Cliché

RAE

Pourquoi quand les gens disent que ce n’est pas ce que l’on croit, c’est toujours exactement ce que l’on croit ?

Prenez la nuit dernière, par exemple. Jake, l’homme dont je suis amoureuse depuis deux ans, était assis sur un tabouret de bar au Del Mar, jouant au hockey avec la langue d’une femme d’une beauté renversante. Je le fixe. Je laisse tomber mon verre, puis je le fixe encore plus.

Je regarde fixement pendant un long moment, incapable d’en croire mes yeux. S’ils jouaient vraiment au hockey, ils auraient été en train de jouer les prolongations au moment où j’ai ramassé un glaçon sur le sol et l’ai jeté sur sa tête.

Dans ce qui devient rapidement une habitude, le verre de Jake se brise au sol lorsqu’il me voit. Il tressaille littéralement comme s’il avait vu un film d’horreur et non sa petite amie.

« R-Rae ? » balbutie-t-il.

Je prends un autre glaçon.

C’est alors qu’il me dit que ce n’est pas ce que je crois et que je dois le laisser s’expliquer.

Avant qu’il ne puisse le faire, sa partenaire de pelotage s’écrie : « Tu as une petite amie ?! » et devient pâle, ce qui est peu flatteur sur n’importe qui, sauf sur elle.

« Je, euh… »

Autant pour le laisser s’expliquer.

L’alcool me donne le courage de dire ce que je n’ose jamais dire en étant sobre. Je croise les bras et claque des doigts : « Oui, il en a une. »

Elle jette son verre sur sa tête avec des mains tremblantes. Puis, le verre lui échappe des doigts, le barman gémit, je me mets à moitié à rire, à moitié à sangloter.

« Rae, s’il te plaît. Laisse-moi t’expliquer », supplie Jake alors que du jus de canneberge et de la vodka dégoulinent de ses cheveux bruns maintenant trempés, autrefois soigneusement coiffés.

Et parce que je suis comme ça, je l’ai laissé faire.

Plus que tout, je voulais entendre une raison valable expliquant pourquoi mon petit ami était dans ce club merdique près de mon appartement et non pas chez ses parents à Park City, où il avait dit qu’il passait le week-end.

« Explique-toi », j’ordonne.

« Je te jure, je n’étais pas… », lâche-t-il.

Zoé décide que c’est le moment approprié pour le frapper à la tempe.

Il me dit qu’il voulait voir d’autres personnes pendant que les videurs nous escortent moins que gentiment, Zoé et moi, dehors. Il ne dit même pas qu’il est désolé. Il est juste... parti.

C’est la première partie de « Comment Rae se retrouve dans le lit d’un étranger ».

C’est une trilogie.