L'Erreur

JENNA

L'hôtel que Zara a choisi est élégant et classe, tout comme elle. C'est elle qui a tout payé, alors je suis juste là pour la balade.

Quand Johnny et moi allons à l'hôtel, c'est généralement un trois étoiles au mieux, rien d'aussi extravagant que celui-ci.

En écartant mes cheveux de mes yeux, je scrute le hall pour trouver l'accueil et m'enregistrer quand Zara attire mon attention, un large sourire sur le visage.

« Salut, Jenna ! Tu fais quoi ? »

J'indique le sac qui est affalé contre mes pieds et grimace.

« J'allais m'enregistrer. »

« Oh », Zara rit, ses yeux pétillent d'amusement. « Je l'ai déjà fait. On y va ? »

Bien sûr.

J'acquiesce, me mordant la lèvre en jetant un coup d'œil autour de nous.

« Alors, je suis dans quelle chambre ? »

« Tu es dans la chambre de Bethany. Elle est super sympa. »

En colocation avec une inconnue ?

Sentant mon malaise, Zara se penche en avant et passe son bras dans le mien.

« Elle est magnifique et tellement gentille. Tu vas l'adorer. »

On se dirige vers le bar où Zara commande du champagne à volonté, en ajoutant le tout sur sa note.

Les avantages d'être riche.

En savourant le liquide pétillant, je lève les yeux pour voir quelqu'un qui ressemble à un top model s'avancer vers nous, ses longs cheveux noirs tombant sur ses épaules.

Ses yeux bruns en forme d'amande rencontrent les miens et un sourire chaleureux soulève les lèvres améliorées par la chirurgie que j'aimerais pouvoir m'offrir.

« Salut ! » murmure la fille quand Zara la prend dans ses bras. « Je m'appelle Bethany. »

Mon cœur se serre.

Il n'y a aucune chance que cette créature voie ma chair flasque, ni mes vergetures. Je sabre le champagne, me sentant mal habillée et mal fagotée dans ma robe patineuse et mon legging.

Ma plus jolie robe patineuse.

« Voici Jenna. » Zara me fait signe de la main et me sourit. « Mignonne, n'est-ce pas ? C'est une vieille amie. »

Mignonne ?

Vieille ?

Je souris docilement.

« Oh, il y a Hannah et Grace ! Je reviens tout de suite, les filles ! » chante Zara, en se dirigeant vers le hall.

Bethany me sourit et s'affale sur une chaise surdimensionnée débordant de coussins.

« J'aime ta robe. »

Mes joues rougissent lorsque je regarde sa tenue, un jean en cuir moulant et une chemise blanche comme la glace qui épouse ses courbes aux bons endroits, les bras s'écartant au gré de ses mouvements.

Sa peau semble avoir été exposée au soleil des Caraïbes et ses dents sont si blanches qu'elles en sont aveuglantes.

« Merci », je marmonne.

« Ça devrait être amusant. Je n'ai pas participé à un week-end entre filles depuis si longtemps », dit Bethany avec une moue.

« Ouais, moi non plus. »

Bethany fait un signe de tête à mon alliance.

« Mariée ? » Elle boit une gorgée de son verre et regarde mon verre vide avec méfiance.

« Oui, depuis quatorze ans maintenant. » Je repousse mon verre, me demandant si je dois le remplir à nouveau.

Les yeux de Bethany s'écarquillent.

« Merde ! C'est la moitié de mon âge ! »

Merveilleux.

« On s'est rencontrés quand on était jeunes. »

Mon cœur s'arrête au souvenir de Johnny, qui s'avance vers moi dans un bar, me disant qu'il allait m'épouser un jour.

« Des enfants ? »

« Une, Jodie. Elle a douze ans. » À la mention de notre fille, je souris. « Elle est incroyable. Elle adore l'art… »

« Et vous connaissez Bethany, non ? » La voix de Zara domine la pièce, et Bethany lève les yeux en poussant un cri.

Deux femmes se tiennent là, l'une ayant l'air d'avoir bu de la vodka toute la journée, l'autre étant tout aussi belle que Bethany.

