L'Alpha et Aurora : Le Final

EVERETT

Je tapote mon stylo sur mon bureau, en jetant un coup d'œil à l'horloge. 3h30. Aurora est allée faire une sieste dans notre chambre il y a seulement une demi-heure, et c'est la cinquième fois que je regarde l'heure.

Il m’est difficile de me concentrer sur l'activité de la meute aujourd'hui. Ce que je veux vraiment, c'est être avec ma compagne enceinte, écouter sa respiration et les battements de cœur du bébé. Plus qu'une heure et demie.

Alors que j'essaie de me concentrer sur les rapports budgétaires, Lucius, mon bêta, fait irruption sans frapper. Il respire fort. « Alpha, les dissidents de la meute de la Lune Rouge s'approchent de nos terres ! »

Je me lève immédiatement, mon loup Chaos grogne de fureur en moi. Il me faut faire un effort pour ne pas me transformer tout de suite. « Ces bâtards. Comment osent-ils ? »

Même avant que je ne rencontre Aurora, la meute de la Lune Rouge était notre ennemie. Nos territoires étaient limitrophes, et ils tentaient toujours de repousser nos frontières, testant notre force.

Après avoir appris comment ils avaient traité ma compagne bien-aimée, ils ne pouvaient plus être que mes ennemis. Ils l'avaient tourmentée jusqu'au jour où ils l'avaient bannie et laissé son corps dans les bois.

Si elle n'avait pas été particulièrement résistante, ou si elle n'avait pas eu ses pouvoirs de guérison, je n'aurais jamais eu la chance de la rencontrer. Elle avait été jetée comme un déchet.

Après la défaite de leur cruel Alpha, la plupart des membres de la meute de la Lune Rouge s'étaient rangés sous la direction de Sang de l'Ombre. Mais quelques-uns avaient refusé et avaient été bannis de mes terres.

« Appelle les guerriers. Nous allons leur montrer que c'est une erreur de nous défier », dis-je en claquant des doigts. Je suis heureux d'avoir une opportunité de montrer ma force, régler un problème et protéger ma famille.

Lucius m'attrape par l'épaule, m'empêchant de quitter le bureau. « Je ne peux pas, Everett. »

Il est l'un des rares que j’autorise à me toucher de la sorte, mais je dois quand même me mordre la lèvre pour ne pas le frapper. « Pourquoi pas ? »

Il grimace. « Ils arborent notre drapeau. »

Une trêve. Ils veulent une réunion ? Ils ont refusé mon leadership. Au nom de la déesse, de quoi pourrions-nous bien avoir à parler ?

Je fais un signe de tête laconique, en relâchant mes épaules. Lucius recule. « J'ai compris. Prépare les guerriers quand même. On ne peut pas faire confiance à ces traîtres. »

« Oui, monsieur. » Il salue et s'élance à l’extérieur, lançant des appels tout en courant. « Guerriers, prenez vos armes, rassemblez-vous dans les casernes pour recevoir vos ordres ! Des loups suspects s'approchent ! »

Les loups bondissent à son passage. Je sais que ces lâches n'ont aucune chance contre mon peuple. Nous sommes bien entraînés, bien armés et prêts à protéger ce qui nous appartient.

Au moment où le convoi de Lune Rouge nous atteint, nos guerriers sont rassemblés et prêts. Le reste de la meute a été prévenu de rester à l'intérieur, en alerte.

Une escouade de loups forme les premiers rangs de la garde autour de la maison de la meute. Deux autres sont sous forme humaine, portant leur armure complète, des épées et des lances.

Il y a un chemin étroit que les « invités » doivent emprunter. Je les attends à la tête de la meute, sans armure, comme le veut la coutume.

Mon peuple grogne et montre les dents tandis que les visiteurs se dirigent vers moi. Les loups de Lune Rouge essaient de les ignorer, mais je peux sentir leur peur.

Une seule voiture, transportant cinq personnes, est venue sur nos terres. Le reste du convoi est aux frontières, devant des guerriers prêts à intervenir au cas où cette trêve tournerait mal. Mes propres hommes les surveillent.

