’étaient tout autant.

« Vous êtes inséparables », lança Lucas pour nous taquiner.

« Tu peux rester attendre ici et nous regarder, rétorqua James, je t'offrirai un chocolat chaud. »

« Pour que tu en boives la moitié avant de me le donner ? Non merci ! » Lucas se plaça rapidement dans la file d'attente.

James en rit. Addison et Sadhvi se tenaient derrière lui, venaient ensuite Matt et Lola.

Enfin, James et moi, qui venions de rejoindre la file d'attente.

« Je paye le tien aujourd'hui », proposa Addison à Sadhvi.

« Ce n'est pas nécessaire », répondit Sadhvi.

« J'insiste », dit Addison.

C’était une fille qui savait ce qu'elle voulait et comment l'obtenir. Elle ne laissait pas les gens lui donner des ordres.

Elle avait ce tempérament de leader. « D'accord », céda Sadhvi.

Un autre couple rejoignit la file d'attente. Ils se placèrent juste derrière moi et James.

J'observais la jeune fille. Elle était élégante, avec son écharpe et sa veste bien ajustée, elle dégageait de la confiance et de la grâce. Son petit ami, tout aussi séduisant, se tenait à côté d'elle.

Il avait du charme et du charisme. Ils formaient un beau couple.

Je baissai les yeux, soudainement consciente de mon apparence. Je me mis à rougir en me comparant à la fille. Sa silhouette svelte et son physique tonique contrastaient avec mon corps, rond et flasque.

Je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir gênée par les différences entre nous. Elle et son petit ami allaient si bien ensemble.

James et moi, est-ce qu’on allait bien ensemble ?

Je jetai un coup d'œil à James, à côté de moi. Il était en train de taquiner Matt.

« La moustache que tu auras après avoir bu ton chocolat chaud sera la seule que tu auras jamais », déclara James.

« Ce n'est pas vrai ! » s'exclama Matt.

« De toute façon, personne n'aime les poils sur le visage ! » renchérit Lola.

Matt lui lança un regard noir. « Oh, donc tu es donc d'accord avec lui. »

« Eh bien... » hésita Lola.

Ils éclatèrent tous les trois de rire. J'aurais ri avec eux si je n'avais pas été distraite par le couple qui se trouvait derrière nous.

Je les regardai une dernière fois, se tenant par la main. Ils étaient parfaits.

Je jetai un coup d'œil à ma main qui était dans celle de James. Nous n’étions pas aussi parfaits.

Une fois les chocolats chauds dans nos mains, nous avons quitté le stand, mais je n'arrivais pas à oublier ce couple parfait.

Malgré tout, James restait à mes côtés. Ses caresses rassurantes et ses regards compréhensifs en disaient long, me rappelant que je n'avais pas à affronter mes insécurités toute seule.

À l'heure des adieux à nos amis et de la clôture du marché de Noël, je me préparais à rentrer chez moi, résignée à l'idée que mes insécurités avaient une fois de plus gâché ce qui aurait dû être un très bon moment.

Mais James avait d'autres projets.

« Viens à la maison avec moi, j'ai une surprise pour toi », me chuchota-t-il à l’oreille.