L'Invitation

La somptueuse enveloppe noire qui contenait l’invitation était posée sur la table de la cuisine sans être ouverte.

Elle était d'un noir mat, et son nom était gravé au recto en calligraphie argentée, avec un sceau de cire argenté, frappé de l'écusson de la maison Bane.

Elle avait reçu l'invitation le jour précédent, et elle n’avait pas bougé de là où elle l’avait déposée. Elle ne pouvait simplement pas se résoudre à l'ouvrir. Elle savait exactement ce qui se tramait aux nuits festives chez les Bane.

C'était rempli de personnes magnifiques qui avaient assez d'argent pour acheter tout ce que leur cœur désirait, et selon sa meilleure amie, Lorie, c'est ce qu'elles faisaient.

Lorie fut invitée l'année dernière par Luca, l'aîné des trois frères Bane.

Elle avait accepté – puisqu’elle n’avait pas vraiment eu le choix - et quand elle était rentrée le lendemain matin, elle n'arrivait pas à croire ce qui s'était passé la nuit précédente.

Elle avait immédiatement réveillé Willow, impatiente de lui raconter ce qui était survenu, même si elle était certaine que son amie ne la croirait pas.

Willow entendit l'histoire la plus incroyable qu’elle ait jamais imaginé sur la richesse, la beauté et le sexe.

Il s'avéra que les frères Bane connaissaient un certain nombre de personnes qui partageaient leurs goûts pour - selon Willow - la dépravation.

Lorie estimait le nombre de personnes à la fête à pas moins d’une centaine, ce qui n'était pas surprenant. Tout le monde connaissait les Bane pour une raison ou une autre.

Willow était légèrement vexée de ne pas avoir été invitée, mais cela ne la faisait pas réagir. Elle n'était pas le genre de personnes que les Bane invitaient généralement à de tels événements.

Lorie était grande et mince, avec des cheveux blonds raides et des yeux marron clair. Sa peau était joliment bronzée, et pour Willow, elle avait toujours semblé bien équilibrée d'une certaine façon - plus équilibrée qu'elle, en tout cas.

Lorie correspondait bien au look qu'avaient les femmes généralement invitées à ces fêtes.

Willow, en revanche, mesurait à peine un mètre soixante-dix. Elle avait des courbes luxuriantes, une poitrine de taille décente et une crinière de cheveux roux indisciplinés et bouclés qui descendaient en spirale jusqu'au milieu de son dos.

Sa peau était de porcelaine, avec de légères taches de rousseur sur l'arête de son nez, attirant l'attention sur la seule caractéristique qu'elle aimait chez elle : ses yeux vert brillant.

« Willow, allez. Tu ne peux pas me dire que tu ne veux pas l'ouvrir et connaître l’identité du frère qui t'a invitée », lança Lorie assise sur le canapé.

« Je sais exactement qui m'a invitée. »

Lorie leva les yeux au ciel. « Alors, tu devrais vraiment y aller. Merde, j'y vais avec toi. »

« De belles femmes minces, de l'argent jeté à gauche et à droite, des gens qui baisent partout... Qu'est-ce qui ressemble à un endroit où je devrais me trouver ? » grogna Willow, se levant de la table de la cuisine.

Il fallait qu'elle arrête de fixer la lettre, sinon elle pouvait être tentée de l'ouvrir.

« Tu es une belle femme », lui rappela Lorie. « De plus, ce n'est pas comme si tu devais participer. Beaucoup de gens y vont juste pour se détendre. »

Willow n'ajouta rien, alors Lorie continua.

« Oh, allez ! On passerait un bon moment. On pourrait se saouler, se faire offrir des verres par des types riches, danser... Tu ne peux pas me dire que ça ne semble pas intrigant au moins. »

Willow soupira. Lorie avait raison. Ça semblait effectivement intrigant, mais Willow ne voulait pas l'admettre.

« S'il te plaît. Qu'est-ce que Luca et toi avez fabriqué l'année dernière ? Tu ne resteras pas avec moi plus de dix minutes, et tu le sais », dit-elle avec un petit rire.

« Si je t’y accompagne, je te promets que je resterai avec toi. À moins, bien sûr, que tu ne décides de trouver quelqu'un d'excitant avec qui te distraire », dit Lorie avec un clin d'œil, ce qui les fit éclater de rire.

C'était la raison pour laquelle elle aimait Lorie. Elles étaient amies depuis le jardin d'enfants il y a vingt ans, et elles se connaissaient mieux que quiconque.

Willow poussa un profond soupir, et regarda une fois de plus l'invitation sur la table, avant de jeter un œil résigné et de briser le sceau.

Le papier sur lequel l'invitation était écrite semblait luxueux. Il était blanc cassé, et écrit en belle calligraphie assortie à l'enveloppe :

« Mlle Bridges,

Vous êtes cordialement invitée aux festivités annuelles des Bane qui auront lieu le 13 octobre à 23 heures au domaine Heathcliff au centre-ville.

Des cocktails, des bouchées et des divertissements seront disponibles tout au long de la nuit.

Vous trouverez le code vestimentaire et les règlements sur les pages suivantes. Les frères Bane espèrent votre présence.

Damon Bane. »

Willow feuilletait le code vestimentaire, et ne réalisait toujours pas qu'elle considérait se plier à ces règles.

Le code vestimentaire était tel qu'elle l'avait imaginé d'après ce que Lorie lui avait dit : moulant, dénudant, mais formel. Les talons hauts étaient obligatoires.

Le code vestimentaire pour les hommes requérait seulement un costume, mais Willow supposait que c'était pour faciliter l’habillement des frères Bane.

Les règles étaient assez simples :

1.) L'entrée du domaine Heathcliff ferme à 12 heures précises.

2.) Personne n'est obligé de participer à des activités qu'il trouverait inconfortables.

3.) L'invitation doit être présentée à l’entrée afin d’être autorisé à l’intérieur.

4.) Ce qui se déroule à Heathcliff reste à Heathcliff.

« Alors ? » demanda Lorie, en sautillant sur ses orteils.

Willow soupira, posa la lettre et la regarda. Sa décision était prise.

« Alors, je suppose que j'ai besoin d'une robe. »