Pas le Centre du Monde - Couverture du livre

Pas le Centre du Monde

Delta Winters

Je déteste la façon dont il m'atteint encore.

Maya Hamilton

"Mr. Parker." Comme je remarque la légère grimace sur son visage à la formalité de ma voix, je soupire et prends une profonde inspiration. "Jace. Cela fait un moment. Pourquoi enseignes-tu ici ?"

"Je n’ai pas le droit d’enseigner ici maintenant ?" demande-t-il un peu durement.

"Non", je réponds sans détour et sur le même ton irrité.

Ses sourcils se froncent devant mon hostilité à son égard, alors qu’à l’époque j’aurais vénéré le sol sur lequel il marchait.

"C'est une incroyable coïncidence que tu enseignes ici, dans l'école où j'ai étudié après ton départ, ou cela a-t-il été planifié pour une raison quelconque ?

"Tu ne te rappelles surement pas, mais ma mère vit dans ce quartier, et j'ai pensé que je pourrais vivre et enseigner près d'elle puisque j'ai passé trop de temps avec mon père. Mais si tu penses que tout tourne autour de toi, Maya, très bien."

Un sourire en coin se dessine sur son visage tandis qu'il se penche sur sa chaise un air prétentieux au visage. "J'aime voir que je t'affecte toujours autant, Maya. Après presque deux ans."

"C'est vrai", j'admets, ce qui le fait légèrement bondir. Il pensait que j'allais jouer au chat et à la souris, ses jeux de drague à la noix. Mais je suis différente. La maternité m'a changée. Il n'est plus le centre de mon monde.

Maisie l'est. Ma fille. Tout ce que je fais maintenant c’est pour elle, et ça ne changera pas, ça ne peut pas changer. Je l'aime et je tiens tellement à elle.

"Ecoute, Jace, c'est la dernière conversation que nous aurons tous les deux comme... autre chose qu'un professeur et une élève".

"Nous aurions dû avoir cette conversation il y a longtemps, quand tu m'as envoyé un texto pour rompre au lieu du coup de fil que je pensais avoir mérité."

Il déglutit à mon ton détaché.

"Ecoute, Maya..."

"Honnêtement, je pense que le texto résumait ce que tu ressentais et pourquoi tu as rompu avec moi de manière assez... rapide. Je comprends que tu aies senti que ça ne marcherait pas entre nous, avec la différence d'âge.

"Mais... j'ai eu l'impression que tu pensais que notre relation ne signifiait rien, que la fin ne méritait qu’un texto."

"Tu sais que ça signifiait plus..."

"Non je ne le savais pas", je l'interromps, le regardant dans les yeux avec confiance et sincérité. "Je ne le savais pas parce que tu n’as même pas eu la décence de m'appeler. C’est incroyable - tu avais un téléphone qui fonctionnait pourtant.

"Écoute, je ne veux pas discuter davantage à propos du texto, parce que je pense qu’on sait tous les deux pourquoi tu as rompu avec de cette manière. Nous devons nous comporter comme des adultes.

"Tu es maintenant mon professeur et je suis maintenant ton élève, jusqu'à ce que ma demande de transfert soit acceptée..."

"Transférer ?" demande-t-il, soudainement alarmé, en se redressant.

"J'ai été distraite par toi en un seul cours. Et tu m’atteints toujours autant. Et j'ai toujours des sentiments pour toi. C'est juste un amour différent. J'ai aimé ce que nous étions avant.

"Mais j'ai grandi, et peut-être que toi aussi, et nous sommes des personnes différentes maintenant. Et notre relation est différente."

Il cligne des yeux en silence, fixant mon visage, cherchant quelque chose.

Je lève les sourcils en signe d'interrogation, mais il continue à me regarder comme s'il ne me reverrait jamais.

"Je te donnerai le formulaire de transfert d'ici la fin de la journée pour que tu puisses le signer et me le donner demain matin", dis-je après que le silence assourdissant ait commencé à m'inquiéter.

Lui envoyant un petit sourire triste, j'ajuste le sac sur mon épaule et je me dirige vers la sortie, seulement pour qu'il attrape ma main à la porte et me retourne vers lui.

"Maya...", murmure-t-il, sa prise se resserrant autour de mon poignet alors qu'il me regarde dans les yeux.

J'aimais qu'il soit beaucoup plus grand que moi, ça le faisait paraître plus vieux, plus fort et plus incroyable. Mais maintenant, avec lui qui me regarde avec ces yeux familiers, je me sens toute petite comme autrefois.

Mais ma vie ne tourne plus autour de lui, elle tourne autour de Maisie. Et il est son père, techniquement.

"Lâche-moi si tu n'as rien à dire", murmure-je en relevant le menton pour pouvoir croiser son regard. "Lâche-moi."

Son visage se rapproche du mien et, même si j'ai envie de m'enfuir, je ne peux pas. Mes pieds sont fixés au sol. Ma respiration est bloquée dans mes poumons. Mes yeux ne peuvent regarder nulle part ailleurs que vers lui. Et puis ses lèvres se pressent contre les miennes.

