EBF : La Sirène Prisonnière - Couverture du livre

EBF : La Sirène Prisonnière

F.R. Black

Chapitre 2

« Eh bien, il a l'air d'avoir le profil, mais va-t-il jouer comme il faut ? » dit une lointaine voix de femme qui semble déformée.

Je cligne des yeux.

Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?

« Je pense qu'il pourrait être notre joker. »

« Hmm, vraiment ? Intéressant. »

« Il se réveille », dit la voix d’homme qui m’est familière.

Mon corps réagit comme une vipère enragée, habitué depuis tout petit à me réveiller dans des lieux qui ne me sont pas familiers. Je me redresse si vite que je peux entendre des exclamations et des cris alors que mon cœur bat à cent à l’heure.

Et ma main autour de la gorge de Pierce n'arrange rien.

« Calmez-vous », dit la femme à ma gauche. « Vous n'êtes pas en danger, Jensen. Doucement... »

Elle m’a appelé par mon prénom.

Je croise le regard de Pierce, retire ma main de son cou et regarde autour de moi en contrôlant ma respiration.

« Pas possible », murmuré-je, mon regard embrassant l'immensité de cet endroit. « Qu'est-ce que... »

« Bienvenue dans l’Entreprise Bonne Fée », murmure Pierce avec précaution, en ajustant son costume gris que je viens de malmener. « Respirez et sachez que vous n'êtes pas en danger. »

Je ne dis rien pendant un moment, tandis que mon regard se pose sur cette... entreprise. Tout est trop lumineux, et je m'attends à ressentir un courant d'air céleste, comme si j'étais mort en fait.

Je vois des murs blancs imposants avec une technologie si révolutionnaire qu'elle ferait bander Elon Musk.

Les gens sont en costume ou en blouse blanche et se déplacent comme s'ils étaient tous pressés ou en retard pour quelque chose.

Je respire à nouveau calmement. Je ne peux pas manquer l'enseigne géante ENTREPRISE BONNE FÉE au-dessus d'un énorme bureau de réceptionniste, comme si nous étions dans un gigantesque hall d'entrée.

« Où suis-je ? » demandé-je dans un murmure.

Mais je sais que c'est une question stupide.

Je ne comprends pas comment c'est possible.

La femme à côté de moi sourit, son visage est joli et élégant, même si elle est plus âgée que moi.

Je l'évalue rapidement et remarque aussitôt la façon dont elle se tient avec autorité, et je sais qu'il s'agit de quelqu'un de très influent. Son regard gris-bleu me transperce, me dévisageant comme si je lui appartenais.

« Nous sommes en retard, j’en ai peur, vous allez donc devoir accepter ce processus. Vous avez lu et signé la lettre, vous savez donc déjà ce qu'on attend de vous. »

« La Fée Marraine », dis-je avec un sourire dur, mon regard défiant le sien. « Moi qui pensais que vous n'étiez qu'une vieille et grosse fée sortie d'un livre pour enfants. Que je sois damné ! » Je lui fais un clin d'œil, à moitié moqueur.

Elle hausse un sourcil et jette un coup d'œil à Pierce par-dessus mon épaule. « Il se débrouillera très bien. » Elle sourit. « Suivez-moi, Jensen. »

« King », dis-je pour la corriger, laissant transparaître mon agacement.

Je suis Pierce et mes yeux s'imprègnent de tout, j'ai l'impression d'être sur un putain de plateau de tournage. Je lui demande comment c'est possible, et il me fait un rapide résumé de leur histoire à l’Entreprise Bonne Fée.

Elle s’appelle Zora, la Fée Marraine.

Elle a donc un nom.

Et le Conseil Universel n'est pas fan d'elle, ni de Pierce d'ailleurs, ce qui m'intéresse.

Il y a beaucoup de drames familiaux entre Zora et ses sœurs, une dangereuse lutte de pouvoir. Elles sont toutes des Fées Marraines, et ont toutes des fonctions différentes au sein du Conseil.

Elles surveillent l'EBF comme des oiseaux de proie, espérant qu'elle échoue. Je ferme la bouche et j'écoute, absorbant toutes les informations que je peux dans cette étrange réalité.

Règle numéro un pour évaluer une situation dangereuse : Écouter.

Les sœurs de Zora n'ont pas le droit d'intervenir ou de modifier quoi que ce soit dans l’EBF tant que les règles sont respectées, ce qui est vital. Je ris doucement en marchant et en écoutant. Je n'en reviens pas.

C'est quoi tout ce bordel ?

« Vous avez dit que vous vouliez mon aide », dis-je en les suivant dans un long couloir blanc. « J'espère que ça n'a rien à voir avec le fait de trouver le grand amour. »

Ça ne risque pas d’arriver.

Pierce me regarde et un sourire en coin se dessine sur ses lèvres. « J'ai besoin de votre aide autrement que pour faire tomber quelqu’un amoureux. Nous avons quatre autres hommes prêts à jouer pour la cible.

« Mais comprenez-vous pourquoi nous avons besoin de vous ? Le destin vous a choisi, et nous n'avons pas droit à l'erreur. L'avenir de l’EBF pourrait être en jeu. »

Je prends une minute, jetant un coup d'œil autour de moi.

Quatre autres hommes.

