Les Loups du Millénaire - Spécial Noël

SIENNA

« Vous en voulez un autre ? » m'a demandé la serveuse, en faisant signe à mon verre de vide.

« Non, merci... »

« Elle va en prendre un autre », dit Selene en m'interrompant et en souriant à la serveuse.

Je me suis tournée vers Aiden, qui était assis à côté de moi, en lui lançant un regard lui signifiant « je vais être ivre avant l'heure ».

Il a passé sa main sous la table et m'a serré le genou, et tandis que je regardais la serveuse remplir mon verre de liquide orange. C’est alors que je me suis dit que je devais arrêter de m'inquiéter.

C'était peut-être la veille de Noël, et il y avait peut-être encore un million de choses à faire avant la fête, mais c'était sans importance. Ce qui importait, c'est que j'étais là, avec mes amis et ma famille, et que nous étions tous heureux et en bonne santé.

Et, oh ouais, ça n'a pas fait de mal que les mimosas soient sacrément bons, non plus.

« À nous », a dit Selene, en levant son verre rempli en l'air pour un toast.

« À nous », Aiden, Jeremy et moi avons répondu en chœur en faisant tinter nos verres.

J'aimerais pouvoir prendre un instantané de ce moment dans ma tête, pour m'en souvenir à jamais. Je voudrais me le repasser tous les matins, au réveil, pour me rappeler à quel point j'ai eu de la chance.

« Hé, Aiden. Tu as décidé de ce que tu allais faire pour l'Alpha du Millénaire ? » Jeremy a demandé, interrompant mes pensées.

« L'Alpha du Millénaire ? » J'ai répété, en jetant un coup d'œil à Aiden. « Qu'y a-t-il avec lui ? »

J'ai vu Aiden regarder Jeremy et lui lancer un regard bizarre. J'étais si confuse, que se passait-il ?

« Allô ? Aiden ? » Pas de réponse alors j’ai insisté.

Aiden a soupiré. « Oui, en fait, Raphael vient au bal de Noël. On vient de l'apprendre. »

« C'est une nouvelle incroyable ! » me suis-je exclamée.

C'était toujours excitant quand l'Alpha du Millénaire venait en ville, non seulement sa réputation n'était pas usurpée et il était un homme intéressant et cool, mais c'était aussi un de nos amis. Quelqu'un que nous aimons voir.

Seulement, Aiden ne semblait pas heureux du tout. En réalité, il avait l'air ennuyé par tout ça. « Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? » lui ai-je demandé doucement, en me penchant vers lui.

Avant qu'il ne puisse me répondre, Jeremy a hurlé de l'autre côté de la table. « Tu as un rendez-vous avec lui avant le bal, non ? »

Je suis devenue livide.

Mon sourire s'est lentement évaporé.

Avant le bal.

Mais, notre fête était avant le bal.

La fête pour laquelle j'ai travaillé, passé des heures et des heures, chaque jour pour la rendre parfaite. La fête que j'avais planifiée dans ma tête depuis qu'Aiden et moi nous nous étions accouplés, la fête qui allait enfin avoir lieu, après tout ce temps.

Je ne sais pas si c'était l'information surprise ou les mimosas, mais ma tête me tournait. Une vague de nausées m'a frappée et j'ai su que je devais quitter la table. Je devais aller aux toilettes, j'avais besoin d'espace. Et, peut-être de vomir.

« Sienna... » Aiden a tendu la main vers moi quand je me suis levée, mais je lui ai fait un signe de la main et j'ai traversé le restaurant en direction des toilettes situées au bout du couloir. Quand j'y suis arrivée, j'ai respiré profondément en m'aspergeant le visage d'eau froide.

La porte s'est ouverte, et Selene est apparue. « Oh, ma chérie », dit-elle, comprenant exactement ce qui se passait dans ma tête sans que j'aie à dire un mot. Elle m'a prise dans ses bras et a caressé mes cheveux.

