L'Alpha et Aurora : Le Final

RORY

Je me réveille de ma sieste de l'après-midi et je trouve notre chambre inondée de la lumière rouge du coucher de soleil. J'ai dû dormir pendant au moins deux heures. Je me redresse prudemment, je frotte mon ventre de femme enceinte et je souris.

Cet enfant m'épuise, mais je ne peux pas être plus heureuse. Le bébé a tellement grandi au cours des mois qui ont suivi l'annonce de la naissance, lors de la cérémonie organisée dans la meute pour célébrer la défaite de Némésis.

La meute a fini par m’accepter, plus ou moins. Je porte l'héritier de leur Alpha après tout, et j'ai sauvé les enfants de la meute de la déesse maléfique Némésis.

Cela me donne encore le vertige de penser que je ne reverrai plus jamais ses yeux jaunes et maléfiques. Comparés à elle, les loups ordinaires ne sont qu’une promenade de santé.

Certaines des femmes qui espéraient devenir la Luna d'Everett me jettent encore des regards mauvais, et il y aura toujours des gens qui auront du mal à faire confiance à quelqu'un qui n'est pas un loup, mais ils restent minoritaires.

En fait, la plupart des membres de la meute ont canalisé l'énergie qu'ils mettaient autrefois à se méfier de moi pour me protéger. Tout le monde sait à quel point je suis maladroite.

Où que j'aille, quelqu'un me propose de me prendre un verre, d'aller chercher ma chaise, de m'accompagner à la bibliothèque. Je n'ai rien cassé depuis un mois et j'ai moins de bleus, alors je suppose qu’il y a du progrès.

C'est gentil et drôle de leur part, mais un peu ennuyeux aussi.

Le plus protecteur de tous, bien sûr, c'est mon compagnon. Même si ses fonctions d'Alpha l'occupent beaucoup, il trouve toujours le temps de veiller sur moi.

Il n'y a eu aucun problème depuis que nous avons vaincu Némésis, pas la moindre ombre au tableau. Ma vie n'a jamais été aussi calme.

Mais quand j'essaie de lui dire de se détendre un peu, il me prend les mains, me regarde dans les yeux avec son beau visage sérieux et me dit : « Je ne prendrai aucun risque avec les personnes que j'aime. »

Comment suis-je censée résister à ça ? Je cède toujours, même quand il ordonne au cuisinier de goûter ma nourriture pour s'assurer qu'elle n'est pas empoisonnée. J'aime son côté protecteur et attentionné, et je ne peux pas lui en vouloir de s'inquiéter.

Nous avons traversé tellement de choses ces dernières années. Mais maintenant, il y a beaucoup de choses à célébrer. Ma meilleure amie Freya a trouvé son compagnon, c’est Ace, le gamma de la meute, et leur cérémonie d'accouplement est imminente.

Ils sont adorables depuis l’officialisation, ils se tiennent la main dans le réfectoire et font de longues promenades dans la forêt le soir. Je sais que Freya s'entraîne à le dessiner, sous forme humaine et sous forme de loup.

Il y a juste un petit problème : Freya est une autre humaine que la meute doit accepter, et elle doit terminer ses études. Comme Ace ne peut pas l'accompagner à New York, il ne lui reste que l'université locale.

Mon séjour à l'université des loups-garous a été assez horrible, et j'avais pourtant l’avantage d'être la Luna. J'espère que le fait d'épouser Ace aidera Freya, mais je ne peux pas m'empêcher d'être nerveuse pour elle.

Je ne peux pas supporter l'idée qu'elle subisse ne serait-ce qu'une fraction des brimades que j'ai subies tout au long de ma vie. Personne ne sait mieux que moi à quel point les loups peuvent être cruels envers les humains.

Mais nous verrons cela en temps voulu. Pour l'instant, nous essayons de nous concentrer sur l'organisation de la cérémonie d'accouplement. Freya a la fibre artistique, elle fait très attention au choix des couleurs et à la lumière.

