Servante de l'Alpha - Couverture du livre

Servante de l'Alpha

Danielle Jaggan

Chapitre 2

SKYLER

Je marchais lentement dans le couloir du domaine tandis que d'autres esclaves me dépassaient en se précipitant pour aller effectuer leurs tâches du jour avant qu’on ne les réprimande.

Le fait est qu'aujourd'hui, c'était le jour de l’arrivée d'une certaine personne, ou devrais-je dire d'un certain loup, et tout le monde était en fête. Mais seulement ceux qui étaient heureux de le voir, c'est-à-dire les autres loups, bien sûr.

Ces derniers jours, il ne s'était pas passé une seconde sans que je ne me sente anxieuse, mais je suppose que tout ce nettoyage et cette course effrénée m'avaient un peu chamboulée.

Les jours qui avaient précédé cette journée avaient été très fatigants. Chaque esclave et chaque serviteur devait se lever une heure plus tôt et cesser de travailler une heure plus tard que d’ordinaire, pendant que les chefs et les autres loups-garous restaient assis sur leur cul sans rien faire.

Bon sang, je savais bien que l'Alpha allait venir ici, mais honnêtement, la plupart de ces travaux me semblaient tellement inutiles.

Par exemple, nous devions nettoyer chaque coin du domaine encore et encore chaque jour, et la vaisselle lavée devait être relavée et séchée deux fois dans la journée.

J'ai poussé un soupir de soulagement en finissant de nettoyer les quinzièmes et dernières toilettes de la maison où il séjournerait, et pourtant j’étais loin d’avoir fini tout mon ouvrage. Ce n'était que la moitié de ce qu'il me restait à faire.

Attrapant paresseusement les produits de nettoyage, j'ai lentement essayé de rassembler mes forces et de me relever de ma position agenouillée, mais j'ai trouvé cela beaucoup plus difficile à faire que d’habitude à cause de ma fatigue, et du coup, je suis tombée lourdement à quatre pattes sur le carrelage, m’éraflant le genou, tandis que les produits s'éparpillaient dans toute la salle de bains.

« Merde ! » ai-je pesté tout en rampant à côté des toilettes désormais propres, et en m’asseyant entre elles et la baignoire. Je savais que je cherchais à gagner du temps, mais il fallait que je repose mes jambes.

Nous n'avions pas le droit de faire des pauses, toute personne surprise à lambiner était sévèrement punie, et ce que je faisais m'attirerait certainement des ennuis, mais pour l'instant, j'étais prête à prendre ce risque.

Ma tête dodelinait et mes yeux se fermaient tout seuls. J'ai trouvé la force de regarder l'heure sur ma montre à gousset et j'ai vu qu'il était 15h30. Ça alors, je ne savais pas qu'autant de temps s'était écoulé.

Peut-être que fermer les yeux pendant quelques minutes me reposera un peu, me suis-je dit en reposant ma tête contre la baignoire et en faisant une petite prière dans ma tête pour ne pas me faire surprendre par le directeur ou d'autres loups-garous.

Et sur ce, j'ai fermé mes yeux fatigués.

Même si je dormais, j'étais toujours consciente de ce qui m'entourait et je l’ai instantanément senti lorsque la poignée de la porte a tourné, et qu'une personne est entrée dans la salle de bains.

Mais même lorsque la personne est entrée, je n'ai pas bougé. Peut-être qu'ils vont m’ignorer, ai-je pensé alors que mon cœur battait frénétiquement dans ma poitrine.

« Oh mon Dieu, Skyler ? » ai-je entendu quelqu'un chuchoter, alors qu’un claquement de talons m’indiquait que la personne marchait vers moi.

J'ai ouvert les yeux et j'ai vu des yeux noisette plein d'inquiétude et de peur. J'ai mentalement soupiré de soulagement et j'ai souri faiblement à cette personne, parce que j'étais tellement vidée.

« Scarlette à la rescousse », ai-je plaisanté paresseusement en serrant le poing gauche avant de le brandir en l'air.

« Qu'est-ce qu’il t'est arrivé, ma chérie ? » m’a-t-elle demandé, affolée.

J'ai inspiré profondément et j'ai essayé de me mettre debout avec l'aide de Scarlette. Cette sieste de cinq minutes m’avait fait beaucoup de bien, et je sentais mon énergie me revenir peu à peu.

« Désolée... j'ai fait une sieste de cinq minutes », expliquai-je effrontément.

J'ai vu ses épaules s'affaisser et elle a poussé un soupir en levant les yeux au ciel. Toute trace d'inquiétude avait disparu de ses yeux et avait été remplacée par de la déception.

« Cinq minutes... Je doute que tu aies dormi aussi peu de temps, puisque cela fait presque deux heures et demie que je te cherche. Tu as de la chance que ce soit moi qui t'ai trouvée, maintenant viens, il faut qu'on parte », m’a-t-elle grondée.

J'étais très choquée. Il semblait que ma sieste de cinq minutes avait été bien plus longue que je ne le pensais. Et si ce que Scarlette avait dit était vrai, il devait être presque six heures du soir, ce qui signifiait que l'Alpha allait arriver d'une minute à l'autre.