« Que vais-je faire ? » Je lui ai demandé.

« Je ne sais pas. Mais, pour l'instant, on va faire du shopping. »

SELENE

Lorsque nous sommes entrées dans notre boutique préférée, j'ai su que c'était exactement ce dont Sienna avait besoin pour se remonter le moral. Je suis sa sœur depuis assez longtemps pour savoir que lorsqu'elle veut quelque chose, elle y met tout son cœur.

Ça veut dire que cette fête, elle a passé chaque seconde de chaque jour à la préparer, s'assurant que chaque détail soit parfait. La dernière fois que je suis allée chez elle, j'ai trouvé un cahier rempli de 30 recettes différentes de lait de poule.

Cette fille ne plaisante pas quand il s'agit de Noël.

Donc, je devais lui faire penser à autre chose et le plus vite possible. Quand nous préparions Noël chez nos parents, rien ne me donnait le même sentiment d'utilité que lorsque je l’aidais, surtout quand il s'agissait de mode.

Je l'ai guidée vers l'arrière-boutique, où des chaussures étaient alignées sur tous les murs. « Assieds-toi », lui ai-je dit, en lui montrant le fauteuil violet qui ressemblait plus à un trône une fois installé dedans.

Sienna s'est assise, et je l'ai aidée à enlever son énorme veste. Puis, je me suis accroupie en face d'elle, de manière à ce que nos yeux soient face à face, et je l'ai regardée fixement. « Reprends-toi tout de suite, Sienna Mercer-Norwood. »

Sous le coup de la surprise, elle laissa échapper un petit rire.

« Bien », ai-je approuvé. « Maintenant, puisque les mimosas ne sont pas assez forts pour te sortir de ce trou, nous allons passer à l'étape suivante. Les chaussures. » J'ai fait pivoter ma tête pour regarder toutes les belles chaussures exposées.

Il y avait des stilettos, des bottines, des bottes hautes, des escarpins… Il y avait même des sandales, bien que nous soyons en décembre sur la côte Est.

Quand je me suis retournée vers Sienna, elle observait toujours les murs. Bien. Je lui ai laissé quelques secondes de plus, puis je l'ai attrapée par les épaules et lui ai lancé un regard intense. « Choisis ! », lui ai-je ordonné.

Et, elle l'a fait.

Elle a désigné une paire de talons aiguilles bordeaux. Hautes de 10 cm, avec une bride classique et un bout légèrement pointu, elles étaient à la fois classiques et modernes. Elles étaient branchées, amusantes et élégantes, et elles étaient parfaites pour Noël.

Je les ai prises sur le présentoir et me suis approchée de la vendeuse. « Je les prends en taille 38 », lui ai-je dit, en me dirigeant vers la caisse enregistreuse.

« Tu ne peux pas les acheter pour moi, Sele... »

« Tais-toi », j'ai coupé Sienna quand elle est arrivée à côté de moi. « C'est ton cadeau de Noël. Joyeux Noël », je lui ai souri.

Elle m'a serrée dans ses bras. « Merci ! » Elle s'est exclamée à mon oreille. « Ils sont parfaits. Même si tout le reste ne l'est pas. »

« Au diable tout le reste », lui ai-je rappelé. « Tout ce qui compte, c'est nous. Et les chaussures. »

« À nous », a-t-elle dit, faisant écho à mon toast de tout à l'heure.

« À nous. »

SIENNA

Notre virée shopping ne s'est pas terminée au magasin de chaussures, loin de là. Nous avons fait une demi-douzaine de magasins. J’étais habillée de la tête aux pieds.

« Putain de merde, Sienna », s'est exclamée Selene à un mètre devant moi. Elle me regardait de haut en bas et m’admirait, la bouche grande ouverte.

Je pouvais sentir mes joues virer au rouge. Être regardée de la sorte me mettait toujours un peu mal à l'aise, mais quand elle a sifflé pour appuyer son propos, j'ai éclaté de rire.