Je me passe une main sur le visage. « Vous me voulez pour quoi faire alors ? » Je le regarde de travers. « Et ce n'est que pour trois mois, et je pourrai rentrer chez moi avec mes millions intacts et cette salope en prison ? »

Je regarde la Fée Marraine en m'excusant. « Désolé, mais Jenna est vraiment une salope. »

Elle hausse un sourcil, les yeux brillants. « Il faudrait bien plus que ça pour m'offenser, Jensen. »

Je fronce à nouveau les sourcils en entendant mon prénom. « King. »

Pierce continue : « C'est exact. Ce que j'attends de vous, c'est ce que veut le destin. » Pierce me jette un coup d'œil de côté pendant que nous marchons.

« J'ai besoin de vous pour trouver la cible, car nous ne l’avons pas encore. Une fois que nous aurons rencontré les autres hommes, j'entrerai dans les détails, mais j'aurai besoin de vos capacités psychologiques pour cette mission. »

« Trouver la cible ? » demandé-je, très intrigué.

Je ne suis pas idiot. Une fois la surprise dissipée, tout cela me semble excitant.

C'est vrai. Si quelqu'un peut le dire, c'est bien moi.

Le film Men in Black ne me semble pas irréaliste en ce moment.

« Considérez cela comme une aventure unique, Jensen. Vous vous rendez sur une planète différente, pleine de malédictions, de magie et de mystères.

« Vous allez vivre une expérience dont les gens ne peuvent que rêver dans leurs fantasmes les plus fous. Profitez-en bien.

« Je le dis à tous mes nouveaux agents : personne n'a jamais regretté cette expérience. Vous repartirez d'ici transformé pour le meilleur. Vous avez ma parole, Jensen. »

Je lève un sourcil. « Vous êtes doué pour convaincre les gens. »

Pierce me sourit et fait un clin d'œil. « Je ne fais que dire la vérité. »

Zora nous jette un coup d'œil. « Jensen, vous allez vous asseoir avec les autres hommes derrière ces portes. Je répondrai à vos questions et vous découvrirez votre rôle pour les trois prochains mois.

« Cela dépend entièrement du destin et ne peut plus être changé une fois commencé. »

Je fronce les sourcils en entrant dans la grande salle aux sièges surélevés et je prends une grande bouffée d'air. Le mur du fond ressemble à un putain de système solaire.

« PUTAIN. C'est réel ? » murmuré-je, mon cœur battant la chamade pendant que je regarde de lointaines comètes filer à travers l’abîme insondable. Je m'accroche au dossier d'une chaise pour garder l'équilibre.

« Asseyez-vous, Jensen. »

M'asseoir, putain ? Est-ce qu'elle a perdu la tête ?

Je vois les autres hommes qui me fixent, et pour une fois, je ne saisis pas tous les détails. « Qu'est-ce que c'est ce bordel ? » murmuré-je.

C'est complètement dément.

Je m'assieds lentement, déglutissant tandis que mes yeux s'imprègnent du vaste système solaire qui s'offre à mon regard. « Ce n'est pas possible », soufflé-je en me pinçant le nez et en expirant lentement.

Dans quoi je me suis embarqué, putain.

« Hé, ça va, mec ? » me dit un homme à ma gauche.

Ma tête tourne comme si mon cou était en plâtre, et que des petits débris tombaient au sol dans mon effort pour le regarder.

« Ce n'est pas réel, mon pote. » Il sourit et fait un signe de tête devant moi. « C'est comme une putain de technologie virtuelle. Tu as l'air tout pâle, alors je préfère te le dire. »

Mon cerveau assimile la chose rapidement, et je feins de ne pas le regarder, mais il ressemble à un Californien, avec ses longs cheveux bruns, son t-shirt de plage, ses tongs et sa peau bronzée. Il est très grand.

Son accent de surfeur californien colle à mon évaluation, et son attitude chaleureuse et décontractée lui permet d'accepter cette situation mieux que la plupart des gens. Tant mieux pour lui.

« Merci », lui dis-je.

Il semble ne pas remarquer mon dédain, son sourire ne quitte pas ses lèvres.

« Mec, c'est trop hallucinant. On est tous arrivés hier, on a eu le temps de s'adapter. » Il s'interrompt en fronçant les sourcils. « Tu me sembles familier. »

« Hier ? »

« Ouais, mec. » Il ajuste sa large carrure sur son siège. « Respire profondément, mon pote. » Il me regarde. « Je m'appelle Claus Baar. »

Il est allemand.

Je ne lui donne pas mon nom car la Fée Marraine s'éclaircit la gorge avant de parler.

« Maintenant que tout le monde est là, nous pouvons commencer ce voyage passionnant. » Elle me fait un signe de tête en souriant. « Comme vous pouvez le voir, nous avons notre dernier joueur, Jensen King. »

J'entends quelques murmures et je vois des regards de connivence.

J'ai figuré dans de nombreux magazines et fait l'objet de nombreux articles, il n'est donc pas surprenant qu'ils me reconnaissent. Je peux dire que je dirige certains des casinos les plus luxueux de Las Vegas.

Elle poursuit : « Il y a tant de détails importants à passer en revue. Ici, à l'EBF, nous avons trois niveaux de mission différents. Les opérations A, B et C.