Je me suis précipitée pour ramasser les outils de nettoyage que j’avais fait tomber plus tôt, les mains tremblantes et le cœur battant à présent la chamade.

« Non, laisse-les. Tout le monde est réuni dans l'entrée et nous sommes déjà en retard », a-t-elle dit en attrapant mes mains et en me tirant hors de la salle de bains.

Nous étions dans l'aile ouest du domaine et il nous faudrait environ six minutes pour atteindre l'entrée. J'espérais seulement que nous arriverions à temps.

Nous avons marché au pas de course dans les couloirs, le bruit de nos talons résonnant au fur et à mesure que nous avancions. Mon angoisse a augmenté lorsque j’ai constaté qu'il n'y avait personne d'autre que nous en vue.

Mon Dieu, nous allions avoir beaucoup d'ennuis et c'était de ma faute. Au détour d'un couloir, j'ai vu une autre servante qui semblait chercher quelqu'un mais qui a soupiré de soulagement en nous voyant. Je l'ai reconnue lorsque nous nous sommes rapprochées d'elle.

« Dieu merci, je vous ai trouvées toutes les deux, il faut qu'on se dépêche, il va arriver d'une minute à l'autre », a dit Primrose, essoufflée.

Nous ne nous sommes même pas arrêtées, nous avons toutes continué à avancer d'un bon pas, mais tout à coup, j'ai senti un tiraillement vraiment douloureux dans mon cœur qui m'a fait tomber à terre. C'était presque comme si on m'avait donné un coup de taser, je ne pouvais même pas bouger mes mains pour amortir ma chute.

J’avais les idées embrouillées et j'ai instantanément eu mal à la tête. C'était comme si une force m'avait frappée si fort que j'avais été totalement prise au dépourvu. Qu'est-ce que c'était que ça ?

Il m'a fallu une bonne minute pour reprendre conscience et retrouver le contrôle de mes membres. Un gémissement m’a échappé lorsque j'ai entendu la voix tremblante de Scarlette appeler mon nom.

« Skyler ! Skyler ! », a-t-elle appelé en me secouant.

J’ai poussé un autre gémissement faible et j'ai senti une impression de lourdeur dans ma tête et mes tempes.

J'ai levé les yeux et j'ai vu que Primrose et Scarlette me regardaient avec inquiétude. J'ai aussi vu que Scarlette avait les yeux brillants, comme si elle était sur le point de se mettre à pleurer.

Les deux femmes m'ont aidée à m'asseoir en me tenant le dos pour me soutenir. Je me sentais si faible, plus faible que je ne l'étais quelques minutes auparavant. Il leur fallut quelques secondes avant de reprendre la parole.

« Scarlette, il faut qu'on parte avant de se faire prendre », a dit Primrose d’une voix blanche tout en regardant autour d'elle, inquiète.

« On ne peut pas la laisser ici, Primrose, il est évident qu'elle ne peut pas aller à la cérémonie dans son état », a répondu Scarlette en me berçant dans ses bras comme le ferait une mère.

« Alors qu'est-ce qu'on va faire ? » a demandé Primrose tout en s'agitant.

Je pouvais comprendre l'état dans lequel elle se trouvait. Nous aurions dû être là-bas depuis dix minutes et j’étais sûre que si un loup-garou, ou pire, le directeur de l'école nous voyait, nous aurions de gros problèmes.

« Je vais rester... »

Scarlette a commencé à parler mais je lui ai rapidement coupé la parole.

« Je vais me faire porter pâle pour la journée », ai-je croassé. Je ne voulais pas que mes deux amies soient punies à cause de moi. Il était évident que je leur faisais perdre du temps. Et je ne pensais pas que le directeur le remarquerait si je n'étais pas présente à la cérémonie.

« Oui, c'est une bonne idée », approuva rapidement Primrose tout en tirant le bras de Scarlette pour qu'elles puissent se mettre en route.

Alors qu’elle entraînait Scarlette au loin, celle-ci s’est retournée et m'a dit d'aller dans mes quartiers dès que possible, et je n'étais pas en état de discuter.

Toujours à quatre pattes, j'ai faiblement essayé de me lever et, heureusement, je n'ai pas trébuché et ne suis pas retombée. Alors que je faisais un pas en avant, j'ai senti un filet chaud de liquide me couler sur le front.

J'ai prudemment porté ma main à ma tête pour toucher ce qu’il en coulait et, à ma plus grande surprise, c'était du sang. Une gouttelette a roulé le long de mon visage et est tombée sur le sol en marbre.

J’ai été prise d’horreur lorsque j'ai regardé vers le bas et que j'ai vu qu'il y avait encore plus de sang sur le sol. D'un geste rapide, je me suis baissée et j'ai nettoyé les souillures du marbre et celles de mon visage avec un morceau d'essuie-tout.

Puis je me suis dirigée vers mes quartiers. Au moment où mon corps est entré en contact avec le lit, j'ai sombré dans l’inconscience.

Chapitre suivant
Noté 4.4 de 5 sur l'App Store
82.5K Ratings
Galatea logo

Lecture illimitée, expériences immersives.

Facebook de GalateaInstagram de GalateaTikTok de Galatea