Le Mariage de Ma Soeur

Tate

«Oui, maman, je serai à l'heure», ai-je dis au téléphone alors que je m'asseyais à mon bureau. Je me suis penché en arrière sur la chaise, tenant en l'air l'invitation de mariage délicatement gaufrée. «Non, je te le promets. Mon avion atterrit à 14 heures. »

J’ai levé les yeux au ciel tandis que ma mère continuait de parler fort au téléphone. «Oui, oui. Au revoir, maman. »

J'ai coupé l'appel et jeté le téléphone sur mon bureau, en laissant échapper un long soupir. J'ai ouvert mon ordinateur et j'ai essayé de travailler, puis je l'ai fermé en signe de frustration.

Dire que ma famille et moi avions une relation compliquée était un euphémisme. J'aimais ma sœur, mais je n'avais aucune envie d'aller à ce mariage.

Surtout si l'on considérait que c'était deux semaines de fêtes et d'événements, plus un voyage. Ma sœur avait invité toute la famille à l'accompagner pour sa lune de miel aux Maldives.

Qui faisait ça ? Mais selon ma mère, c'était obligatoire pour toute la famille, moi y compris.

J'ai pensé à inventer une excuse, à leur dire qu'un problème professionnel était survenu et que je devais partir juste après le mariage.

J'ai imaginé la torture d'avoir à endurer deux semaines de famille et de connaissances me demandant pourquoi je n'étais pas marié, quand j'allais avoir des enfants et comment se déroulait toute ma vie.

Puis j'ai pensé au fait que ma mère ne laisserait jamais tomber. Jusqu'au jour de sa mort, elle trouverait le moyen d'en parler chaque fois qu'elle essayerait d'obtenir ce qu'elle voulait ou ce dont elle avait besoin pour me faire sentir mal.

Et puis, bien sûr, il y avait les curieux qui, dans chaque conversation, proposaient de me mettre en contact avec leur fille ou leur nièce.

«Si seulement j'avais un rencard... » J'ai marmonné. «Non, un rencard nécessite une attention réelle...»

Quelques secondes plus tard, une idée folle a germé dans mon esprit. J'ai rouvert mon ordinateur portable et cherché des agences basées à Boston.

Après quelques recherches, j'ai trouvé ce que je cherchais. J'ai envoyé un courriel à la directrice de l'agence, l'informant de ce dont j'avais besoin. Deux minutes plus tard, j'ai entendu mon ordinateur sonner.

«C'était rapide... » J'ai marmonné en lisant le message, qui me disait que je recevrais un appel dans l'heure qui suivait pour discuter des détails.

J'ai décidé qu'il valait mieux avoir cette conversation dans l'intimité de ma maison. Je me suis levé et j'ai quitté le bureau, informant mon assistant que je partais pour la journée.

Mon chauffeur m'a emmené dans les rues sinueuses de New York avant de s'arrêter devant mon immeuble.

«Merci, Thomas. Je vous verrai demain matin. »

«Oui, monsieur», a-t-il répondu avec raideur.

Je suis sorti de la voiture et je me suis rendu au niveau du penthouse. Je suis entré dans mon appartement et j'ai à peine réussi à enlever ma cravate que mon téléphone portable a sonné.

«Tate Young», j'ai répondu sans ménagement.

«Mr Young, mon nom est Edna Smith. J'appelle de la part d'Advantage Incorporated. »

«J'ai été un peu surprise de recevoir votre e-mail demandant nos services. Je ne peux pas imaginer que vous ayez un quelconque problème pour trouver une partenaire pour cet événement. »

J'ai fait la moue. Oui, peut-être que j'avais été élu célibataire le plus convoité plusieurs fois. Le fait d'être le PDG d'une entreprise new-yorkaise très prospère faisait ça.

«Ecoutez, Mme Smith», ai-je répondu. «Trouver une partenaire n'est pas un problème. Mais je ne suis pas d'humeur à avoir à gérer une vraie partenaire et ses vraies attentes. »

«J'ai juste besoin de quelqu'un pour remplir ce rôle, pour faire reculer ma famille afin que je puisse passer ce mariage le moins péniblement possible. Est-ce que c'est quelque chose que vous pouvez trouver ? Ou dois-je aller ailleurs ? »

«Non, non, monsieur», a-t-elle dit rapidement. «Nous serions plus qu'heureux de vous aider. Maintenant, pouvez-vous me donner une idée de ce que vous recherchez ? »

«Quelqu'un qui ne ressemble pas à une escorte, évidemment, quelqu'un avec de la classe. Tout ce dont j'ai besoin, c'est de quelqu'un qui puisse suivre le rythme. Ce sont des événements haut de gamme avec seulement des invités de premier ordre. »

«Il faut qu'elle soit capable de faire la conversation et d'utiliser la bonne fourchette au dîner», ai-je terminé en me pinçant l'arête du nez en signe d'irritation.

«Eh bien, monsieur, toutes mes associées ont de la classe», a-t-elle répondu sans ambages. «J'en ai quelques-unes en tête pour vous. Qu'en est-il de l'apparence ? Vous voulez quelqu'un qui vous attire, n’est-ce pas ? »

Je me suis assis sur le canapé et j'ai fermé les yeux.

«Cela n'a pas d'importance. Je ne coucherai pas avec cette femme. Je ne paie pas pour le sexe. Tout ce dont j'ai besoin, c'est de quelqu’un qui puisse être ma petite amie de manière crédible. Je n'ai pas besoin d'une fille qui soit débraillée au mariage. »

«Je comprends. Mais Mr Young, si vous ne me donnez pas une idée générale du look, je ne peux pas vous trouver une bonne correspondance», a-t-elle dit, légèrement irritée.

J'ai pensé à Jamie. Elle avait été brillante et belle, avec ses longs cheveux blonds et son visage fin. J'ai secoué la tête, «Pas une blonde. »

«J'ai la fille parfaite en tête», a-t-elle dit avec éclat. Je pouvais voir qu'elle souriait de l'autre côté du téléphone. «Je vous enverrai le détail du prix et ses informations avant demain. »

«C'est parfait. Merci», ai-je répondu avant de raccrocher le téléphone. «Qu'est-ce que je viens de faire ? » Je me suis demandé en retombant sur le canapé.

«C'est une idée stupide. » J'ai fait les cent pas dans l'appartement pendant un moment, en me disant plusieurs fois que j'allais abandonner ce plan.

Une heure plus tard, j'ai ouvert un e-mail contenant la facture. «C’est une blague ! » J'ai hurlé en regardant le prix.

J'ai laissé échapper un soupir avant de payer la première moitié comme acompte. Je n'avais même pas payé autant à mon avocat.

«Eh bien, il n'y a pas de retour en arrière possible maintenant», ai-je marmonné.