« Pierce est responsable des missions Alpha et du département de conception. » Elle lui adresse un sourire chaleureux. « Félicitations pour avoir été choisis, c'est un grand honneur d'être ici. »

Pierce prend la parole : « Bien que cela arrive de temps en temps, il est rare d'avoir des agents masculins. Nous avons une cible féminine pour cette mission qui doit être conquise à la manière de l'EBF.

« Maintenant… » Il fait une pause alors que l'écran virtuel derrière lui change et affiche une planète massive. « Voici la planète Tamesis qui fait partie de la cinquième galaxie. »

Murmures dans la salle. Je reste bouche bée.

Zora acquiesce et sort ses lunettes en forme d'yeux de chat.

« Cette planète peut évoquer l'époque du dix-huitième siècle de la Terre, mais elle est plus gothique. Vous aurez plus de détails plus tard, alors ne vous inquiétez pas. Ceci n'est qu'un bref aperçu.

« La planète est très dangereuse, messieurs, vous devez donc être aussi prudents que possible avec vos seulement trois lignes de vie. Elle est pleine d'éléments extraordinaires que vous n’avez jamais vus.

« Oui, ce royaume gothique est beau et excitant, mais un mal profond s’y répand. »

Pierce nous regarde, les autres hommes et moi. « Ce monde est le théâtre d'une lutte de pouvoir, une course pour trouver un trésor perdu qui promet un pouvoir incommensurable. »

Un pouvoir incommensurable.

Je souris en secouant la tête devant ce scénario ridicule.

« Si vous travailliez dans ce domaine depuis aussi longtemps que nous, vous sauriez que cette lutte pour le pouvoir est présente dans tout l'univers », dit Zora avec un soupir. « Nous ne pouvons pas y échapper, mais nous pouvons la contrôler. »

Je l'écoute, me sentant bizarre et intrigué.

Honnêtement, je ne serais pas surpris qu'une équipe de caméra cachée vienne nous dire qu'ils nous ont bien eus. Mais une autre partie de moi sait que cela n'arrivera pas.

Pierce et Zora n'ont pas l'air d'être nerveux ou d'avoir assez de patience pour faire une farce de cette ampleur. Leur technologie à elle seule suffit à le confirmer.

« La guerre, messieurs », murmure Zora en nous regardant tous. « C’est une bataille entre races pour trouver le trésor du Cœur de Dragon.

« Ce médaillon a été détruit il y a longtemps, et ses fragments sont éparpillés partout. » Elle regarde Pierce. « Cinq, si j'ai bien compris. »

Il hoche la tête en la regardant.

Elle poursuit : « Tout le monde veut le médaillon du Cœur de Dragon. Les premiers descendants des anciens dragons étaient des métamorphes, une race puissante qui contrôlait cette planète et maintenait l'équilibre.

« Ces descendants existent toujours, mais ils ne peuvent plus utiliser leur pouvoir de métamorphose depuis que le médaillon a été brisé au cours d'une ancienne guerre.

« Celui qui possédera tous les fragments et reconstituera le médaillon héritera du pouvoir de métamorphose, ce qui pourrait être dévastateur s'il tombe entre de mauvaises mains.

« Vous pouvez imaginer que ce genre d'objet n'a pas de prix.

« Ah oui, il y a des sirènes dans ce monde, mais elles ne sont pas comme dans les histoires et les films que vous avez tous vus sur Terre.

« Elles sont rares et extrêmement dangereuses, car elles descendent de l’espèce éteinte des ondines.

« Les sirènes de sang pur ne peuvent pas se transformer en humaines, et les puissantes de sang pur désirent ardemment le faire, car cela doublerait leur pouvoir et ferait d'elles des êtres de terre et d'eau.

« Cela dit, tout humain qui maniera ce médaillon pourra se transformer en une bête aux pouvoirs inouïs. »

Des sirènes ? Ai-je bien entendu ? Je passe une main sur mon visage et respire calmement.

« C’est complètement dément, putain », murmuré-je. Il s'agit donc d'une chasse au trésor pour des morceaux de médaillon qui possède, bien sûr, des pouvoirs inouïs. Je ne peux pas oublier cette partie.

On se croirait dans un putain de film fantastique.

« Les propriétaires légitimes sont ceux de la lignée du Cœur de Dragon, les seuls qui sont censés détenir son pouvoir sans en abuser », explique Pierce.

« Mais plus personne ne respecte les règles, et le médaillon est une proie facile. »

« Des sirènes ? » dit un homme qui semble venir du Moyen-Orient à l'avant. « Des dragons ? » Il rit.

Zora hausse un sourcil. « Oui, des sirènes. Messieurs, ces créatures sont très dangereuses et peuvent vous tuer.

« Cela nous amène à la principale menace. Ils ont trouvé deux morceaux du médaillon et n'ont besoin que de trois autres. Cora Meg est l'épouse du roi Triton... »

J'entends un ricanement dans la salle. « Vous êtes sérieuse ? Comme dans La Petite Sirène ? »

Zora sourit. « Comme je l'ai dit, ces mondes reflètent le nôtre. » Elle marque une pause. « D'après vous, d'où viennent tous ces contes fantastiques ? »

Murmures.

J'ai envie de rire, mais elle marque un point.

« Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais nous pensons que Cora Meg travaille avec quelqu'un de très influent. La seule information dont nous disposons, c’est que notre cible est ce contact.

« Nous savons peu de choses sur elle, seulement qu'elle est l'une des filles du Grand-Duc du manoir de Bridgedell.