Je ne prends pas de risques. S'il y a un combat, c'est nous qui le gagnerons.

J'acquiesce de la tête avec raideur lorsqu'ils me rejoignent. « Bienvenue à la maison de la meute du Sang de l'Ombre. Je vois et j'honore votre demande de trêve. En tant qu'Alpha, je vous invite à l'intérieur, dans la paix. »

Une femme âgée parle au nom du groupe, une femme que je ne reconnais pas. « Je vous remercie. Nous acceptons votre gracieuse invitation. » Ils me suivent à l'intérieur, la plupart les épaules voûtées et le regard méfiant.

Je ne peux m'empêcher de jeter un coup d'œil aux escaliers. Aurora dort encore, et je ne veux pas la déranger. Elle a besoin de se reposer, et le stress est mauvais pour le bébé.

Je vais découvrir ce que veulent ces gens avant de l'effrayer inutilement. Avec un peu de chance, je pourrai me débarrasser d'eux sans qu'elle n'ait jamais à savoir qu'ils sont ici.

Les visiteurs attendent mes instructions. Je laisse le silence s'installer, je leur fais sentir mon mécontentement face à leur intrusion.

« Venez par ici. Nous parlerons dans notre salle de réunion. » J'ouvre la marche, la femme restant juste un pas derrière moi. Elle est grande, près d'un mètre quatre-vingt-dix avec ses talons, et bien bâtie. Je suis sûre qu'elle est redoutable en combat.

Je prends place à la tête de la longue table. La femme et son entourage prennent place face à moi. L'un d'eux n'arrête pas de jeter des coups d'œil nerveux vers la porte.

Une fois que nous sommes tous entrés et assis, nous ne parlons pas. Ace entre, silencieux, flanqué de deux guerriers. Des verres sont distribués on nous sert à tous de l'eau.

C'est une vieille tradition, qui date de l'époque d'avant les voitures, quand les déplacements se faisaient sous forme de loups ou à cheval.

Le voyage pouvait être long et épuisant, et il était poli de donner aux visiteurs le temps de se s’hydrater et de reprendre leur souffle avant de faire des affaires.

J'avale une gorgée de mon eau et pose le verre immédiatement. Je ne veux pas que ces loups restent ici plus longtemps que nécessaire.

« Quelle est la raison de cette visite ? » demandé-je à la seconde où chacun a fini de boire une gorgée. C'est impoli, mais je m'en fiche.

La femme se tient droite, les bras croisés, le menton levé. Elle semble à l'aise et confiante, sûre de son autorité. Ses yeux sont bleus et durs comme l'acier, ses cheveux roux sont coupés court.

Sa voix est forte et un peu rocailleuse. « Je suis Martha, cousine de Joanna, mère adoptive de Luna Aurora de la meute du Sang de l'Ombre. » Elle marque une pause pour laisser ses mots m'imprégner.

Pendant une seconde, je suis déconcerté. Je n'ai aucune idée de qui elle parle. Puis, je comprends. Elle parle de la Maman d’Aurora. Je ne l'ai entendue l’appeler Joanna qu'une seule fois.

Martha sourit en voyant mon visage. « Je dirige la Lune Rouge pendant cette période de troubles, puisqu'on nous a volé notre Alpha, notre Luna et notre bêta. »

Je pousse un ricanement. « La meute de la Lune Rouge est sous ma direction. Ton refus de le reconnaître ne te donne pas le droit de diriger. »

« Tu n'as pas le droit de t'appeler notre Alpha », grogne Martha avant de se reprendre. « Aurora est ma parente. Je viens la réclamer, elle et son enfant, et les rendre à leur famille légitime. »

« Aurora est ma compagne ! » Mon sang bouillonne, Chaos hurle pour se libérer.

Elle secoue la tête. « Tu n'as pas demandé notre bénédiction avant de t'accoupler avec Aurora. Ton mépris pour nos lois rend ta revendication nulle et non avenue. »

Mais avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit, j'entends un petit bruit. Je me retourne et je vois Aurora en haut des escaliers, qui nous regarde avec horreur.