« Oui ! Oh mon Dieu, nous étions à New York ensemble la semaine dernière », s'exclame la femme. « C'était une si longue journée. »

« Pas vrai ? » Bethany sourit. « J'avais tellement mal aux pieds après avoir essayé tous ces talons. »

« Comment crois-tu que je me sentais ? J'ai dû porter ce stupide corset toute la journée ! »

Je fais la sourde oreille, me demandant si Bethany voudra entendre parler des leçons de violon de Jodie.

Johnny a dit que ça ressemblait au bruit d'un chat qu'on noie.

Mes lèvres s'étirent en un sourire à la pensée de mon mari, et je l'imagine pelotonné sur le canapé avec Jodie, regardant 'ses conneries' qu'il 'ne supporte pas'. C'est un si bon père.

« Le nouveau Viktor et Rolf ? » Bethany fronce les sourcils. « J'ai refusé. Je suis tellement lessivée en ce moment. Mon emploi du temps est chargé. Sérieusement, j'ai besoin de cette pause. »

Je regarde ses yeux brillants et sa peau éclatante, l'absence de poches sous les yeux ou de rides aux coins. Pas de pattes d'oie pour elle. C'est à ça qu'elle ressemble, épuisée ?

« Et voici Jenna, une vieille amie. »

Le regard de la femme immaculée se tourne vers moi, et elle sourit de manière glaciale.

« Bonjour. »

J'aurais dû aller chez le coiffeur et me faire faire un brushing. Bon sang, j'aurais dû m'acheter une nouvelle garde-robe et me faire faire les ongles.

Je ne savais pas qu'on allait traîner avec des top-modèles, bon sang.

« Salut. »

Zara m'envoie un regard reconnaissant avant de repartir en courant.

« Tamara ! Claire ! Par ici ! »

J'attrape la bouteille de champagne, je verse le contenu dans mon verre jusqu'à ce qu'il soit plein à ras bord, puis un verre s'entrechoque avec le mien.

« Remplis-la pour moi, veux-tu, chérie ? »

C'est l'autre femme.

Comment s'appelle-t-elle ?

« Je m'appelle Grace, mais appelle-moi comme tu veux. Je serai trop ivre pour me souvenir de ton nom dans vingt minutes. »

En versant le champagne dans son verre, je me détends un peu.

Grace semble presque normale, tout bien considéré. Ses cheveux noirs et brillants encadrent parfaitement son visage de lutin, ses grands yeux verts se ferment alors qu'elle boit son verre d'un trait.

« Encore, s'il te plaît. »

Je m'exécute, me demandant si je dois faire de même.

« Putain de top-modèles, hein ? » Grace me fait un clin d'œil en me donnant un coup de coude. « De belles salopes. »

Hannah et Bethany sont en pleine conversation et les deux nouvelles femmes qui nous rejoignent sont tout aussi parfaites qu'elles.

« Je pense que je suis sa seule amie moche », dis-je en haussant les épaules.

Grace grogne et me donne une tape dans le dos.

« Tu n'es pas laide. Elles sont juste parfaites. »

Zara s'assoit enfin, et je regarde les autres femmes.

Comment de telles créatures peuvent-elles exister ? Jusqu'à aujourd'hui, je pensais que Zara était la plus belle femme que je connaissais.

Mais maintenant ?

Bon sang, Zara parait normale, me laissant le rôle du chat de gouttière.

« Je vais te dire, si tu veux mon avis. » Grace s'étend à côté de moi. « Ne sors jamais avec une femme. »

Ses yeux passent sur Bethany et elle fait une grimace.

« Peu importe à quel point elles sont belles. »

En jetant un coup d'œil entre elles, je lève les sourcils. « Toi et Bethany... ? »

Grace secoue la tête, remplissant ma coupe de champagne à ras bord.

« Non. Mais, elle est belle, c'est tout. »

Je n'avais jamais vraiment pensé à sortir avec une femme, toutefois si j'en avais eu envie un jour, quelqu'un comme Bethany aurait été hors de portée pour moi.

« Tamara et Claire ont gentiment payé notre dîner de ce soir, n'est-ce pas gentil ? Merci, mesdames ! »

Les deux femmes sourient, mais leurs sourires n'atteignent pas tout à fait leurs yeux.

« Trop de chirurgie », murmure Grace à mon oreille alors que j'étouffe un ricanement.