« Le Duc a sept filles, et une seule est la taupe, il faut donc s'intéresser de près à chacune d'entre elles. Vous devez la trouver et l'arrêter, à la manière de l’EBF. »

« La manière de l’EBF ? » demande Claus à côté de moi, puis il me regarde en haussant les sourcils. « La faire tomber amoureuse de l'un d'entre nous ? »

« Précisément », confirme Zora. « Si on ne transforme pas son cœur, elle ne s'arrêtera jamais. »

Je ris en passant une main sur mon visage. « Pourquoi ne pas la tuer ? » proposé-je avec un haussement d'épaules, attirant les regards de tout le monde.

Quoi ? Ce serait la solution la plus simple et la moins ennuyeuse. Une balle dans la tête et le tour est joué, problème résolu.

Pierce sourit, jetant un coup d'œil à Zora. « C'est sûr, mais ce n'est pas comme ça que fonctionne l’EBF. La femme en question est notre cible pour une raison précise : elle doit avoir beaucoup d'influence et de pouvoir.

« La tuer au lieu de réparer son cœur ne ferait que permettre à un autre mal de se dresser et de prendre sa place, ce qui nous ramènerait au point de départ. »

« Elle est sexy ? » demandé-je, sans me soucier de l'impression que je donne, et j'entends quelques ricanements étouffés.

« Toutes ces filles, d'après ce que j'ai vu, sont très attirantes, Jensen. Mais... »

« L’apparence ne fait pas tout », complété-je en levant les yeux au ciel et en croisant les bras devant ma poitrine.

Claus acquiesce en secouant la tête, ne comprenant rien à mon sarcasme. « Tout à fait d'accord, mon pote. » Il se touche le cœur. « C'est ce qu'il y a à l'intérieur qui compte. »

Pierce me regarde attentivement, un sourire se dessine sur ses lèvres. « J'allais dire que ce sont des femmes alpha, et qu'elles pourront vous mâcher et vous recracher plus vite que vous ne pourrez regarder leurs seins.

« Que la cible soit sexy est l'un des nombreux signes d'avertissement pour vous tenir sur vos gardes. »

Je lève un sourcil.

Zora frappe dans ses mains. « Très bien, messieurs, veuillez vous mettre en ligne pour prendre place. Nous vous donnerons plus de détails sur ce monde et cette mission plus tard… nous avons du retard ! »

Je me lève à contrecœur et me mets en ligne avec les autres hommes, en les observant.

Ils sont tous séduisants, je dirais, mais ce n'est pas un problème. Je n'essaierai pas de gagner le cœur de la vipère, mais simplement de m'amuser.

Une aventure de trois mois ne me semble pas si mal après avoir failli me faire voler des millions de dollars par une stupide salope.

J'ai besoin de me défouler.

« Qu'est-ce que c'est ? » demande le premier homme que je vois s'approcher et mettre ses mains dans une sorte de vasque d’eau métallique avec un sourire en coin.

Il est grand, ses cheveux sont blonds et il affiche un rictus arrogant. Il a l'air d'un gosse de riche avec son pantalon de luxe et sa manière arrogante d’incliner la tête.

Il n'a pas la confiance d'un homme qui a dû se sacrifier. J'ai rencontré beaucoup d'hommes comme lui, qui se croient tout permis, et qui auraient bien besoin de se faire botter le cul.

J'ai beaucoup de colère refoulée.

Respire.

« Félix Lowe », dit Zora en guise d'approbation, sans se rendre compte à quel point c'est un con. Il est facile à cerner, comme la plupart des gens que je rencontre.

L'écran affiche : Capitaine de navire de l'armée de Bridgedell.

Intéressant. Ce petit con vient probablement de bander, à en juger par son expression excitée.

L'homme suivant, un Mexicain, a l'air d'un beau garçon dans ses vêtements parfaitement repassés. Il semble normal, il n'a pas l'air d'un connard. Et pourtant.

« Juan Manuel de Herrera », annonce Zora en lui adressant un sourire doux et encourageant.

Il est plus petit que les autres mais se tient assez bien, il est peut-être trop gentil pour ce que j'ai entendu sur ce monde. Ses mains plongent dans la substance alors que nous attendons tous le résultat.

Juan sourit en se retournant pour regarder l'écran derrière lui. On peut y lire : Explorateur des Tropiques de Cadaraan.

« Joli rôle », dit Zora en applaudissant. « Au suivant ! »

« Mec », dit Claus derrière moi. « C’est ton tour. »

Je soupire.

Si j'obtiens un rôle de merde, je vais m’énerver, au diable les règles. Je m'approche de l’eau métallique et je sens que tous les regards sont braqués sur moi. C'est vraiment en train de se passer.

« Ça ne fait pas mal », me lance Félix avec un sourire méprisant, en me regardant comme si j'étais un trouillard.

Il n'a manifestement aucune idée de ce que je fais dans la vie.

Je lève mon regard vers le sien, mon humeur s'enflamme. Finalement, je soupire en disant : « Imagine si ton père s'était retiré à temps. »

Quelle grande perte ça aurait été.

« Attends, quoi ? » Son visage grimace, on dirait qu'il a chié dans son pantalon.

« Jensen. » Zora fait un signe de tête vers l’eau métallique, en me lançant un regard d’avertissement pour que je sois gentil.

