Aide-moi Alpha

HAYLEY

Je vois que l'obscurité s'est répandue, et la lumière qui brillait à travers mon judas ce matin n'est plus là.

Je jette un coup d'œil par ma « fenêtre », et je vois que tous les membres de la meute sont réunis, mais sans mes sens de louve, je ne peux pas entendre ce qu'ils disent.

Chaque année, le jour de mon anniversaire, celui de la mort de ma mère, la meute se réunit pour pleurer leur Luna déchue et prier pour qu'elle se porte bien et soit heureuse avec Séléné, la Déesse de la Lune.

Je déteste mon anniversaire. C'est juste un autre rappel que j'ai tué ma mère et que je suis un être horrible et dégoûtant.

Je baisse la tête de honte et les larmes coulent sur mon visage alors que je m'effondre de chagrin.

Je regarde à nouveau par la fenêtre de ma cellule alors que j'entends des hurlements. La meute se transforme pour hurler pour leur Alpha veuf et la mort de leur Luna.

C'est ma chance. Ma seule chance de m'échapper de ce trou de l'enfer.

Tous les gardes qui auraient été en patrouille sont à la réunion pour leur Luna, je vais donc pouvoir m'échapper.

Rapidement, je soulève le matelas et pousse un soupir de soulagement en trouvant le badge toujours caché dessous. Pour une fois, je suis heureuse d'avoir un matelas abîmé au lieu d'un vrai lit.

Je franchis d'un bond le mètre qui sépare mon « lit » de la porte de la cellule. Je jette un coup d'œil dehors, juste au cas où, en vérifiant des deux côtés.

Rien.

Mon cœur se met à battre la chamade et mes mains deviennent moites. Je tends la main avec le badge pour le placer dans la serrure, mais mes doigts glissent et je le laisse tomber sur le sol en béton. Mon cœur s'arrête.

Je m'accroupis et me presse contre les barreaux de la cellule, autant que possible, et j'étire ma main en avant. Je suis trop loin pour l'atteindre.

Je continue à pousser contre la cage pour l'attraper. C'est ma seule chance de m'échapper, alors je dois continuer à essayer. L'ongle de mon doigt touche légèrement la carte.

Je continue, et quand elle est assez proche, je le prends dans ma main.

J'ai encore une chance ! En faisant plus attention cette fois, je place le badge dans la serrure, et j'entends un bourdonnement. La porte s'ouvre. Libre !

Lentement, je pousse la porte, en espérant étouffer son grincement. C'est la première fois que je sors de ma cellule depuis l'âge de sept ans.

Je sors mon orteil et le reste de mon pied suit jusqu'à ce qu'il soit à plat sur le sol. Je répète l'opération avec mon autre pied. Je suis dehors.

Je vérifie deux fois pour m'assurer qu'il n'y a pas de gardes en bas.

Mon père venait toujours de la gauche, c'est donc vers là que je me tourne. Je sprinte dans le couloir sombre, je continue à courir jusqu'à ce que je voie une autre porte.

Je cherche une clé, mais je ne trouve rien. Cependant, je vois une autre serrure, semblable à celle de la porte de ma cellule. Je place le même badge dans la serrure et j'entends un autre buzz. La porte s'ouvre.

Je vais m'échapper ! Je peux le faire !

Je monte une série d'escaliers qui mènent à une trappe. Elle est coincée. Je pousse de toutes mes forces jusqu'à ce qu'elle s'ouvre dans un grand bruit.

Le couvercle de la trappe gît sur le sol. Je commence à me frayer un chemin pour sortir du couloir et rejoindre le monde extérieur.

J'ai rêvé de ce moment d'innombrables fois. Être libre et pouvoir à nouveau sentir l'herbe.

Mais l'idée de me faire attraper l'emporte sur ces sentiments, et à peine les pieds posés au sol que je me mets à courir de toutes mes forces vers la forêt, sans me retourner.

Je ne sais pas s'ils peuvent m'entendre avec leurs sens exacerbés. Je ne sais pas jusqu'où s'étendent les sens d'un loup adulte. Je sprinte aussi vite que mes jambes me le permettent, mais ce n'est pas très rapide.

Même si j'ai du sang Alpha en moi, il est inutile sans ma louve, alors je cours aussi vite que ma force humaine me le permet.

En filant à travers les arbres, tout devient flou. Ma seule issue est de quitter le territoire.

Ils ne me suivraient jamais dans un territoire qui n'est pas le leur. Les autres meutes pourraient y voir le signe d'une volonté de déclencher une guerre.

La meute de Bloodnight a un territoire très étendu, je vais donc devoir courir pendant un certain temps pour leur échapper. Après avoir couru pendant environ quarante secondes, je suis à bout de souffle.

Être coincée dans une cellule pendant douze ans annihile toute endurance, donc courir, même sur une courte distance, est fatigant.

Je m'appuie contre un arbre pour essayer de reprendre mon souffle, mais de forts bruits de pattes frappant le sol se dirigent dans ma direction.

Je décolle à nouveau, utilisant toute mon adrénaline pour m'aider à gagner ma liberté. Ils gagnent du terrain sur moi et je ne peux pas dire de quelle direction ils viennent.

Je dois me rapprocher de la frontière, et j'entends des loups qui jappent et claquent des dents dans ma direction.

Je donne tout, essayant de distancer une meute de loups. Je suis si proche. J'y suis presque.

Je vois la frontière devant moi. Je continue à avancer. Je ne regarde pas en arrière, mais devant et seulement devant.

Par chance, le clair de lune crée une sorte de sentier vers ma nouvelle vie, qui, je l'espère, sera meilleure.

Je suis si proche...

Un grognement résonne dans les bois alors que mon premier pied franchit la frontière et que mon autre pied le suit de près.

Je le sens alors. Le lien avec la meute Bloodnight se brise en deux. Je pensais l'avoir ressenti lorsque j'ai perdu mon loup, mais ce n'était pas le cas.

Je n'appartiens plus à la meute Bloodnight. Je suis maintenant une renégate. Je n'appartiens à personne. Je suis libre.

Je l'ai fait. Je me suis échappée...