C'est comme une compétition. Donc elles ont payé pour le dîner, Zara a payé pour le champagne...

J'espère qu'ils ne s'attendent pas à ce que je paie pour que nous fassions toutes quelque chose, sinon, ce sera une bouteille de Pinot Grigio du magasin local.

Zara frappe dans ses mains et déclare que le spa est réservé pour 10 heures demain matin, après un petit-déjeuner au champagne servi dans nos chambres.

« Ensuite, nous pourrons nous prélasser autour de la piscine et bénéficier de soins de beauté si vous le souhaitez, puis j'ai réservé le restaurant pour le dîner. »

Je me déplace sur mon siège tandis que Bethany consulte son téléphone en fronçant les sourcils.

« Excusez-moi. Mon agent m'appelle. »

Agent.

Waouh.

Zara distribue les clés des chambres, rien à voir avec les cartes en plastique auxquelles je suis habituée. Ce sont des pierres d'onyx attachées à des porte-clés en cuir vert avec le numéro de la chambre imprimé en or.

301. Ma chambre.

« Peux-tu donner le numéro de la chambre à Bethany ? » Je dis à Zara, qui se met la main sur la bouche.

« Oh, excuse-moi. Bethany a pris sa propre chambre. Elle dit qu'elle ne peut pas dormir, donc elle aura la lumière allumée toute la nuit. Est-ce que tu seras bien toute seule ? »

D'accord ? J'en serais ravie.

« Oh, bien sûr. À quelle heure on se retrouve ici ? »

Zara fronce les sourcils, regardant son téléphone.

« Dans deux heures ? Ça te laissera assez de temps pour te préparer ? »

Je retiens mon rire. Deux heures me laisseront assez de temps pour prendre un bain, me maquiller et faire une sieste.

Deux heures.

« À plus tard », je dis avec un sourire, m'éclipsant avant que quelqu'un puisse me faire la conversation.

Grace semble aller bien, mais elle est maintenant en pleine conversation avec le personnel du bar, et je suppose qu'elle sera encore là dans deux heures.

J'utilise les toilettes avant de trouver les ascenseurs, ma tête étant embrouillée par le champagne.

J'appelle Johnny, et je tombe sur sa messagerie.

Au moment où les portes de l'ascenseur sont sur le point de se fermer, la main de quelqu'un les arrête et deux hommes entrent dans l'ascenseur à côté de moi.

Le premier me regarde à peine en appuyant sur un bouton, mais je sens que l'autre m'observe.

« Salut », je réponds au téléphone, en me détournant. « J'ai pensé que je pourrais essayer de te parler avant le dîner. J'ai deux heures avant qu'on se retrouve, alors appelle-moi si tu peux. Je t'aime. »

Alors que je termine l'appel, l'ascenseur s'arrête.

« C'est pour moi. » Le premier type est sorti, me laissant seule dans l'ascenseur avec l'autre homme.

« Troisième étage ? » Une voix soyeuse gronde à côté de moi, et je me retourne avec surprise pour voir que les portes de l'ascenseur sont toujours ouvertes.

« Euh, ouais. Et toi ? »

Je me penche en avant, appuyant un doigt sur le chiffre trois qui m'éclaire depuis sa cage de verre doré.

L'homme secoue la tête.

« Cinq. »

Il se penche en avant, son parfum flotte autour de moi et j'essaie de ne pas fixer sa nuque où ses cheveux blonds pointent vers le bas.

Il porte un costume, cher à première vue et ses larges muscles sont évidents lorsqu'il bouge.

Mon attention est attirée par les boutons de manchette qu'il porte, et j'aimerais pouvoir en offrir d'aussi beaux à Johnny.

L'homme recule, ses yeux se posent sur les miens et les retiennent.

Je déglutis maladroitement alors que l'ascenseur se met en marche.

« Edward. »

Il tend la main vers la mienne, et je la prends, en essayant de ne pas fixer son délicieux sourire.

« Jenna », je souffle, forçant mon attention à se détourner de ce jeune chiot.

Il ne doit pas avoir plus de vingt-cinq ans.

Attends qu'il voie Bethany, me dis-je soudain, une pointe de tristesse me traversant.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et je me précipite dehors, désespérée de m'éloigner de l'homme qui rend les maris jaloux.

Ce week-end va être long.