« Qu'est-ce qu'il a dit, putain ? » demande Félix à quelqu'un à côté de lui.

Je mets mes mains dans l'eau, c'est bizarre, c'est froid, et je ressens des vibrations. J'ai l'impression que des minutes passent, que ça dure plus longtemps que pour les autres.

Je me retourne finalement vers l'écran et mon pouls s'accélère. Je retiens mon souffle lorsque l'écran affiche : Capitaine Black Heart. Chef des pirates de la baie de Boaba.

Je lève les sourcils, et un sourire se dessine sur mes lèvres sans que je puisse m'en empêcher.

Je suis un putain de pirate.

Une montée d'excitation m'envahit tandis que mon esprit s'emballe.

« Mec », dit Claus derrière moi. « Ça claque, mon pote. »

Pierce applaudit, me regarde d'un air pensif, puis dit : « Au suivant ! »

Un pirate.

Un frisson me parcourt l'échine, et une excitation inconnue m'envahit. J'ai envie de rire un peu, je me sens à nouveau comme un petit enfant.

Des pirates ? Des trésors ? Des sirènes ?

Je ferme les yeux une seconde et m'écarte du chemin de Claus, comme si je rêvais. D'une minute à l'autre, je me réveillerai de ce rêve éveillé avec l'impression d'être un abruti.

J'enfonce un ongle dans ma peau et je ressens une vive douleur.

Je ressens la douleur.

Putain, c'est vraiment en train d’arriver.

Claus met ses mains dans la substance et nous attendons tous. L'écran affiche : Quartier-maître du Capitaine Black Heart des pirates de la baie de Boaba.

Mes yeux s'écarquillent.

« Meeeec », fait Claus en lisant l'écran, puis il me regarde. « On dirait qu'on va être partenaires, mon pote ! »

Je ne dis rien et j’intègre ces nouvelles informations, ce qui n'est pas plus mal. Claus est mon quartier-maître. Ça pourrait être pire, dans l'autre sens.

Je pourrai l'utiliser.

Le dernier mec a l'apparence moyen-orientale et très décontracté avec son sweat gris et son chapeau rouge incliné vers l’arrière. Des vêtements décents pour une tenue d'entraînement.

D'après son air sérieux et intense, je dirais que Félix et lui s'entendront très bien. C'est mignon. Ils pourront mesurer leurs bites pour voir qui a la plus grosse.

Je ricane intérieurement, impatient d’assister à cette lutte de pouvoir.

« Hamad Al-Masri. » Zora lui fait un signe de tête.

Il ne sourit pas et ne montre aucune émotion en plaçant ses mains dans la substance.

Je fronce un sourcil en lisant l'écran derrière lui. On peut y lire : Comte de Salaam.

Un comte.

D'après ce que je peux voir, il semble que tout le monde ait obtenu un rôle correct.

Pierce monte sur l'estrade avec un grand sourire et nous regarde tous avec une expression mystérieuse. C'est un homme que j'ai du mal à déchiffrer, ce qui est rare.

« Très intéressant, en effet. Ce sera une mission passionnante. Mais, messieurs, il est temps de vous rendre chacun de votre côté dans votre salle de briefing et de rencontrer votre agent métamorphe de l'EBF.

« La prochaine fois que vous vous verrez, ce sera dans le monde de Tamesis ! Je vous souhaite bonne chance pour ce voyage passionnant. »

« On part maintenant ? » demandé-je, alors qu'on nous fait sortir rapidement de l'immense salle sous prétexte que nous sommes en retard. Pourquoi ai-je l'impression qu'ils sont toujours en retard ?

On nous sépare et on m'emmène dans une pièce isolée avec une grande capsule au milieu. Je prends une seconde, je me sens nerveux. Je jette un coup d'œil à la pièce impersonnelle, avec un bureau dans un coin.

« Bon », me dis-je en plaçant mes poings sur mes hanches. « Je suis un putain de pirate », murmuré-je. Mon pouls s'accélère lorsque la porte s'ouvre et que Pierce entre, suivi d'une petite...

Qu'est-ce que c'est que ce putain de... ?!

« Jensen ! » Pierce affiche un large sourire et écarte les bras en signe de bienvenue. « Bien joué. Votre rôle est très important pour cette mission, bravo. »

« J'étais très curieux de savoir ce que le destin avait en réserve pour vous, et je ne suis pas déçu. Il semblerait que le destin ait de grands projets pour vous, comme je le pensais. »

Je l'entends à peine, car je croise le regard de ce que je décrirais comme une terrifiante créature extraterrestre.

Elle est petite, avec des nattes blondes comme celles que porterait une enfant, mais c'est clairement une femme adulte. Sa tenue est incroyablement vulgaire.

Des bas résilles déchirés, des patins à roulettes et un justaucorps rose vif qui couvre à peine ses... courbes.

On dirait une strip-teaseuse qu'on aurait trempée dans une substance scientifique et qui en serait ressortie toute zarbi. Comme dans ce putain de film Simetierre, mais avec une strip-teaseuse.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? » J'entends ces mots sortir de ma bouche.

Pierce regarde sur sa gauche comme s'il avait oublié qu'il se tenait à côté de cette créature.

Elle me regarde comme si elle voulait me dévorer ou me découper en petits morceaux et me mettre dans un sac poubelle pour me jeter dans la rivière la plus proche.

Je n'en suis pas sûr, mais je trouve cela admirable et inquiétant à la fois.