« Arrête, Selene. »

« Je veux dire, bon sang », a-t-elle continué, m'ignorant. « Tu es une déesse. Et, je suis un génie. »

J'ai regardé ma nouvelle robe. Selene s'y connaissait vraiment en mode, et elle avait choisi le look parfait pour la fête de Noël et le bal de Noël de cette année.

C'était du velours noir, et c'était un chef-d'œuvre. C'était une robe moulante avec un dos nu qui mettait mon décolleté en valeur. Elle enveloppait bien le reste de mon corps, se terminant à quelques centimètres au-dessus de mes genoux.

« Viens ici. Regarde-toi », m'a-t-elle dit. Je l’ai rejoint jusqu'à l'endroit où elle se tenait, regardant dans le miroir en face de nous. J'ai laissé échapper un murmure, je n’ai pas pu le retenir.

Le velours noir se détachait sur ma peau pâle, me donnant l'air lumineuse. Et, à côté de l'étoffe noire, mes magnifiques cheveux roux ressortaient magnifiquement.

J'ai regardé mes pieds, bien calés dans les nouveaux talons aiguilles bordeaux qu'elle venait de m'acheter, et je n'ai pu m'empêcher de réaliser que tout semblait réellement... parfait.

« Ça peut sembler parfait », je me suis dit, ~« mais ça ne l'est pas »~.

Aiden ne sera pas là.

J'ai soupiré, et Selene a immédiatement remarqué mon changement d'humeur. «Qu'y a-t-il ? »

J'ai regardé ma sœur, sachant qu'elle a toujours su voir clair en moi. « J'aimerais juste qu'Aiden puisse venir à la fête. Je veux mon compagnon à mes côtés. »

Selene a hoché la tête. « Mais tu le verras au bal de Noël, non ? »

« Je suppose. »

Selene a attrapé mes mains. « Ma sœur, je t'aime infiniment, tu le sais. Mais, Noël concerne tous ceux que tu aimes, pas uniquement ton compagnon. La fête rassemblera tout le monde, et tu verras Aiden quelques heures plus tard. Ne te stresse pas, d'accord ? Tu es trop sexy pour être stressée. »

Je lui ai souri, laissant la sagesse de ses paroles m'envahir.

Peut-être que je dramatisais. Peut-être que tout se passera bien.

***

Quand j'ai grimpé dans le lit cette nuit-là, Aiden n'était toujours pas rentré de la meute. Je suppose qu'il avait une tonne de préparatifs à terminer avant demain.

Et, même si le changement de plan de dernière minute n'était pas idéal, je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Il était juste un bon Alpha.

J'ai soupiré, en rapprochant de moi l'oreiller sur lequel il dormait. Il sentait comme lui, et si je ne pouvais pas faire de câlins avec l'homme que j'aimais, faire des câlins avec son oreiller serait la prochaine meilleure chose.

Tout était prêt pour demain. J'ai décoré le sapin, terminé les marques places et arrangé les meubles. Le traiteur a été choisi et les barmans ont été confirmés. La fête serait par... Enfin, non, elle ne serait pas parfaite sans Aiden.

Mais, elle en serait sacrément proche.

Alors que je m'endormais, j'ai senti un sourire envahir mon visage. Un sourire auquel je n'avais même pas besoin de penser.

Parce qu'en cette nuit avant Noël, même dans une maison vide, dans un lit vide, je savais que j'étais entourée d'amour.

De sexe ?

C'était une autre histoire. Elle serait réécrite demain, une fois le chaos du bal de Noël terminé. Aiden et moi serions enfin ensemble, sans être interrompus par des listes de choses à faire ou des facteurs de stress de dernière minute.

Haze ou pas, nous allions brûler les feux de notre passion toute la nuit.

Mais, pour l'instant, l'amour devrait faire l'affaire.

Et, l'amour, il était là. Me réchauffant de l'intérieur en cet hiver froid et enneigé.