Je fonds. Je me laisse aller. Je n'en ai pas envie. Mais je ne peux pas m'en empêcher.

C'est la seule relation que je n’ai jamais eue. J'ai eu quelques baisers avant de le rencontrer, avec lui c’était différent. Il était différent. Et pourtant, il est parti. Et je dois penser à Maisie.

Et mes décisions doivent maintenant être ce qu'il y a de mieux pour elle. Avoir Jace dans sa vie pourrait être une mauvaise idée, comme je l'ai décidé il y a des années. Mais est-ce que c'est à moi de prendre cette décision ?

Mieux encore, est-ce toujours la décision que je dois prendre après tout ce temps ?

Je recule immédiatement, me cognant la tête contre la porte derrière moi, mais reprenant mes esprits au moins.

Je grimace légèrement à l'impact, mais lorsque mes yeux croisent à nouveau ceux de Jace, j'ai l'impression que la douleur s'évanouit comme si elle n'avait jamais été là.

Mais je me force à fermer les yeux, à fermer les yeux sur tout ça. C'est mon professeur maintenant, et c'est tout ce qu'il est.

J'attrape la poignée de la porte, mais il m'appelle encore par mon nom. Je dois l'ignorer, je dois partir.

Je m'enfuis de la salle de classe avant que quelque chose d'autre ne se produise et je cours vers les toilettes pour sécher les larmes qui ont déjà coulé dans cette salle.

Avant que je puisse y arriver, des voix devant moi me bloquent le passage.

"Tu pleures ? " s'écrie une fille populaire, sur un ton plus moqueur que compatissant, même si elle affiche une expression amusée au visage.

Je sèche complètement mes joues avec les manches de mon pull ample et regarde le groupe devant moi.

"Tu sors tout juste de la classe de Parker ? Qu'est-ce que voulait ce canon qui t'a fait pleurer ? " demande une autre fille à côté d'elle, accrochée à l'un des gars qui me tournaient autour plus tôt dans la classe.

Je sais, étant ici depuis un an déjà, que ne pas faire l'effort de connaître les noms de ces personnes est pratiquement un crime dans le monde la politesse, mais je dois me concentrer sur Maisie, et sur l'école.

"Maya, c'est ça ?"

Le type qui a toussé tout à l'heure prend la parole et m'envoie un sourire charmeur en s'appuyant contre les casiers. Il ressemble aux sourires et aux rictus que Jace avait l'habitude de me donner lorsqu'il flirtait avec moi, son charme m'éblouissant en un instant.

De façon assez pathétique, il n'avait même pas besoin de flirter avec moi pour que je fasse ce qu'il voulait. Pourtant, il n'était pas un de ces types qui maltraitent leurs petites amies. Oui, on se disputait parfois, comme dans n'importe quel couple.

Oui, il y a eu un temps où ses manières de player prenaient le dessus et où il flirtait avec d'autres filles. C'était un garçon de fraternité après tout.

Mais heureusement, je ne pense pas qu’il m’ait un jour trompé, ni même embrassé une autre fille lorsque nous étions ensemble. Tous ses amis ont été stupéfaits de ça.

"Ouais", réponds-je nonchalamment, un peu irritée par les gens qui me dérangent constamment ici. Ou peut-être que c'est parce que je suis particulièrement irritée de revoir Jace, je veux dire M. Parker, à nouveau.

"Je dois aller à mon prochain cours, excusez-moi", déclare-je précipitamment et je me faufile avant qu'ils n'aient le temps de comprendre.

Honnêtement, je ne sais pas pourquoi ils m’embêtent. Depuis que je suis devenue maman, je me suis... je prends beaucoup moins soin de moi.

Bien sûr, je me lave, je me brosse les dents, je mange à l'occasion et j'achète l'essentiel, mais je porte toujours mes vêtements de grossesse, qui consistent en des pulls amples et des jeans, et je ne me maquille pas.

Je ne dors presque pas avec mes deux emplois, la fac et Maisie.

Le matin, j'attache mes cheveux bruns banals en queue de cheval ou en chignon bas pour qu’ils ne me gênent pas et pour ne pas avoir à les brosser.

Je ne sais pas ce que j'ai de si spécial pour qu'ils continuent à me harceler.

C'est peut-être parce que je les ignore comme s'ils n'étaient pas les personnes les plus populaires de l'école et que les autres élèves tueraient pour leur parler et les fréquenter.

Mais je traînais avec des gens comme ça dans mon ancienne école, ce qui m'a amené à assister à une fête de fraternité, et à être sous l'influence de Liz qui allait à l'université de Jace, ce qui m'a amené à fréquenter Jace.

Mais j'aime Maisie, et je ne changerais rien. Elle est la lumière de ma vie, tout ce pour quoi je vis.

Jace est son père. Et maintenant qu'il est de retour, et que je peux le contacter cette fois pour lui dire, devrais-je lui dire ?

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