Elle lève les yeux vers Pierce, et je remarque que son rouge à lèvres rose vif dépasse au coin droit de sa bouche. « OOHHHH, c'est un bel étalon ! Miam ! Je veux jouer avec lui, Piercy ! »

Pierce secoue la tête en la regardant de haut. « Dolly, tu as été informée par les RH des règles concernant les agents métamorphes masculins. »

Elle fronce les sourcils. « Oohh », murmure-t-elle, puis elle lève les yeux vers lui, toute innocente. « Je ne peux pas jouer avec lui ? »

« Non », dit Pierce d'un ton sévère. « Regarde-moi », ordonne-t-il, et l'étrange créature s'exécute. « Tu t’en sens capable ? »

« Oui ! » Elle tape dans ses mains, puis me regarde. « Moi et mon bel étalon, on va GAGNER ! »

Pierce me jette un coup d'œil. « Voici votre agent métamorphe, Dolly. Ne vous inquiétez pas de son impulsivité et de son apparence. Dolly est très douée dans ce qu'elle fait et a réussi de nombreuses missions pour nous. »

« C'est mon agent métamorphe ? » demandé-je, confus et un peu inquiet.

« Elle sera votre guide pour les trois prochains mois, Jensen. Elle sera votre ordinateur de poche et votre principale source de communication avec moi au siège de l’EBF. »

Pierce me regarde et s'approche de moi. « Vous allez faire une bonne équipe. J'en ai l’intuition. »

« Merde », dis-je, et je regarde cette petite créature qui me fait penser à Harley Quinn, voyant la folie dans ses grands yeux. Bizarrement, ce n'est pas totalement rebutant, peut-être parce que je vois aussi ma propre folie en elle.

« D'accord, j'ai une extraterrestre comme partenaire. » Je jette un coup d'œil à Pierce. « Et maintenant ? »

« Piercy, dis-le au bel étalon », dit-elle en roucoulant et en me regardant avec des yeux fous.

« Vous êtes de l'ancienne lignée du Cœur de Dragon, tout comme Claus et quelques autres hommes sous votre autorité à la baie de Boaba.

« Par conséquent, vous êtes les propriétaires légitimes du médaillon du Cœur de Dragon qui vous permettra de récupérer votre capacité de métamorphose. »

« Métamorphose ?! » Je ris. « Vous voulez dire que je vais me transformer en un putain de dragon ? »

Quelle folie.

« Oui, l'esprit du dragon vit à l'intérieur de vous, donc techniquement, il est considéré comme étant vous. » Pierce hausse les épaules.

« C'est une sensation. C'est difficile à expliquer. Vous comprendrez le moment venu, Jensen. »

« Tu vas être un bel, bel étalon ! » La voix sulfureuse et effrayante de Dolly me fait la regarder, puis Pierce.

« C'est un peu troublant de l'entendre me traiter de bel étalon », avoué-je à Pierce.

Pierce acquiesce et jette un coup d'œil vers elle, puis me regarde avec une expression peinée. « Elle veut bien faire. Vous vous y habituerez ou vous apprendrez à l'ignorer.

« Nous avons essayé la thérapie de choc avec elle, et rien ne semble changer son niveau de… bizarrerie flippante. Sachez simplement qu'elle est douée sur le terrain. » Il me tapote le dos. « C'est un petit prix à payer. D’accord ? »

« D’accord », dis-je.

Ces conneries deviennent de plus en plus démentes.

« Je vais vous laisser tous les deux pour trouver trois choses à changer chez vous. Un trait physique ou une capacité, c'est à vous de choisir. »

« Trois ? » demandé-je avec stupéfaction en le regardant se diriger vers la porte, me laissant avec tellement de questions. Pierce acquiesce et nous quitte, appréciant manifestement beaucoup trop la situation.

Je me tourne vers Dolly et soupire. « Bon, Dolly, qu'est-ce que je dois faire ? »

« Tu es un tellement bel étalon ! » dit-elle avec enthousiasme, en tournant en rond avec ses rollers tout en sortant une sucette de son décolleté. « Pas besoin de changer quoi que ce soit au niveau physique, miam. »

« Tu peux arrêter de m'appeler bel étalon ? » demandé-je, détestant les sons bizarres qui sortent de sa bouche. Elle est en train de me gâcher cette expression pour toujours, alors que j'adorais que les femmes m'appellent ainsi.

« D'accord, bel étalon », acquiesce-t-elle en ricanant, le regard vide, comme si elle ne comprenait pas ce que je lui disais.

Je ferme les yeux quelques secondes. « Quels traits ? » Je la regarde. « Du genre combat à l'épée ou un truc du genre ? »

« Parfait ! » approuve-t-elle. « Je dirais aussi qu'il faut savoir cerner les gens pour trouver la vilaine petite cible, vilaine petite fille méchante. »

Je fronce les sourcils. « Je sais déjà faire ça, au suivant. »

« Ohhh, d'accord. » Elle sort la sucette de sa bouche et la pointe vers moi. « Il faut savoir diriger un bateau de pirates, bel étalon. Donc être un pirate méchant et tout ce qui va avec ! »

C'est vraiment intelligent, bizarrement. « Ok, je n'irais pas loin sans savoir ça. »

« Quelle taille fait ton pénis ? » demande-t-elle, avec un peu trop d’enthousiasme.