Elle a fixé la date à dans six mois, pour me laisse le temps de me remettre de mon accouchement et d'être sa demoiselle d'honneur. J'ai pleuré quand elle me l'a demandé, et elle a ri en disant : « Qui d'autre voudrais-je ? »

L'avoir à mes côtés a été une vraie bénédiction. Elle a même pris des cours de préparation à l’accouchement pour pouvoir m'aider le moment venu.

Je n'arrive pas à croire à quel point mon ventre est devenu énorme. Je suis si grosse que nous nous sommes demandé si je n'allais pas avoir des jumeaux, mais les échographies ne montrent toujours qu'un seul bébé.

Everett jure qu'il entend deux battements de cœur, mais le médecin dit que ce n'est qu'un écho. Nous avons pu découvrir le sexe du bébé, un garçon.

Je suis un peu triste de ne pas avoir de fille, mais qui a dit que ce serait notre seul enfant ? Everett et moi sommes encore jeunes, nous avons encore beaucoup de temps devant nous.

Ce n'est pas comme si je ne voulais pas de fils. Je suis sûre qu'il sera merveilleux, ce sont les réactions des autres qui m'inquiètent. Tant que les gens se contenteront de dire « oh génial, un héritier mâle », je serai heureuse.

J'ai hâte d'avoir ce bébé, de le rencontrer et de lui donner un nom. J'ai insisté sur le fait que nous devions attendre qu'il soit né pour décider comment l’appeler, mais je pense qu'Everett a secrètement quelques idées en tête.

« On peut attendre encore un peu », dis-je au bébé en me frottant le ventre. « Je ne sais pas encore si je suis prête à te partager. »

Il donne des coups de pied contre ma main et je souris. J'ai toujours été nerveuse à l'idée d'être enceinte, et ça n'a pas été un chemin facile, mais je n'ai vraiment jamais été aussi heureuse.

Je pense qu'il est temps d'aller encore une fois au vieux hangar, pour m'asseoir avec les esprits qui s'y trouvent. J'y ai passé beaucoup de temps ces derniers temps, en pensant à ce que ce sera d'être mère.

Ils ne répondent jamais, mais la sagesse des âmes, les innombrables bébés qui ont grandi dans cet endroit, me donnent toujours un sentiment de calme et de réconfort.

De plus, c'est le seul endroit où je peux avoir un peu de temps pour moi. La meute l'évite toujours, alors je peux passer un peu de temps sans la surveillance de mes baby-sitters.

En m'extirpant du lit, je regarde ce dans quoi je me suis endormie : un jogging taché et une vieille chemise d'Everett. Je devrais probablement me changer. Un pyjama miteux n'est pas vraiment l’uniforme d'une Luna compétente.

J'enfile avec précaution des sandales en me tenant au mur pour garder l'équilibre. C'est difficile, car je ne vois pas plus loin que mon ventre et mes pieds sont un peu enflés, mais j'y arrive.

J'ouvre un peu la porte, jetant un coup d'œil pour voir s'il y a quelqu'un qui « passe par là » au cas où j'aurais besoin de quelque chose, mais étonnamment, il n'y a personne en vue. Je vais peut-être réussir à sortir sans que personne ne le remarque.

Me déplaçant aussi discrètement que possible, je sors dans le couloir et me dirige lentement vers les escaliers.

En haut, je m'arrête, et me mords la lèvre. Cela fait longtemps que je n'ai pas essayé de descendre les marches toute seule. Les marches sont raides et étroites, et je ne vois pas mes pieds.

Trébucher légèrement sur une racine est une chose, mais si je tombe dans ces escaliers, cela pourrait être un problème grave. Je veux être indépendante, mais pas me blesser gravement ni mettre en danger le bébé.

Des voix s'élèvent de la pièce principale pendant que je réfléchis à mes options, et l'une d'entre elles fait battre mon cœur dans ma poitrine. Je tends le cou vers la source des voix, j'essaie de comprendre, j'espère me tromper.

Ça ne peut pas être elle. Ce n'est pas possible. Je pensais que j'étais en sécurité maintenant, que je n'entendrais plus jamais sa voix.