Je ricane et lève les yeux pour chercher une aide divine. « Putain de merde, tu es une petite créature émoustillée. Je n'ai aucun problème dans ce domaine. Suivant. »

« Je peux voir ? »

« Non. »

Elle lève les yeux au ciel. « Bon. Hmmm. » Elle réfléchit en suçant bruyamment sa sucette, ce qui me fait grimacer car elle en fait des tonnes. « Tu sais monter à cheval ? »

« Oui », répondis-je en me souvenant de tous mes étés passés à monter à l'anglaise avec la famille de Bruna, pleine aux as, qui s'appropriait les pur-sang les plus prisés par le chantage et les menaces.

« Tu as de nombreux talents, bel étalon », s'exclame-t-elle. « Qu'en est-il de la lecture des langues et des symboles anciens ? »

Je fronce les sourcils.

« Ça sera utile pour lire les cartes au trésor ! »

Je lève un sourcil. « Pas mal, Dolly. »

Elle sourit en riant. « Elle va miauler comme une petite chatte quand elle va te voir ! Tu es tellement... »

« Je ne suis pas là pour elle », dis-je, agacé qu'elle pense que je suis en compétition pour la cible. Je suis en vacances.

Elle se met à rire aux éclats au moment où Pierce entre, retroussant les manches blanches de sa chemise. Son regard bleu scintille, je vois de l’enthousiasme dans ses yeux.

« Jensen, c'est toujours votre nom. Nous essayons toujours d'utiliser des noms naturels lorsque c'est possible, à moins qu'une vie antérieure ne soit détournée. »

Je déteste mon nom. « Je préférerais en changer », grogné-je.

« Jensen, quels que soient les souvenirs liés à votre nom, dans ce monde, ils ne signifient rien. Réinventez-vous. »

Pierce me fait un clin d'œil puis active la machine bizarre au milieu de la pièce en agitant les mains, ce qui me crispe. « Nous devons nous dépêcher. »

Je me mords la langue.

On verra bien.

Pierce jette un coup d'œil à Dolly. « Vous avez trouvé trois souhaits qui l'aideront ? »

« Ouiiii », chuchote Dolly. « Piercy... mon étalon pense qu'il ne joue pas pour la cible. »

Ils échangent tous les deux un regard complice et rient comme si j'étais le plus stupide des petits cons.

« Hé oh, je suis là », leur dis-je, agacé qu'ils me prennent pour un crétin naïf. « Et je ne joue pas pour la cible. »

« Jensen, entrez dans la capsule, vite. Zora est toujours difficile à gérer quand on est en retard », me lance Pierce avec un air d’excuse.

« Je sais que vous n'êtes pas là pour la cible. Nous vous donnons juste du fil à retordre parce qu'à chaque fois que les agents disent qu'ils ne jouent pas pour la cible, ils finissent quand même par accomplir la mission. » Il hausse les épaules.

Je lève les yeux au ciel et soupire.

Bon. La capsule.

Je prends un instant, puis je fais ce qu'on me dit, déjà bien trop investi pour faire marche arrière.

Pierce me demande quels sont mes vœux, je les lui énonce et quand une lumière blanche clignote, j'ai l'impression que mon corps est en feu. Pour la première fois, je crains d'avoir commis une grave erreur.

Je sors en titubant de la grande capsule extraterrestre dans un nuage de fumée et j'essaie de reprendre mon souffle.

« Qu'est-ce que... »

« Piercy ! » s’écrie Dolly. « Il est troooop canon ! »

Je lève les yeux en fronçant les sourcils, n'aimant pas qu'on m'appelle ainsi, et j'essaie de reprendre mon souffle. « Dolly, je préfère que tu me traites d’étalon plutôt que de canon », marmonné-je en me redressant de toute ma hauteur.

J'attends.

Je regarde mes bras et mon corps, j'ai l'impression d'avoir pris cinq kilos de muscles.

« Nous faisons moins d'aérographie sur nos agents masculins, mais vous en avez quand même eu des petites retouches. » Pierce me montre un grand miroir sur ma gauche que je ne me souviens pas d’avoir vu auparavant.

« PUTAIN DE MERDE ! » m’écrié-je dans un souffle, alors que mes yeux parcourent mon corps parfait.

Pierce me donne une tape dans le dos. « Vous êtes en pleine forme parce que vous êtes un descendant du Cœur de Dragon. C'est un privilège rare dû à votre droit de naissance. »

« Bon sang », dis-je. Je contracte mes muscles, je me sens tellement puissant. J'ai toujours été en pleine forme, mais là, c'est du niveau d'un super-héros. « Je crois que je commence à aimer ça, beaucoup. »

Dolly ronronne près de moi. « Nous allons trooop gagner ! Je suis troooop excitée ! »

« Dolly, je ne suis pas là pour gagner, juste pour aider », dis-je en la regardant dans le miroir.

Je veux juste m'échapper d’ici.

Elle me fait un clin d'œil. « D'accord, mon bel étalon, mais tu n’as pas vu la cible. Nos missions Alpha sont intenses. Elle pourrait te faire supplier pour avoir sa ch... »

« Dolly », l’interrompt Pierce, les yeux rivés sur elle. « Je n'aime pas que tu sois grossière. »

« Oui », approuvé-je en fronçant les sourcils. « Moi non plus. »

C'est vraiment inquiétant.

« Capitaine Jensen Black Heart, il est temps que vous tourniez sur vous-même pour que je puisse vous mettre dans les habits de votre rôle. » Pierce me fait signe avec ses mains de tourner. « Dépêchez-vous, s'il vous plaît. »

« Tourner ? Comme une putain de Cendrillon ? » Je ricane en voyant à quel point je me sens bête. « Pour de vrai ? »

« Oui. » Pierce sourit. « Les particules magnétiques que nous créons et importons avec les ondes soniques ont besoin de mouvement pour attacher les nanoparticules et former de la matière solide à partir de la légère énergie engendrée ainsi. »

Il me sourit. « Alors, tournez. »

Nous nous regardons l'un l'autre.

Je lève un sourcil. « D'accord », dis-je, et je commence à tourner sur moi-même, ne voulant pas discuter avec lui. Je me crispe en voyant un autre éclair blanc, et tout mon corps est parcouru de picotements.

« Merde ! » soufflé-je, et j'inspire une grande bouffée d'air en me regardant dans le miroir. « Bon sang... » Je m'interromps en me regardant, et je touche le cache-œil qui recouvre mon œil gauche.

« Vous avez un œil argenté, ce qui indique que vous êtes de la lignée du Cœur de Dragon. Il serait sage de garder ce secret, car personne ne sait si la lignée du Cœur de Dragon existe encore.

« Si cette information est divulguée, vous pourriez devenir une cible, ce qui rendrait votre séjour dans ce monde plus dangereux. »

« Je vois », murmuré-je, émerveillé.

Tout ça est devenu réel.

Genre, réel putain.

Je suis tout de noir vêtu, j'ai l'air d'un pirate redoutable et extrêmement intimidant. Putain, si je me croisais, je partirais en courant dans l’autre sens.

Je suis tout en muscles, ma carrure et mes vêtements me donnent une allure assez intimidante.

Je porte des bijoux qui représentent des crânes et des dragons patinés par le temps, ainsi que de nombreux tatouages mystérieux, et le cuir noir de mes vêtements donne une impression d'authenticité et de fermeté.

Sous le gilet de cuir, la chemise noire bouffante s'écarte au niveau du cou et de la poitrine, ce qui me confère un certain charme.

Je jette un coup d'œil à mon pantalon noir moulant, qui ne cache pas grand-chose de mon attirail, et je lève les yeux au ciel.

Je n'ai jamais eu de problème pour attirer les femmes au lit, jamais. En fait, j'en suis arrivé à un point où toutes les femmes se jetaient sur moi, sans même essayer de cacher leur désir.

Au bout d'un moment, c'est devenu ennuyeux, car s'il y a bien une chose que je trouve irrésistible chez une femme, c'est de devoir la conquérir.

Je veux la traquer, putain, comme en suivant les traces de sang d’une proie blessée.

Qu’elles fassent en sorte que je me donne du mal pour ça.

Je ne suis pas violent au lit et je ne forcerai jamais une femme, mais j'aime la résistance et la rudesse. C'est juste un de mes fantasmes, mais cette connerie n'arrive jamais dans la vraie vie.

Je leur dis de sauter, et elles me demandent « À quelle hauteur ? »

Mais l'idée d'une femme venant d'un autre monde ? Oui, ça m'excite.

« Alors, c'est avec ce look que je vais conquérir la cible ? » dis-je d’un air moqueur. « Les filles aiment ce genre de choses ? Le côté mauvais garçon pirate ? »

Je parie que oui.

Pierce se tient à côté de moi. « Si vous avez de la chance. Vous avez trois mois, ce n'est pas long. Et n'oubliez pas que les autres hommes veulent conquérir la cible.

« Cette mission est difficile et vous fera remettre en question tout ce que vous savez sur vous-même. »

Je ris, pensant que ce monde ne saura peut-être pas quoi faire de mon niveau de folie. « Est-ce que s'envoyer en l'air avec des filles sexy enfreint les règles ? Je demande juste pour un ami. »

J'entends Dolly s'esclaffer.

Pierce me regarde pensivement. « Tant que vous n’oubliez pas la mission et restez concentré dessus. J'ai besoin de savoir qui est la taupe, Jensen. Trouvez-la pour moi. Ensuite, vous pourrez vous amuser. »

« Je trouve la taupe, puis je me tape des femmes ? Des femmes qui veulent des aventures sans lendemain ? »

« Oui. » Pierce me fait un sourire qui me fait penser à un putain de renard. « Trouvez la taupe, Jensen. »

« Ce sera assez facile. »

« Prêt ? »

Mon cœur s'emballe. « Maintenant ? »

Pierce touche son oreille. « On est prêts. April… April, arrêtez de parler si vite. Nous sommes prêts pour l'extraction dans 5. »

5... minutes ?

PUTAIN.

Je respire calmement.

« 5 », dit Pierce en tenant toujours son oreillette et en me pointant du doigt. « Préparez-vous, Capitaine Black Heart. Dans 3 ! 2 ! 1 ! »

Un...

Je m’apprête à parler, mais je ne peux pas.

Tout devient noir bien trop vite.

Chapitre suivant
Noté 4.4 de 5 sur l'App Store
82.5K Ratings
Galatea logo

Lecture illimitée, expériences immersives.

Facebook de GalateaInstagram de GalateaTikTok de Galatea